terça-feira, 7 de abril de 2009

1864, 4 de Abril - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1864
4 de Abril
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T..LVIII
Nº. 14
Pag. 634, 635, 636, 637
*
CHIMIE APPLIQUÉE. – Recherches théoriques et pratiques sur formation des épreuves photographiques positives. Note de MM. Davane et Girard, présentée par M. Regnault.

« Les images photographiques, celles surtout que l'on désigne sous le nom d'épreuves positives, sont le résultat de transformatious remarquables que souvent, faute de les avoir étudiées, on est tenté de considérer comme des anomalies. A chaque opération nouvelle, pour ainsi dire, on voit varier, dans des limites excessives, la coloration, la netteté, l’intënsité, la solidité des produits obtenus, sans que la cause de ces variations soit apparente. Inexpliquées jusqu’ici, ces transformations doivent cependant rentrer dans la classe des réactions chimiques ordinaires. C’est ce que nous nous sommes attachés à démontrer dans la longue série de recherches que nous poursuivons depuis dix ans, et dont nous avons l'honneur de présenter -- aujourd'hui à l'Académie la première partie.
« Pour produire une épreuve positive, le photographe prend une feuille de papier recouverte d'un encollage d’albumine, de gélatine ou d’amidon, l’imprègne d’un chlorure soluble, et la soumet ensuite à l'actian sensibilisatriçe d'une soluion d’argent. L'image est prête alors pour l'insolation; placée sous un cliché, elle en reproduit en sens inverse les détails les plus délicats. A ce moment, elle est trés-brillante, mais son éclat serait fugitif si l'opérateur ne la fixait au moyen de réactifs capables de dissoudre les sels d'argent non impressionnés, et sa coloration se bornerait aux tons rouges qu'elle prend au contact des fixateurs, si elle ne se trouvait, en dernier lieu, soumise à l'action des liquides colorants auxquels on a donné nom d'agents de virage.
» Ces opérations ucessives appellent toute l'attention du chimiste: nous les avons suivies pas à pas, et chacune d'elles nous a révélé des faits nouveaux dont nous allons exposer le résumé succinct.
« Du papier. - C'est une chose bien connue des photographes, que des épreuves préparées dans les mêmes conditions, mais sur des papiers d'origine différente, se revètent de tons extrêmêment différents. Nous avons trouvé la cause de ces variations dans l'influence exercée par l'encollage que portent les feuilles photographiques. Une épreuve sur papier non encollé est tonjours, au sortir du bain fixateur, grise et plate, tandis que sur papier gélatiné, albuminé ou amidonné, elle prend toujours des tons rouges et brillants dont la vigueur augmente avec l'abondance de l'encollage. Une combinaison s'est formée dans ce cas entre l'encollage et les composés argentiques, et cette combinaison, véritable laque colorante, manifeste son influence jusqu'à la terminaison de l'épreuve. Le fait est facile à démontrer d'une manière directe: un mélange de chlorure et de nitrate d'argent exposé longtemps à la lumière, puis traité par l'hyposulfite de soude, laisse pour résidu une poudre grise métallique, tandis que le même mélange, additionné de gélatine, d'albumine ou d'amidon, fournit, dans les mêmes circonstances, une matière qui peu à peu se dessèche sous la forme d'un vernis rouge brillant, et dans laquelle l'analyse indique la présence du carbone, de l'hydrogène et de l'azote. Cette laque argentico-organique joue, dans l'obtention de l'image photographique, un rôle considérable, et nous aurons de nouveau occasion d'en apprécier l'importance, lorsque nous rechercherons les causes auxquelles il faut attribuer l'altération des épreuves.
» Du salage. - La première opération à laquelle la feuille de papier soit soumise est son imbibition par un chlorure soluble; on emploie en général, dans ce but, le chlorure de sodium, mais certains auteurs ont conseillé, en leur attribuant des qualités spéciales, divers autres chlorures métalliques. Nous avons démontré que les différences que présentent ces chlorures dans leur mode d'agir sont plus apparentes que réelles; elles tiennent uniquement à l'excés variable d'acide dont ces sels se trouvent imprégnés. Avec un chlorure quelconque on peut obtenir des colorations très-variées: mélangé d'un excès d'acide ou d'alcali, ce chlorure donnera toujours un ton plus rouge que s'il était employé à l'état neutre; ce résultat trouve son explication naturelle dans l'action normale des acides et des alcalis sur les matières organiques employées pour l'encollage.
» De la sensibilisation. - Chlorurée et séchée, la feuille est ensuite posée sur un bain d'azotate d'argent; trois faits s'accomplissent alors, et la surface sensible, au sortir de ce bain, est formée de chlorure d'argent, d'une combinaison de gélatine, d'albumine ou d'amidon avec l'azotate d'argent, et enfin d'azotate d'argent libre en excès. La présence de ces trois substances est indispensable à l'obtention d'une belle épreuve; le chlorure d'argent seul ne donne qu'un dessin terne et superficiel, mais dont la production est rapide; l'azotate en excès donne à ce dessin la profondeur nécessaire, et la laque argentico-organique lui impose sa coloration rouge caractéristique. Le bain sensibilisateur peut varier dans sa richesse, et, dans notre Mémoire, nous avons étudié soigneusement l'influence de ces variations; il peut être neutre, acide ou alcalin; dans ces deux derniers cas, l'effet est le même que si l'acide ou l'alcali avaient été ajoutés au bain de chlorure.
« De l’insolation. - Déterminer ce que devient sous l'influence lumineuse la surface sensible dont nous venons de préciser la composition est, à coup sûr, sous le rapport théorique, le point le plus important des recherches qui nous occupent. Tout le monde admet que soumis à l'action des rayons solaires, le chlorure d'argent éprouve une décomposition et laisse dégager une partie du chlore qu’il renferme; mais la question est, en réalité, beaucoup plus complexe qu'elle ne semble au premier abord, et il faut rechercher, non-seulement ce que devient le chlorure, mais aussi ce que deviennent la combinaison argentico-organique et l’azotate libre.
« Occupons-nous d'abord du chlorure. On a cru pendant longtemps que la lumière réduisait ce corps a l'état de sous-chlorure Ag2Cl; nous avons démontré qu'il n'en est pas ainsi, et nous admettons que les portions de chlorure décomposées se séparent complétement en chlore et en argent métallique. Nous avons établi ce point capital en montrant d'abord que le produit de l'action lumineuse sur le chlorure d'argent est soluble dans l'acide azotique chaud, tandis que le caractère essentiel du sous-chlorure Ag2 Cl est d'être insoluble dans ce réactif, et ensuite que ce produit, débarrassé par l'hyposulfite de soude du chlorure d'argent non réduit, ne renferme pas traces de chlore.
« On a, il est vrai, objecté à cette dernière preuve que l’hyposulfite de soude employé comme fixateur avait pu décomposer le sous-chlorure Ag2 Cl en chlorure AgCl qui s'y serait dissous, et en argent métallique. Mais la seule expérience sérieuse invoquée à l'appui de cette hypothése est le changement qui se produit dans la coloration de l'épreuve insolée, lorsqu'elle est mise au contact du fixateur. Or, nous établirons bientôt que ce changement de coloration est dû à une tout autre cause, à une hydratation de la laque argentico-organique, et que ce résultat peut être obtenu par la simple exposition de l’épreuve aux vapeurs de l'eau bouillante. Le chlorure d'argent se transforme donc sous l'action lumineuse en chlore et en argent métallique.
« C'est le dégagement du chlore produit par cette décomposition qui donne à l'azotate d'argent libre le rôle important qu'il joue dans la photographie positive. Ainsi que nous l'avons déjà dit, une épreuve au chlorure d'argent seul est toujours plate et sans effet ; en présence d’un excès d'azotate, elle acquiert au contraire un grand éclat. Ce résultat est facile à expliquer: en effet, l'action lumineuse, lorsqu'elle s'exerce sur une surface uniforme de chlorure d'argent, se trouve bientôt limitée par la couche opaque qu'a produite la réduction suprficielle du composé argentique; mais si ce composé est mélangé d'azotate d'argent libre, à côté des portions qui se réduisent, et sous l'influence du chlore qu'elles dégagent, se forment de nouvelles quantités de chlorure que la lumière peut atteindre ensuite, parce que auparavant, à l'état d'azotate, ces quantités occupaient une place personnelle et que l'argent réduit ne les recouvre pas encore. De telle sorte qu'au lieu d'une image plate, il se forme ainsi des plans successifs qui donnent au dessin la profondeur qu'il doit posséder.
« En même temps que le chlorure d'argent se réduit à l'état métallique, la combinaison argentico-organique se réduit également, et forme une sorte de laque insoluble qui, s'hydratant ensuite au contact des fixateurs alcalins, communique a l'épreuve une coloration rouge très-prononcée.
« C'est l'application de ces fixateurs qui ouvre la deuxième phase des manipulations qu'exige la photographie positive. »

Sem comentários:

Enviar um comentário