sexta-feira, 5 de junho de 2009

1855, 19 de Novembro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet-Décembre
T. XLI
Nº. 21
Pag. 903, 904, 905, 906
*
M. Séguier (1) ([i]) présente la Note suivante de M. Martens sur la manière d'opérer en photographie pour obtenir de belles épreuves par la méthode qu'a indiquée le premier M. Niepce de Saint-Victor.

« L'emploi de l'albumine avec l'iodure de potassium sur verre permet d'obtenir des images d'une grande perfection, et le défaut de succès qu'ont rencontré quelques-unes des personnes qui y ont eu recours tient à l'oubli de certaines précautions que je crois utile de faire connaître.
« L'emploi de l'albumine doit être varié selon les circonstances, les lieux et la température. Ainsi, en mettant de l'iodure de potassium seulement, on aura certainement, si le temps est très-sec et chaud, des cristallisations invisibles d'abord, mais très-apparentes dès que la couche sera coagulée; ce que je pus constater avec M. Regnault et avec M. Fontaine, en versant sur les points cristallisés une goutte d'une solution qui a la propriété de dissoudre à l'instant l'iodure de potassium. Ce sont ces points qui font souvent le désespoir des photographes. Mais, si à la place de l'iodure de potassium on emploie l'iodure d'ammonium, toute cristallisation sera évitée. On met au fond d'un petit flacon une parcelle d'iode et puis on le remplit d'iodure d'ammonium; en peu de temps l'iode se dégage et colore en rouge l'iodure d'ammonium.
« Préparation des glaces. - Il est nécessaire de varier la préparation des glaces selon les sujets. Ainsi pour l'architecture on mettra moins d'iodure, pour en obtenir une couche plus mince et pour avoir plus de finesse dans les détails; et si c'est pour la reproduction d'arbres, etc., on en met plus et l'on aura une couche plus épaisse, plus sensible et qui donnera des clichés très-doux, On fait dissoudre à chaud du sucre de raisin et de la dextrine dans de l'eau distillée en tournant avec un bâtonnet en verre, puis on y ajoute l'iodure d'ammonium et l'on verse le tout dans les blancs d'oeufs, préalablement préparés dans un saladier. On bat le tout avec un petit balai de plumes d'oies ébarbées et attachées ensemble. La mousse ayant acquis une consistance à se tenir sans couler, on la laisse reposer toute la nuit pour s'en servir le lendemain.
« Le sucre de raisin se mélange beaucoup mieux avec l'albumine que le miel et rend un excellent service en empêchant la couche de se fendiller par un temps chaud et sec. Il faut bien se garder de chauffer les glaces, ainsi qu'il a été indiqué; il faut les laisser sécher naturellernent, en mettant toutefois, si l'on est pressé, une lampe à esprit-de-vin dans les cabinets où sont placée les glaces albuminées, et ayant d'ailleurs le soin de ne pas la laisser brûler trop longtemps. Si le temps est pluvieux et humide, il est inutile de mettre du sucre de raisin. La dextrine donne une grande ténacité à la couche, et l'eau distillée rend le tout plus facile à s'étendre plus uniformément sur la glace.
» Il y a deux manières pour albuminer les glaces: l'une en se servant d'une pipette, en commençant par le haut et en descendant graduellement jusqu'au bas, ainsi que l'a indiqué M. Fortier;ou bien l'autre, en se servant d'un tampon de gutta-percha pour tenir la glace et en versant le liquide dessus, faisant écouler par les quatre coins. On balance la glace jusqu'à ce que la couche soit bien égalisée, puis on la pose sur un plan horizontal de niveau pour ta laisser ainsi sécher. Ceci exige de l'adresse et un peu de pratique.
« Les glaces albuminées peuvent se garder longtemps; si l'on veut conserver en voyage des glaces sensibilisées, on aura soin de les bien laver en sortant du bain de nitrate. Après l'exposition, on pourra également attendre plusieurs jours pour faire paraitre l'image, en les conservant toutefois parfaitement à l'abri du jour.
» L'an dernier, étant à Lausanne, j'eus l'idée d'appliquer sur une glace collodionnée et sensibilisée une couche d'albumine iodurée, je laissai sécher, le lendemain je sensibilisai cette plaque, puis j'obtins en trois minutes une excellente épreuve négative de la Cathédrale. Mais en voulant, après l'avoir fixée, en tirer une positive, la couche se détacha en partie. Cependant le résultat fut de nature à me faire voir que la réunion des deux procédés anglais et français pourrait, avec quelques modifications, donner de bons résultats. La couche obtenue par la combinaison du collodion albuminé est beaucoup plus sensible que l'albumine seule, si l'on s'en sert dans les premiers jours; car le collodion qui se trouve recouvert par l'albumine sèche très-lentement et en même temps empêche l'albumine de sécher. En voyage, cependant, cette méthode devient coûteuse et embarrassante : non seulement il faut emporter une provision de collodion et d'albumine, mais il faut aussi deux bains de nitrate et une grande provision d'eau distillée pour les différents lavages. Les glaces simplement albuminées peuvent être lavées à l'eau non distillée, préparées et sensibilisées longtemps d'avance. La couche devient tellement solide, qu'il est difficile de l'enlever; celle du collodion albuminé, au contraire, adhère difficilement au verre et se détache par parties ou forme des cloches ou poches, surtout si l'on met beaucoup de temps pour faire sortir l'image. La dextrine, qui se disout difficilement dans l'eau froide, donne beaucoup de ténacité à la couche; l'ail produit aussi un bon effet si l'on frotte les glaces. Mais, en tout cas, il faut porter grand soin au nettoyage des glaces, car c'est en grande partie de ce soin que dépend la réussite. La même albumine, préparée pour albuminer les glaces, peut également servir pour couvrir les glaces collodionnées, seulement il faudra ajouter un peu plus de sucre de raisin; autrement, en séchant, l'albumine ferait détacher la couche en commençant par les bords.
» Préparation des glaces pour monuments d'architecture. - Huit blancs d'eufs; 4 grammes sucre de lait; 4 grammes iodure d'ammoniaque rougi par une parcelle d'iode placée au fond du flacon qui contient l'iodure d'ammonium; 1gramme de dextrine; 25 grammes d'eau distillée ; 1gramme et demi sucre de raisin.
» Préparation des glaces pour paysages, arbres et objets de couleur verte. - Huit blancs d'oeufs ; 4 grammes sucre de lait ; 8 grammes iodure d'ammonium, rougi comme il est dit ci-dessus; 1gramme de dextrine; 25 grammes d'eau distillée ; 1 gramme et demi sucre. de raisin. Laisser sécher les glaces dans la position horizontale et lentement, à l'abri de toute poussière.
» La durée de l'opération à la chambre noire varie, suivant le temps et la nature des objets, de cinq à vingt minutes.
» Pour faire paraître l'image négative, verser sur les glaces tenues horizontalement ou immergées dans une cuvette une forte dissolution d'acide gallique avec addition de quelques gouttes d'une solution de nitrate d'argent à 4 grammes pour 100 grammes d'eau. Placer sous la glace, ou même la cuvette, une plaque de cuivre fortement chauffée.
« Les glaces albuminées sont sensibilisées dans un bain d'eau distillée avec addition de 12 grammes de nitrate d'argent pour 100 grammes d'eau et de 12 grammes d'acide acétique. Au sortir de ce bain, les glaces doivent être soigneusement lavées l'eau distillée; ce lavage doit être d'autant plus complet qu'on voudra conserver plus longtemps les glaces avant de prendre des épreuves. Cette conservation peut être de plus d'une dizaine de jours. »

([i]) (1) « Pour se montrer reconnaissant de la double faveur dont il vient d'être honoré par l'Empereur qui l'a nommé tout à la fois Chevalier de la Légion d'honneur et photographe de son cabinet, M. Martens m'a chargé de déposer sur le bureau de I'Academie la description des procédés à l'aide desquels il a obtenu les épreuves sur albumine qui ont fixé l'attention à l'Exposition, afin que ses procédés puissent être rendus publics par la voie du Compte rendu. » ( Note de M. Séguier.)

Sem comentários:

Enviar um comentário