segunda-feira, 6 de setembro de 2010

1833 - L’ARTISTE

1833

L’ARTISTE

Vol. V

1ª. Serie

17e Livraison

Pag. 207, 208

LE DIORAMA ET M. DAGUERRE

 

Est-il vrai que le Diorama, cet établissement sans rival est près de nous échapper? Est-il vrai que M. Daguerre est forcé de porter dans un pays plus généreux son talent et ses conceptions d'artiste? Elle est donc bien profonde cette indifférence qui nous ronge, puisque nous souffrons, sans rougir, qu'un peuple voisin se pare et se glorifie de nos dépouilles ?

M. Daguerre, par une activité qui tient du prodige, a pourtant fait se succéder au Diorama les vues les plus magiques; il a fait passer sous vos yeux les pays les plus eloignés; il vous aurait fait, je crois, parcourir le globe entier. Dans ce moment encore, il vous offre en même temps la Forêt-Noire et le tombeau de Napoléon, la vallée de Chamouny et Venise, tout cela pris sur les lieux, vrai d'une incroyable vérité. Ces trois premiers tableaux, il faut le dire hautement, sont des chefs- d'œuvre; le dernier exposé surtout, la Forêt-Noire , est capable de ravir l'imagination la plus froide. Hélas ! M. Daguerre recueille, pour fruit de ses travaux, 20,000 francs de perte par an! C'est un suicide.

Comment notre gouvernement, qui cherche avec tant de soin à faire revivre les idées de Napoléon, ne songet-il pas à soutenir ce bel établissement? Que Napoléon entendait bien autrement la gloire et l'intérêt du pays! Napoléon avait payé, en différentes fois, pour 800,000 francs de dettes à Talma; un de ses frères lui faisant remarquer l'énormité de cette somme, Napoléon répondit: « Ah !que la France devrait encore à Talma, si elle comptait avec lui! « Qui peut calculer en effet tout l'argent que le génie du tragédien a fait importer en France par ses admirateurs? Eh bien! le Diorama concourt, lui aussi, à attirer les étrangers à Paris, et le gouvernement ne vient pas à son secours! et le gouvernement ne fait rien pour M. Daguerre ! et pourtant il ne faudrait pas 800,000 francs. Je ne sais ce qui doît étonner le plus, ou le dévouement de l'homme qui veut illustrer son pays par une création que nous envient tous nos voisins, ou le gouvernement qui ne sait pas protéger de tels efforts.

Le public a bien ici sa part de culpabilité; mais, préoccupé des graves questions qui s'agitent dans le monde social, le public a-t-il le loisir de penser au Diorama ? D'ailleurs , le public n'en entend pas parler; il l'ignore. Entre un protocole de Londres et un échec à Constantinople, quelques lignes ont-elles dit au public qu'il a là, près de lui, des merveilles qu'il dédaigne, dont il ne se doute pas ! C'est une grande calamité..

Puisque M. Daguerre ne doit compter que sur lui seul, je lui proposerais une dernière et peut-être inutile ressource, c'est de baisser les prix du Diorama, de les fixer à vingt sous, quinze sous, que sais-je? en réservant un jour de la semaine, le vendredi par exemple, au monde fashionable, qui paierait, lui, 3 ou 5 francs, si par cas il daignait s’en souvenir.

Si nous perdons le Diorama, c’est un malheur pour l’art et une véritable honte pour la capitale.

C.

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