Mostrar mensagens com a etiqueta Bersch. Mostrar todas as mensagens
Mostrar mensagens com a etiqueta Bersch. Mostrar todas as mensagens

domingo, 26 de abril de 2009

1861, 15 de Fevereiro - LE MONITEUR SCIENTIFIQUE / REVUE DE PHOTOGRAPHIE

1861, 15 de Fevereiro
Le moniteur scientifique
Journal des Sciences pures et appliquées spécialement consacre aux chimistes et aux manufacturiers
par le dr . Quesneville
Paris
chez
M. Quesneville, rédacteur-propriétaire
55, rue de la verrerie
T. III
100º Livraison
Pags. 89, 90, 91, 92
*
REVUE DE PHOTOGRAPHIE

Sommaire. - Machine de M. Charles Fontayne, pour tirer 4,000 positifs à l'heure, avec un seul cliché. - Exposition photographique à Paris. - Exposition à Londres. - Développement de la photographie en Angleterre. - Photographie à la lumière électrique, par M. Nadar. - Discussion sur les appareils de grandissement.

Les principaux organes de la photographie française ont entretenu leurs lecteurs, il y a deux mois environ, d'un nouvel engin, imaginé par M. Charles Fontayne, de New-York, et permettant d'imprimer avec un seul cliché 4,000 épreuves positives en une heure. Frappé comme tous les autres de l'intérêt présenté par cette découverte et gagné par l'enthousiasme général, nous nous apprêtions à reproduire ici les descriptions de nos confrères, lorsque, nous méfiant un peu des exagérations de frère Jonathan, il nous a semblé plus sage d'écrire à quelques amis que nous possédons dans le Nouveau-Monde et d'attendre les renseignements qu'ils voudraient bien nous fournir à ce sujet. Ces renseignements sont maintenant arrivés, et, nous devons le dire, ils concordent pleinement avec ce qui avait été déjà dit en France à ce sujet; seulement, ils nous mettent a même de donner une description exacte de l'appareil. Voici une lettre intéressante qui nous a été envoyée par un jeune et habile opérateur, M. Charles Gordon.
« Mon cher Bemfield,
« Je suis heureusement en très-bonne position pour vous renseigner sur la machine de M. Fontayne, dont il est véritablement incroyable que vous ignoriez encore les avantages en Angleterre et en France. C'est une machine admirable, d'un mécanisme simple, d'une précision égale à celle d'un appareil astronomique et dont les résultats étonnants se résument en ceci: en une heure elle peut tirer avec un seul cliché 4,000 épreuves positives sur papier, chacune de celles-ci mesurant un pouce carré environ. Le papier sur lequel se forment les épreuves n'est pas, vous devez le deviner, préparé au chlorure d'argent; le temps d'impression est si court que cette surface serait loin de présenter une sensibilité suffisante: c'est un papier ordinaire, encollé à la gélatine, et imprégné d'iodure d'argent mélangé de quelques sels que je ne connais pas et qui sont destinés à exalter la sensibilité de la surface. Ce papier est enroulé sur un cylindre semblable à ceux dont on fait usage dans le télégraphe de Morse; de même que dans cet appareil, le papier se déroule lentement, régulièrement au moyen d'un mouvement d'horlogerie; le tout est d'ailleurs enfermé dans une boite noire, munie d'un orifice unique. Dans cet orifice est enchâssé le cliché, et le papier est disposé de telle sorte qu'il se présente, pendant un temps déterminé et très-court, au contact de ce cliché. L'appareil mécanique est d'ailleurs construit pour que le papier reste environ une seconde sous le cliché; il fait en même temps ouvrir et fermer, par un mouvernent d'une égale rapidité, un obturateur placé au-dessus du cliché. Enfin, au-dessus de cet obturateur lui-même, est disposée une lentille puissante qui projette sur le cliché, et par suite sur le papier sensible placé au-dessous, la lumière concentrée du soleil.
« Il vous est facile maintenant de comprendre la marche de cet appareil, dans lequel une opération toute entière est faite en une seconde: le papier se présente sous le cliché, l'obturateur s'ouvre, le papier reste une seconde exposé à l'action solaire, puis l'obturateur se referme; le papier s'avance de nouveau, la partie impressionnée s'éloigne, une nouvelle se présente et ainsi de suite.
« Chaque feuille de papier peut porter de 200 à 250 épreuves positives; pour les faire paraître, on les rentre dans l'atelier obscur, et on procède au développement à la manière ordinaire, c'est-à-dire au moyen de l'acide gallique additionné d'acide acétique et de nitrate d'argent; on fixe ensuite à l'hyposulfite de soude.
« La machine de M. Fontayne a fait ses premières armes, il y a quelques mois, au moment de l'élection du président. M. Lincoln, entre autres, a été ainsi reproduit à 20,000 exemplaires, de telle sorte, que dans chaque centre électoral, les citoyens ont pu, à côté des paroles écrites par le candidat, placer la représentation exacte de sa physionomie, et tirer quelquefois de cette comparaison des inductions utiles.
« Je n'ai rien autre à vous mander d'intéressant, au point de vue de la photographie en Amérique; si j'avais quelques nouvelles à vous donner, elles seraient plutôt mauvaises que bonnes. Notre art, en effet, semble prendre sa part du trouble que subissent en ce moment les affaires en général. A Charleston, à New-Orléans, les pholographes sont absolument sans occupations et il est bien peu d'ateliers qui parviennent à faire leurs frais. A New-York, la situation n'est pas aussi mauvaise, mais elle n'est pas bonne cependant, et je crois qu'après avoir cité trois ou quatre maisons qui sont encore en voie de prospérité, il ne me resterait plus qu'à parler d'un nombre considérable d'infortunés opérateurs qui restent toute la journée dans leurs ateliers, en attendant un sort meilleur. »
- Rentrons maintenant en Europe, et cherchons d'abord, puisque nous écrivons pour les photographes français, si la France ne présente pas quelque nouveauté photographique.
La grande nouvelle du jour est l'exposition qui doit s'ouvrir le 1er mai, au Palais de l’Industrie, sous le patronage de la Société photographique. Nos lecteurs se souviennent sans doute du temps bien peu éloigné encore, où, dans les expositions quinquennales de l'industrie, les œuvres photographiques se trouvaient reléguées dans les endroits les plus obscurs, à côté de la ferblanterie ou des bretelles en caoutchouc. Les choses ont bien changé depuis cette époque; l'art nouveau qui compte tant d'adeptes n'a pas encore, il est vrai, obtenu son introduction définitive au milieu des œuvres d'art proprement dites, mais il n'en est plus bien loin maintenant. Grâce a l'initiative de la Société photographique de Paris, que l'on ne saurait trop louer et remercier pour ce résultat obtenu, la photographie a pu, il y a deux ans, exposer ses œuvres au Palais de l'Industrie, dans un local séparé, mais porte à porte avec l'Exposition de peinture et de sculpture. L'effet qu'elles ont produit sur le public a été des plus heureux, et l'on a pu compter certains jours où l'Exposition de photographie était aussi suivie que celle de peinture. Cette année, la photographie est replacée dans la rnême condition. Le même jour, c'est-à-dire le 1er mai, s'ouvriront à la fois, a coté l'une de l'autre, dans le Palais de l'Industrie, les Expositions de peinture et de photographie. Nous ne pouvons que nous féliciter de ce résultat et adresser au nom de nos collègues, nos remerciments à la Société photographique de Paris pour l'avoir obtenu. Que le jury nommé par elle soit à la fois juste et sévère pour l'admission des œuvres présentées, et nous sommes sûr d'une magnifique Exposition. Afin de faciliter à ceux de nos lecteurs qui voudraient prendre part cette solennité, les moyens de présenter leurs ouvrages, nous résumons ici les principaux points du règlement que vient de publier la Société photographique.
« L'Exposition ouvrira le 1er mai; les envois doivent être faits du 5 au 15 avril au plus tard, a M. Laulerie, au Palais de l'Industrie (Champs-Elysées), porte nº 1. Les épreuves doivent être encadrées ou au moins sous verre. Toutes les épreuves coloriées ou présentant des retouches essentielles seront exclues. Enfin, tous les photographes, artistes et amateurs, français ou étrangers, qu'ils soient ou non membres de la Société photographique, sont indistinctement appelés à prendre part à cette Exposition. »
- A Londres, où la Société photographique fait, chaque année, une remarquable Exposition, les Salons de la galerie des aquarellistes (Pall mall), où elle a lieu, sont ouverts depuis le 12 janvier. D'après nos renseignements, cette Exposition est très-remarquable an point de vue de la valeur et du mérite des ouvrages exposés. La presque totalité de ceux-ci a été obtenue sur collodion humide; on y compte à peine une trentaine d'épreuves obtenues sur collodion sec; quant au procédé sur papier ciré sec, au procédé sur albumine, etc., ils ne sont pas représentés par un seul échantillon. On peut aussi reprocher à cette Exposition de ne renfermer aucunes des nouveautés dont s'occupe actuellement la photographie. En effet, sauf quelques spécimens du procédé de M. Pretsch, pour la gravure héliographique en relief, sauf quelques photographies émaillées de M. Lafon de Camarsac, on n'y compte aucun spécimen des procédés nouveaux.
- Cependant, les opérateurs ne manquent pas en Angleterre; si nous en croyons un intéressant article publié par The London Rewiew, leur nombre, dans le Royaume-Uni, ne serait pas moindre de 10,000. Ce développement remarquable de la photographie a exercé sur diverses branches d'industrie une influence considérable; ainsi, d'après le même article, la fabrication des produits employés pour le collodion (éther, iodure de potassium, bromure, etc.), paraît avoir quadruplé par ce fait. Le verre plan dont on fait usage pour l'extension du collodion est devenu pour quelques verreries un produit excessivement important; enfin, la quantité d'argent métallique dévoré par les opérations photographiques n'est pas estimée à moins de vingt tonnes par année. Nous ne pouvons croire, nous l'avouons, a l'énormité de ce dernier chiffre; et notre confrère a dû, dans son estimation, commettre quelque erreur, mais se serait-il trompé de moitié que la photographie n'en devrait pas moins être considérée comme exerçant une grande influence sur la consommation de l'argent.
- Les promeneurs qui, dans ces derniers temps, ont eu occasion de passer le soir devant l'atelier de M. Nadar, n'ont pu s'empêcher d'être frappés de l'éclairage électrique qui souvent en illuminait les dispositions intérieures. Cet éclairage brillant était dû à d'intéressantes expériences entreprises par M. Nadar, et que poursuivait également d'un autre côté M. Binghaim; le but de ces expériences est de produire des clichés au moyen de la lumière électrique, et de remplacer par l'arc voltaïque les rayons solaires que le brouillard pris depuis une année l'habitude de nous cacher trop-souvent. Le résultat atteint par M. Nadar a été fort bon, quoique cependant on puisse reprocher à ses épreuves un peu trop d'exagération dans les oppositions de ton, effet dû à la proximité du foyer lumineux. Il sera du reste faile, nous le pensons du moins, de parer à cet inconvénient au moyen d'écrans très-faibles, ou par tout autre procédé. Voici comment opère M. Nadar: L'objet à reproduire, lc sujet si l'on veut, pose en face de la chambre noire, à la manière ordinaire, et en portant ses regards au niveau de celle-ci. Derrière la chambre, à deu x mètres de hauteur environ, sont disposés les deux charbons d'une pile de 50 éléments Bunsen ; derrière ces charbons, mus par un régulateur de Serrin, est placé un réflecteur métallique dont l'éclat est adouci an moyen d'une couche de craie. Ce réflecteur projette la lumière sur le sujet, et l'élaire fortement sans qu'il en soit incommodé en aucune façon, puisqu'il fixe ses regards en dehors du centre lumineux, et qu'il lui est soigneusement recommandé de ne les porter jamais sur la source de lumière elle-même. Le temps de pose sous l'influence de cet éclairage est, avec un collodion ordinaire, de 60 à 80 secondes; il est un peu considérable, il est vrai, mais dans les circonstances nouvelles où la photographie se trouve placée depuis une ou deux années, par suite de l'inclémence de la température, cette méthode constitue encore une ressource précieuse.
- Une discussion savante, trop savante même, s'est élevée depuis deux mois au sein de la Société photographique de Paris, au sujet des appareils de grandissement. Nous n'avons pas l'intention de la reproduire; elle serait trop abstraite, et nous-mêmes, nous l'avouons, serions un peu embarrassé pour traiter légèrement un des sujets les plus ardus de l'optique. Les résultats seuls de cette discussion peuvent intéresser nos lecteurs; aussi nous contenterons-nous de la résumer. M. Claudet, de Londres, MM. Anthony Thouret, Bersch et Léon Foucault, ont pris à cette discussion une part active ; ils se sont éclairés les uns les autres, et, après avoir vivement discuté, ils se sont trouvés d'accord ou à peu près sur les conclusions suivantes: Les appareils de grandissement comme ceux de M. Woodward, où tout le faisceau lumineux vient se croiser au centre de l'objectif sont d'un très-bon emploi, cependant ils ne sont pas parfaits; ceux à lumière parallèle, comme celui qu'a construit M. Bertsch, sont également d'un usage excellent, mais la question principale, essentielle, des agrandissements, est d'avoir des clichés qui soient admirablement au point. - Terminons par une nouvelle importante; M. Quinet qui voulait s'opposer à la production des épreuves amplifiées, et qui réclamait la priorité de la découverte, a perdu son procès; l'opération du grandissement en lui même est donc, dès aujourd'hui, dans le domaine public.
TH. BEMFIELD.