1882
3 de Abril
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. XCIV
Nº. 14
Pag. 909, 910, 911
3 de Abril
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. XCIV
Nº. 14
Pag. 909, 910, 911
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PHOTOGRAPHIE. - Note sur le principe d'un nouvenu revolver photographique; par M. J . Janssen.
« Les applications que vient de recevoir le revolver photographique entre les mains de notre éminent confrère, M. Marey, sont un motif pour faire connaître le principe d'un nouveau revolver qui permettra de saisir les phases successives d'un phénomène s'accomplissant avec une rapidité considérable, comme, par exemple, le mouvement des ailes dans l'acte du vol chez les insectes.
» On sait que le principe du revolver photographique consiste dans le mouvement rotatif d'une plaque sensible sur laquelle viennent se produire successivement, et par l'effet d'un mécanisme, les images des phases diverses d'un phénomène variable.
» Mais, dans cet insirument, la plaque sensible est arrêtée chaque fois qu'une image va être prise, et elle ne se meut que pour permettre a la région voisine, non impressionnée, de recevoir une image nouvelle. Telle était la disposition du premier revolver qui a été conçu et exécuté à l'occasion du passage de Vénus en 1874.
» En satisfaisant à cette condition de l'arrèt de la plaque photographique pendant la prise de l'image, on peut encore obtenir un certain nombre de photographies par seconde, et c'est le cas qui a été réalisé par M. Marey dans l'étude qu'il vient de présenter sur le vol des oiseaux; mais il est aisé de comprendre que cette condition impose une limite bientôt atteinte dès qu'on veut dépasser une dizaine d'images par seconde. C'est qu'il est extrêmêment difficile d'arrêter subitement, et pour un temps très court, un corps animé d'un mouvement rapide.
« Par exemple, l'étude du vol chez les insectes exige qu'on prenne des images se succédant à des intervalles d'une petitesse extrême, probablement fort au-dessous de de seconde. Or, il serait impraticable d'imprimer à une plaque des mouvements et des arrêts se succédant avec une telle rapidité.
» Les applicalions du revolver qui sont peut-être les plus intéressantes et les plus riches en faits nouveaux seraient demeurées inabordables si cette condition des arrêts successifs était absolument inéluctable.
» Mais, depuis longtemps déjà que je songe à utiliser cet instrument pour l'étude de la mécanique animale (1) ([i]), j'ai pensé qu'il serait possible de prendre des images photographiques sur une plaque en mouvement.
« Si l'on analyse la question, on trouve qu'il existe un rapport, suivant la délicatesse des éléments de l'image, entre le mouvement qu'on peut donner à la plaque et le temps de l'action lumineuse.
» La Communication de notre confrère M. Marey ayant appelé de nouveau mon attention sur ces études, je me suis proposé de donner une démonstration expérimentale du principe dont nous parlons, et j'ai choisi pour sujet les images solaires.
« On sait que la granulation de la surface solaire est un des objets les plus difficiles à voir dans les lunettes, et que sa reproduction par la photographie n'a été obtenue que tout récemment. Or, pour donner du principe en question une démonstration tout à fait probante, je me suis proposé d'obtenir cette granulation sur une plaque animée d'un mouvement de 0m,15 à 0m,20 par seconde.
» Le résultat a pleinement répondu à ma prévision. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux des Membres de l'Académie une plaque sur laquelle on voit reproduites deux portions identiques de la surface solaire.
» L'une de ces portions a été prise sur la plaque pendant qu'elle était au repos, et l'autre pendant que la plaque était animée d'un mouvement d'environ 0m,15 par seconde. La comparaison de ces deux images montre que le mouvement n'a empêché en rien la manifestation de la granulation, c'est-à-dire d'un des phénomènes les plus délicats de la photographie astronomique.
» Je n'insiste pas davantage aujourd'hui, voulant seulement démontrer le principe.
» On comprend que, la constatation de ce fait nous affranchissant de l'obligation des arrêts successifs, rien en quelque sorte ne limite le nombre des images que le revolver pourra fournir dans un temps donné. Il y a seulement à établir un juste rapport entre la délicatesse des détails de l'image, la vitesse de la plaque sensible et le temps de l'action lumineuse.
» Dans la nouvelle disposition, le plateau portant la plaque sensible, l'obturateur portant les fentes sont chacun animés d'un mouvement rotatoire continu, et c'est la grandeur de ces mouvements et leur rapport qui déterminent la rapidité dans la succession des images et les conditions de leur formation.
» D'après quelques supputations très simples, je me suis convaincu, depuis longtemps déjà, qu'il sera facile d'obtenir, d'un phénomène, des images se succédant à des intervalles de 1/100 de seconde, et d'aller beaucoup au delà. »
([i]) (1) Extrait du Bulletin de la Société française de Photographie, avril 1876.
« La propriété du revolver, de pouvoir donner automatiquement une série d'images nombreuses, et aussi rapprochées qu'on veut, d'un phénomène à variations rapides, permettra d'aborder des questions intéressantes de Mécanique physiologique se rapportant à la marche, au vol, aux divers mouvements des animaux. Une série de photographies qui embrasserait un cycle entier des mouvements relatifs à une fonction déterminée fournirait de précieuses données pour en éclairer le mécanisme.
« On comprend, par exemple, tout l'intérêt qu'il y aurait, pour la question encore si obscure du mécanisme du vol, à obtenir une série de photographies reproduisant les divers aspects de l'aile durant cette action. La principale difficulté viendrait actuellement de l'inertie de nos substances sensibles, eu égard aux durées si courtes d'impression que ces images exigent; mais la Science lèvera certainement ces difficultés.
« A un autre point de vue, on peut dire aussi que le revolver résout le problème inverse du phénakisticope. Le phénakisticope de M. Plateau est destiné à produire l'illusion d'un mouvement ou d'une action au moyen de la série des aspects dont ce mouvement ou cette action se compose. Le revolver photographique donne au contraire l'analyse d'un phénomène en reproduisant la série de ses aspects élémentaires.
PHOTOGRAPHIE. - Note sur le principe d'un nouvenu revolver photographique; par M. J . Janssen.
« Les applications que vient de recevoir le revolver photographique entre les mains de notre éminent confrère, M. Marey, sont un motif pour faire connaître le principe d'un nouveau revolver qui permettra de saisir les phases successives d'un phénomène s'accomplissant avec une rapidité considérable, comme, par exemple, le mouvement des ailes dans l'acte du vol chez les insectes.
» On sait que le principe du revolver photographique consiste dans le mouvement rotatif d'une plaque sensible sur laquelle viennent se produire successivement, et par l'effet d'un mécanisme, les images des phases diverses d'un phénomène variable.
» Mais, dans cet insirument, la plaque sensible est arrêtée chaque fois qu'une image va être prise, et elle ne se meut que pour permettre a la région voisine, non impressionnée, de recevoir une image nouvelle. Telle était la disposition du premier revolver qui a été conçu et exécuté à l'occasion du passage de Vénus en 1874.
» En satisfaisant à cette condition de l'arrèt de la plaque photographique pendant la prise de l'image, on peut encore obtenir un certain nombre de photographies par seconde, et c'est le cas qui a été réalisé par M. Marey dans l'étude qu'il vient de présenter sur le vol des oiseaux; mais il est aisé de comprendre que cette condition impose une limite bientôt atteinte dès qu'on veut dépasser une dizaine d'images par seconde. C'est qu'il est extrêmêment difficile d'arrêter subitement, et pour un temps très court, un corps animé d'un mouvement rapide.
« Par exemple, l'étude du vol chez les insectes exige qu'on prenne des images se succédant à des intervalles d'une petitesse extrême, probablement fort au-dessous de de seconde. Or, il serait impraticable d'imprimer à une plaque des mouvements et des arrêts se succédant avec une telle rapidité.
» Les applicalions du revolver qui sont peut-être les plus intéressantes et les plus riches en faits nouveaux seraient demeurées inabordables si cette condition des arrêts successifs était absolument inéluctable.
» Mais, depuis longtemps déjà que je songe à utiliser cet instrument pour l'étude de la mécanique animale (1) ([i]), j'ai pensé qu'il serait possible de prendre des images photographiques sur une plaque en mouvement.
« Si l'on analyse la question, on trouve qu'il existe un rapport, suivant la délicatesse des éléments de l'image, entre le mouvement qu'on peut donner à la plaque et le temps de l'action lumineuse.
» La Communication de notre confrère M. Marey ayant appelé de nouveau mon attention sur ces études, je me suis proposé de donner une démonstration expérimentale du principe dont nous parlons, et j'ai choisi pour sujet les images solaires.
« On sait que la granulation de la surface solaire est un des objets les plus difficiles à voir dans les lunettes, et que sa reproduction par la photographie n'a été obtenue que tout récemment. Or, pour donner du principe en question une démonstration tout à fait probante, je me suis proposé d'obtenir cette granulation sur une plaque animée d'un mouvement de 0m,15 à 0m,20 par seconde.
» Le résultat a pleinement répondu à ma prévision. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux des Membres de l'Académie une plaque sur laquelle on voit reproduites deux portions identiques de la surface solaire.
» L'une de ces portions a été prise sur la plaque pendant qu'elle était au repos, et l'autre pendant que la plaque était animée d'un mouvement d'environ 0m,15 par seconde. La comparaison de ces deux images montre que le mouvement n'a empêché en rien la manifestation de la granulation, c'est-à-dire d'un des phénomènes les plus délicats de la photographie astronomique.
» Je n'insiste pas davantage aujourd'hui, voulant seulement démontrer le principe.
» On comprend que, la constatation de ce fait nous affranchissant de l'obligation des arrêts successifs, rien en quelque sorte ne limite le nombre des images que le revolver pourra fournir dans un temps donné. Il y a seulement à établir un juste rapport entre la délicatesse des détails de l'image, la vitesse de la plaque sensible et le temps de l'action lumineuse.
» Dans la nouvelle disposition, le plateau portant la plaque sensible, l'obturateur portant les fentes sont chacun animés d'un mouvement rotatoire continu, et c'est la grandeur de ces mouvements et leur rapport qui déterminent la rapidité dans la succession des images et les conditions de leur formation.
» D'après quelques supputations très simples, je me suis convaincu, depuis longtemps déjà, qu'il sera facile d'obtenir, d'un phénomène, des images se succédant à des intervalles de 1/100 de seconde, et d'aller beaucoup au delà. »
([i]) (1) Extrait du Bulletin de la Société française de Photographie, avril 1876.
« La propriété du revolver, de pouvoir donner automatiquement une série d'images nombreuses, et aussi rapprochées qu'on veut, d'un phénomène à variations rapides, permettra d'aborder des questions intéressantes de Mécanique physiologique se rapportant à la marche, au vol, aux divers mouvements des animaux. Une série de photographies qui embrasserait un cycle entier des mouvements relatifs à une fonction déterminée fournirait de précieuses données pour en éclairer le mécanisme.
« On comprend, par exemple, tout l'intérêt qu'il y aurait, pour la question encore si obscure du mécanisme du vol, à obtenir une série de photographies reproduisant les divers aspects de l'aile durant cette action. La principale difficulté viendrait actuellement de l'inertie de nos substances sensibles, eu égard aux durées si courtes d'impression que ces images exigent; mais la Science lèvera certainement ces difficultés.
« A un autre point de vue, on peut dire aussi que le revolver résout le problème inverse du phénakisticope. Le phénakisticope de M. Plateau est destiné à produire l'illusion d'un mouvement ou d'une action au moyen de la série des aspects dont ce mouvement ou cette action se compose. Le revolver photographique donne au contraire l'analyse d'un phénomène en reproduisant la série de ses aspects élémentaires.
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