Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. CII
Nº. 3
Pag. 148, 149, 150, 151, 152
T. CII
Nº. 3
Pag. 148, 149, 150, 151, 152
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Astronomie. – Photographies astronomiques de MM. Paul Henry et Prosper Henry, présentées par M. Mouchez.
« J'ai eu l'honneur, il y a dix-huit mois, de présenter à l'Académie les premiers essais de photographie stellaire faits par MM. Henry, à l'observatoirede Paris, avec un appareil provisoire, dans le but spécial de faciliter la construction de la Carte écliptique. La réussite de ces premiers essais m'avait décidé à accepter leur proposition de faire construire de suite par M. Gautier un grand appareil définitif dont ils se chargeaient de faire eux-mêmes l'objectif photographique de 0m, 34. L'instrninent a été mis en place en avril et, dès le mois de juin, j'ai pu présenter à 1'Académie les premières très belles épreuves obtenues dans la voie lactée.
« Depuis lors, MM. Henry ont continué leurs travaux avec, un succès qui a dépassé toutes nos espérances. Les résultats obtenus sont jugés par des astronomes les plus compétents de l'étranger comme étant la perfection même et présentant la plus grande importance pour l'avenir de 1'Astronomie.
« A l'observatoire de Paris, nous obtenons maintenant couramment en une heure de pose des clichés de 6º à 7º carrés sur lesquels sont reproduits avec un éclat et une pureté de contours extrêmes tons les astres au nombre de plusieurs milliers jusqu'à la 16e grandeur, c'est-à-dire bien au delà de la visibilité que donnent nos meilleures lunettes sous le ciel de Paris.
» Nous avons même obtenu bien des étoiles de 17e grandeur qui n'ont sans doute jamais été vues encore.
« Les images des étoiles ayant un diamètre proportionné à leur grandeur, on en tirera certainement une donnée fort intéressante pour les mesures photométriques.
« Outre les étoiles, on découvre aussi quelquefois sur les clichés d'autres objets invisibles dans nos plus grands instruments. Telle est la nébuleuse près de l'étoile Maïa, dans les Pléiades, qui est venue se dessiner comme une petite queue de comète très brillante touchant à l'étoile, et qui n'avait jamais été encore signalée, bien que l'amas des Pléiades soit une des constellations les plus étudiées de notre ciel.
« La mesure des étoiles doubles et multiples va se trouver grandement simplifiée à l'avenir, par la possibilité d'opérer ces mesures avec autant de facilité que de précision sur des photographies.
» Sur l'épreuve de Saturne soumise à l'Académie, la séparation de l'anneau, qui est de 0",4, étant très visible, on peut espérer obtenir des étoiles doubles distantes de cette quantité.
« Nous avons obtenu déjà de belles images des principales planétes; et, sur le cliché de Neptune, le satellite a pu être photographié dans toutes les parties de son orbite, et même dans sa position la plus rapprochée, qui est actuellement inférieure à 8".
« Nous espérons donc pouvoir appliquer la Photographie, non seulement au service régulier de la Carte du ciel, mais aussi à l'étude des étoiles doubles et à la recherche d'astres encore inconnus.
« Parmi les principales photographies déjà obtenues, je crois devoir citer les suivantes :
» 1º Quarante-deux grandes épreuves de la Voie lactée et de diverses régions du ciel.
« 2º Une photographie des environs de ε Lyre qui montre après deux heures de pose des étoiles beaucoup plus faibles que la debilissima d'Hersche1 et inférieures à la 16e grandeur.
» 3º Une épreuve faite dans les environs de Véga, qui montre des étoiles plus faibles encore que les précédentes; quelques-unes de ces étoiles n'ont certainement jamais été vues.
« 4º Photographies des amas d'Hercule, de Sobieski, d'Ophiuchus, de Persée et plus de six cents épreuves d'étoiles doubles ou multiples. Quelques-unes de ces épreuves, destinées à des mesures micrométriques, ont été faites avec une pose très courte; elles se rapportent aux Pléiades, à Præsepe et Ophiuchus.
» 5º La nébuleuse d'Orion a été photographiée avec succès; une pose de deux heures, beaucoup trop longue pour les parties les plus lumineuses, montre au contraire avec une très grande netteté les plus faibles détails.
« 6º On a obtenu enfin des résultats non moins remarquables dans la photographie des planètes et dans la photographie spectrale.
« C'est donc un vaste et nouveau champ d'études ouvert à l'activité des astronomes. Profitant d'une soirée de beau temps, tout astronome pourra en effet recueillir avec un appareil photographique comme le nôtre deux ou trois clichés contenant chacun plusieurs milliers d'astres d'une pureté de définition et d'une exactitude absolue de position, qui, transportés dans son cabinet de travail, lui procureront plusieurs mois de recherches fructueuses, à l'aide d'un simple microscope muni d'une vis micrométrique.
» Cette étude se fera en outre avec bien plus de facilité et moins de fatigue qu'a l'aide de ces lunettes de dimensions exceptionnelles qu'on construit aujourd'hui à grands frais dans divers observatoires, sans qu'on soit encore assuré qu'elles apporteront une supériorité bien sensible sur les instruments de moyenne dimension actuellement en usage, et qui ne peuvent d'ailleurs être utilement employées que par de rares belles nuits.
« Quand on voit avec quelle extrême facilité on peut obtenir ainsi, en une heure, ces Cartes d'amas d'étoiles qui. auraient exigé des années de travail assidu par les anciens procédés, on comprend qu'il s'impose aujourd'hui un devoir impérieux aux astronomes, c'est d'entreprendre immédiatenient le levé de la Carte complète du ciel, pour léguer aux astronomes des siècles futurs l'état du ciel à la fin du XlXe siécle.
« Ce sera le monument scientifique le plus considérable de cette époque; il augmentera de valeur avec le temps et donnera certainement lieu à bien des découvertes inattendues et a des études du plus haut intérêt.
« J'ai déjà dit comment ce vaste travail, réparti sur tout le globe entre huit ou dix observatoires bien situés, pourrait se faire sans grands frais, en quelques années, et permettrait de fixer ainsi la position actuelle de vingt ou trente millions d'étoiles; plusieurs observatoires ont déjà offert leur concours, s'ils trouvent la possibilité de se procurer les appareils nécessaires.
« Il parait bien indispensable d'établir le plus tôt possible une semblable entente; car, si l'on n'y réussissait pas, plusieurs observatoires entreprendront certainement bientôt de faire isolément de la photographie stellaire, chacun à une échelle et par des procédés plus ou moins différents. Il en résulterait un regrettable désordre dans l'ensemble du travail, beaucoup de lacunes, de doubles emplois, de forces et de temps perdus.
« Une réunion des directeurs des principaux observatoires ou de leurs représentants pourrait bien facilement établir cette entente si désirable.
« La seule objection, peu sérieuse d'ailleurs, qui ait été faite jusqu'ici, est celle de la déformation possible des images, provenant de quelque défaut de l'objectif; mais cette déformation est absolument insensible dans l'appareil de l'Observatoire, sur des images de 2º30' à 3º de diamètre, et les méridiens et les parallèles pourront facilement se tracer sur les Cartes à l'aide d'un instrument spécial, qui est en construction. Il est bien évident d'ailleurs que des Cartes célestes ne peuvent, pas plus que des Cartes géographiques et toute construction graphique, donner des positions absolues avec la même rigueur que le calcul; il sera toujours nécessaire de faire des Catalogues d'étoiles fondamentales, servant de point de repère; mais ce que les Cartes célestes donneront avec une extrême précision, c'est la position relative des astres voisins, qui est le document le plus important pour découvrir bien facilement leurs mouvements propres. On pourra alors les rapporter aux fondamentales les plus voisines, en cherchant à reconnaître s'il y a quelque loi commune a établir dans la marche de ce nombre infini d'astres.
« Quand on se rappelle que c'est au milieu de l'atmosphère si troublée, si défavorable de Paris, qu'ont été obtenues les photographies d'étoiles inférieures à la 16e grandeur, il est difficile d'imaginer la quantité prodigieuse
d'astres nouveaux qui viendraient se révéler sur les clichés de MM. Henry si ces astronomes pouvaient établir leurs appareils sous le ciel si pur des tropiques ou dans des stations aussi favorables que le Pic du Midi; il est permis de croire qu'ils obtiendraient peut-être alors des étoiles de 18e grandeur et qu'on pourrait pénétrer bien plus profondément dans le ciel qu'on n'a pu le faire jusqu'ici; leurs clichés prendraient, sans doute, à quelque distance, l'apparence d'une nébulosité continue, comme le ciel lui-même dans les belles nuits tropicales.
« Bien des corps inconnus ayant une marche sensible pendant une heure ou deux de pose, comme les petites planètes, les comètes, la planète transneptunienne, si elle existe, ou des satellites encore inconnus, révéleraient leur existence par le tracé de leur route au milieu des étoiles fixes, comme cela a déjà eu lieu pour Pallas.
« Les astronomes de l'étranger qui s'occupent plus spécialement de photographie céleste, auxquels j'ai envoyé quelques-unes de nos épreuves, en ont été très vivement frappés et reconnaissent tous la nécessité d'entreprendre le plus tôt possible ce grand travail d'ensemble.
« M. Common, à qui l'on doit la splendide photographie de la nébuleuse d'Orion, m'écrivait, il y a peu de jours encore, que ce progrés réalisait un grand changement dans l'Astronomie d'observation et formait un nouveau point de départ pour la Science astronomique.
» Quelques autres, il est vrai, ont trouvé ces photographies trop belles pour y croire et ont émis des doutes sur leur authenticité, les uns croyant à des retouches sur les clichés, d'autres allant jusqu'à supposer qu'on leur avait envoyé des photographies d'après des dessins ou des gravures; c'était le plus bel éloge qu'ils pouvaient faire de l'œuvre de MM. Henry.
« Par leurs persévérants travaux et leur très grande habileté en Optique, ces deux astronomes viennent donc de réaliser un progrès d'une haute valeur qui fait grand honneur à l'observatoire de Paris et à la Science française. J'espère donc que l'Académie appréciera, comme ils le méritent, les services rendus à la Science par ces deux habiles astronomes; si elle voulait bien donner sa haute approbation au projet de construction de la Carte du ciel que l'observatoire de Paris propose aux observatoires étrangers, ce projet aurait beaucoup plus de chances d'être adopté.
« J'ai donc l'honneur de lui demander de vouloir bien soumettre la question a la Section d'Astronomie (1) ([i]). »
Sur la proposition de M. Faye, les photographies obtenues par MM. Henry seront soumises à la Section d'Astronomie.
([i]) (1) Au moment d’entrer en séance, j’ai reçu une lattre du très éminent directeur de l’observatoire de Poulkova, M. O. Struve, qui reconnaît tout le mérite des photographies de MM. Henry et qui, en approuvant le projet proposé, dit que ce serait une œuvre splendide et des plus utiles pour de nombreuses études en Astronomie.
Astronomie. – Photographies astronomiques de MM. Paul Henry et Prosper Henry, présentées par M. Mouchez.
« J'ai eu l'honneur, il y a dix-huit mois, de présenter à l'Académie les premiers essais de photographie stellaire faits par MM. Henry, à l'observatoirede Paris, avec un appareil provisoire, dans le but spécial de faciliter la construction de la Carte écliptique. La réussite de ces premiers essais m'avait décidé à accepter leur proposition de faire construire de suite par M. Gautier un grand appareil définitif dont ils se chargeaient de faire eux-mêmes l'objectif photographique de 0m, 34. L'instrninent a été mis en place en avril et, dès le mois de juin, j'ai pu présenter à 1'Académie les premières très belles épreuves obtenues dans la voie lactée.
« Depuis lors, MM. Henry ont continué leurs travaux avec, un succès qui a dépassé toutes nos espérances. Les résultats obtenus sont jugés par des astronomes les plus compétents de l'étranger comme étant la perfection même et présentant la plus grande importance pour l'avenir de 1'Astronomie.
« A l'observatoire de Paris, nous obtenons maintenant couramment en une heure de pose des clichés de 6º à 7º carrés sur lesquels sont reproduits avec un éclat et une pureté de contours extrêmes tons les astres au nombre de plusieurs milliers jusqu'à la 16e grandeur, c'est-à-dire bien au delà de la visibilité que donnent nos meilleures lunettes sous le ciel de Paris.
» Nous avons même obtenu bien des étoiles de 17e grandeur qui n'ont sans doute jamais été vues encore.
« Les images des étoiles ayant un diamètre proportionné à leur grandeur, on en tirera certainement une donnée fort intéressante pour les mesures photométriques.
« Outre les étoiles, on découvre aussi quelquefois sur les clichés d'autres objets invisibles dans nos plus grands instruments. Telle est la nébuleuse près de l'étoile Maïa, dans les Pléiades, qui est venue se dessiner comme une petite queue de comète très brillante touchant à l'étoile, et qui n'avait jamais été encore signalée, bien que l'amas des Pléiades soit une des constellations les plus étudiées de notre ciel.
« La mesure des étoiles doubles et multiples va se trouver grandement simplifiée à l'avenir, par la possibilité d'opérer ces mesures avec autant de facilité que de précision sur des photographies.
» Sur l'épreuve de Saturne soumise à l'Académie, la séparation de l'anneau, qui est de 0",4, étant très visible, on peut espérer obtenir des étoiles doubles distantes de cette quantité.
« Nous avons obtenu déjà de belles images des principales planétes; et, sur le cliché de Neptune, le satellite a pu être photographié dans toutes les parties de son orbite, et même dans sa position la plus rapprochée, qui est actuellement inférieure à 8".
« Nous espérons donc pouvoir appliquer la Photographie, non seulement au service régulier de la Carte du ciel, mais aussi à l'étude des étoiles doubles et à la recherche d'astres encore inconnus.
« Parmi les principales photographies déjà obtenues, je crois devoir citer les suivantes :
» 1º Quarante-deux grandes épreuves de la Voie lactée et de diverses régions du ciel.
« 2º Une photographie des environs de ε Lyre qui montre après deux heures de pose des étoiles beaucoup plus faibles que la debilissima d'Hersche1 et inférieures à la 16e grandeur.
» 3º Une épreuve faite dans les environs de Véga, qui montre des étoiles plus faibles encore que les précédentes; quelques-unes de ces étoiles n'ont certainement jamais été vues.
« 4º Photographies des amas d'Hercule, de Sobieski, d'Ophiuchus, de Persée et plus de six cents épreuves d'étoiles doubles ou multiples. Quelques-unes de ces épreuves, destinées à des mesures micrométriques, ont été faites avec une pose très courte; elles se rapportent aux Pléiades, à Præsepe et Ophiuchus.
» 5º La nébuleuse d'Orion a été photographiée avec succès; une pose de deux heures, beaucoup trop longue pour les parties les plus lumineuses, montre au contraire avec une très grande netteté les plus faibles détails.
« 6º On a obtenu enfin des résultats non moins remarquables dans la photographie des planètes et dans la photographie spectrale.
« C'est donc un vaste et nouveau champ d'études ouvert à l'activité des astronomes. Profitant d'une soirée de beau temps, tout astronome pourra en effet recueillir avec un appareil photographique comme le nôtre deux ou trois clichés contenant chacun plusieurs milliers d'astres d'une pureté de définition et d'une exactitude absolue de position, qui, transportés dans son cabinet de travail, lui procureront plusieurs mois de recherches fructueuses, à l'aide d'un simple microscope muni d'une vis micrométrique.
» Cette étude se fera en outre avec bien plus de facilité et moins de fatigue qu'a l'aide de ces lunettes de dimensions exceptionnelles qu'on construit aujourd'hui à grands frais dans divers observatoires, sans qu'on soit encore assuré qu'elles apporteront une supériorité bien sensible sur les instruments de moyenne dimension actuellement en usage, et qui ne peuvent d'ailleurs être utilement employées que par de rares belles nuits.
« Quand on voit avec quelle extrême facilité on peut obtenir ainsi, en une heure, ces Cartes d'amas d'étoiles qui. auraient exigé des années de travail assidu par les anciens procédés, on comprend qu'il s'impose aujourd'hui un devoir impérieux aux astronomes, c'est d'entreprendre immédiatenient le levé de la Carte complète du ciel, pour léguer aux astronomes des siècles futurs l'état du ciel à la fin du XlXe siécle.
« Ce sera le monument scientifique le plus considérable de cette époque; il augmentera de valeur avec le temps et donnera certainement lieu à bien des découvertes inattendues et a des études du plus haut intérêt.
« J'ai déjà dit comment ce vaste travail, réparti sur tout le globe entre huit ou dix observatoires bien situés, pourrait se faire sans grands frais, en quelques années, et permettrait de fixer ainsi la position actuelle de vingt ou trente millions d'étoiles; plusieurs observatoires ont déjà offert leur concours, s'ils trouvent la possibilité de se procurer les appareils nécessaires.
« Il parait bien indispensable d'établir le plus tôt possible une semblable entente; car, si l'on n'y réussissait pas, plusieurs observatoires entreprendront certainement bientôt de faire isolément de la photographie stellaire, chacun à une échelle et par des procédés plus ou moins différents. Il en résulterait un regrettable désordre dans l'ensemble du travail, beaucoup de lacunes, de doubles emplois, de forces et de temps perdus.
« Une réunion des directeurs des principaux observatoires ou de leurs représentants pourrait bien facilement établir cette entente si désirable.
« La seule objection, peu sérieuse d'ailleurs, qui ait été faite jusqu'ici, est celle de la déformation possible des images, provenant de quelque défaut de l'objectif; mais cette déformation est absolument insensible dans l'appareil de l'Observatoire, sur des images de 2º30' à 3º de diamètre, et les méridiens et les parallèles pourront facilement se tracer sur les Cartes à l'aide d'un instrument spécial, qui est en construction. Il est bien évident d'ailleurs que des Cartes célestes ne peuvent, pas plus que des Cartes géographiques et toute construction graphique, donner des positions absolues avec la même rigueur que le calcul; il sera toujours nécessaire de faire des Catalogues d'étoiles fondamentales, servant de point de repère; mais ce que les Cartes célestes donneront avec une extrême précision, c'est la position relative des astres voisins, qui est le document le plus important pour découvrir bien facilement leurs mouvements propres. On pourra alors les rapporter aux fondamentales les plus voisines, en cherchant à reconnaître s'il y a quelque loi commune a établir dans la marche de ce nombre infini d'astres.
« Quand on se rappelle que c'est au milieu de l'atmosphère si troublée, si défavorable de Paris, qu'ont été obtenues les photographies d'étoiles inférieures à la 16e grandeur, il est difficile d'imaginer la quantité prodigieuse
d'astres nouveaux qui viendraient se révéler sur les clichés de MM. Henry si ces astronomes pouvaient établir leurs appareils sous le ciel si pur des tropiques ou dans des stations aussi favorables que le Pic du Midi; il est permis de croire qu'ils obtiendraient peut-être alors des étoiles de 18e grandeur et qu'on pourrait pénétrer bien plus profondément dans le ciel qu'on n'a pu le faire jusqu'ici; leurs clichés prendraient, sans doute, à quelque distance, l'apparence d'une nébulosité continue, comme le ciel lui-même dans les belles nuits tropicales.
« Bien des corps inconnus ayant une marche sensible pendant une heure ou deux de pose, comme les petites planètes, les comètes, la planète transneptunienne, si elle existe, ou des satellites encore inconnus, révéleraient leur existence par le tracé de leur route au milieu des étoiles fixes, comme cela a déjà eu lieu pour Pallas.
« Les astronomes de l'étranger qui s'occupent plus spécialement de photographie céleste, auxquels j'ai envoyé quelques-unes de nos épreuves, en ont été très vivement frappés et reconnaissent tous la nécessité d'entreprendre le plus tôt possible ce grand travail d'ensemble.
« M. Common, à qui l'on doit la splendide photographie de la nébuleuse d'Orion, m'écrivait, il y a peu de jours encore, que ce progrés réalisait un grand changement dans l'Astronomie d'observation et formait un nouveau point de départ pour la Science astronomique.
» Quelques autres, il est vrai, ont trouvé ces photographies trop belles pour y croire et ont émis des doutes sur leur authenticité, les uns croyant à des retouches sur les clichés, d'autres allant jusqu'à supposer qu'on leur avait envoyé des photographies d'après des dessins ou des gravures; c'était le plus bel éloge qu'ils pouvaient faire de l'œuvre de MM. Henry.
« Par leurs persévérants travaux et leur très grande habileté en Optique, ces deux astronomes viennent donc de réaliser un progrès d'une haute valeur qui fait grand honneur à l'observatoire de Paris et à la Science française. J'espère donc que l'Académie appréciera, comme ils le méritent, les services rendus à la Science par ces deux habiles astronomes; si elle voulait bien donner sa haute approbation au projet de construction de la Carte du ciel que l'observatoire de Paris propose aux observatoires étrangers, ce projet aurait beaucoup plus de chances d'être adopté.
« J'ai donc l'honneur de lui demander de vouloir bien soumettre la question a la Section d'Astronomie (1) ([i]). »
Sur la proposition de M. Faye, les photographies obtenues par MM. Henry seront soumises à la Section d'Astronomie.
([i]) (1) Au moment d’entrer en séance, j’ai reçu une lattre du très éminent directeur de l’observatoire de Poulkova, M. O. Struve, qui reconnaît tout le mérite des photographies de MM. Henry et qui, en approuvant le projet proposé, dit que ce serait une œuvre splendide et des plus utiles pour de nombreuses études en Astronomie.
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