segunda-feira, 16 de março de 2009

1891, 2 de Fevereiro - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T.CXII, Nº. 5
Pag. 274, 275, 276, 277
*
PHOTOGRAPHIE. - La photographie des couleurs. Note de M. G. Lippmann.

« Je me suis proposé d’obtenir sur une plaque photographique l’image du spéctre avec ses couleurs, de telle façon que cette image demeurât désormais fixee et pût rester exposée indéfiniment au grand jour sans s’altérer.
« J’ai pu résoudre ce problème en opérant avec les substances sensibles, les développateurs et les fixatifs courants en Photographie, et en modifiant simplement les conditions physiques de l’expérience. Les conditions essentielles pour obtenir les couleurs en Photographie sont au nombre de deux : 1º continuité de la couche sensible; 2º présence d’une surface réfléchissante adossée à cette couche.
» J’entends par continuité l’absence de grains: il faut que l’iodure, le bromure d’argent, etc., soient disséminés à l’intérieur d’une lame d’albumine de gélatine ou d’une autre matière transparente et inerte, d’une maniére uniforme et sans former de grains qui soient visibles même au microscope; s’il y a des grains, il faut qu’ils soient de dimensions négligeables par rapport à la longueur d’onde lumineuse.
« L’emploi des grossières émulsions usitées aujourd’hui se trouve par là exclu. Une couche continue est transparente, sauf ordinairement une légère opalescence bleue. J’ai employé comme support l’albumine, 1e collodion et la gélatine; comme matières sensibles, l’iodure et le bromure d’argent; toutes ces combinaisons donnent de bons résultats.
» La plaque, sèche, est portée par un châssis creux où l’on verse du mercure; ce mercure forme une lame réfléchissante en contact avec la couche sensible. L’expoisition, le développement, le fixage se font comme si l’on voulait obtenir un négatif noir du spectre; mais le résultat est différent : lorsque le cliché est terminé et séché, les couleurs apparaissent.
» Le cliché obtenu est négatif par transparence, c’est-à-dire que chaque couleur ést représentée par sa. complémentairre. Par réflexion, il est posïtif, et on voit la couleur elle-même, qui peut s’obtenir très brillante. Pour obtenir ainsi un positif, il faut révéler ou parfois renforcer l’image de façon que le dépôt photographique ait une couleur claire, ce qui s’obtient, comme l’on sait, par l’emploi de 1iqueurs acides.
» On fixe à l’hyposulfite de soude suivi de lavages soignés; j’ai vérifié qu’ensuite les couleurs résistaient à la lumière électrique la plus intense.
« La théorie de l’expérience est très simple. La lumière incidente, qui forme l’image dans la chambre noire, interfère avec la lumière réfléchie par le mercure. II se forme, par suite, dans l’intérieur de la couche sensible, un système de franges, c’est-a-dire de maxima lumineux et de minima obscurs. Les maxima seuls impressionnent la plaque; à la suite des opérations photographiques, ces maxima demeurent marqués par des dépôts d’argent plus ou moins réfléchissants, qui occupent leur place. La couche sensible se trouve partagée par ces dépots en une série de lames minces qui ont pour épaisseur l’intervalle qui séparait deux maxima, c’est-à-dire une demi-longueur d’onde de la lumière incidente. Ces lames minces ont donc précisément l’épaisseur nécessaire pour reproduire par réflexion la couleur incidente.
« Les couleurs visibles sur le cliché sont ainsi de même nature que celles des‘bulles de savon. Elles sont seulement plus pures et plus brillantes, du moins quand les opérations photographiques ont donné un dépôt bien réfléchissant. Cela tient à ce qu’il se forme dans l’épaisseur de la couche sensible un très grand nombre de lames minces superposées: environ 200, si la couche a, par exemple, 1/20 de millimètre. Pour les mêmes raisons, la couleur réfléchie, est d’autant plus pure que le nombre des couches réfléchissantes augmente. Ces couches forment, en effet, une sorte de réseau en profondeur, et, pour la même raison que dans la théorie des réseaux par réflexion, la pureté des couleurs va en croissant avec le nombre des miroirs élémentaires. «


PHOTOGRAPHIE. - Observations de M. Edm.Becquerel sur la Conamunication de M. Lippmann au sujet de la reproduction photographique des couleurs.

« Je désire faire remarquer toute la différence qui existe entre le procédé entièrement physique que vient d’exposer M. Lippmann pour reproduire photographiquement les couleurs de la lumière, et le procédé photochimique que j’ai découvert en 1848 pour obtenir les images colorées du spectre lumineux ainsi que les images des objets avec leurs couleurs propres; c’est à l’aide d’une même substance chimique, le sous-chlorure d’argent, formé à la surface de lames d’argent, et dont j’ai indiqué la préparation et les modifications si curieuses sous diverses influences et notamment sous l’action de la chaleur, que j’ai pu atteindre ce but (1) ([i]) .
» On peut du reste, lors de la préparation de la substance sensible, déterminer avec exactitude, comme je l’ai fait voir, l’épaisseur de la couche nécessaire à la production de ces effets dans les meilleures, conditions possibles; cette épaisseur peut varier entre 1/4000 et 1/600 de millimètre.
« Ces images sont absolument inaltérables dans l’obscurité et je possède encore les reproductions du spectre solaire faites il y a plus de quarante ans, ainsi que celles des images colorées par la lumière qui ont servi de bases à Regnault pour la rédaction du Rapport qu’il a présenté à l’Académie en 1849; elles ne s’altèrent que lors de l’action ultérieure de la lu-mière, parce que la substance sensible sur laquelle elles sont obtenues n’est pas complétement transformée et peut subir encore l’influence des différents rayons colorés. C’est le même composé dont plus tard, en 1865, M. Poitevin a fait usage pour obtenir, sur papier, les images.colorées que je proidusais sur plaques métalliques.
» Lorsqu’on soumet les images photographiques ainsi colorées a l’action réductrice d’un des dissolvants du chlorure d’argent, tels que l’ammoniaque ou l’hyposulfite de soude, les nuances colorées disparaissent et, la où les rayons lumineux ont exercé leur action, il reste à la surface des lames d’argent une légère trace formée par une lame mince d’argent metallique, qui, lorsqu’elle est encore humide, manifeste de faibles teintes, complémentaires de celles qui existaient auparavant aux mêmes places. Ces effets, dont il est difficile de se rendre compté a priori, montrent que peut-être les épaisseurs des couches déposées jouent un rôle dans la production des phénomènes de coloration (1) ([ii])
» Cette matière jouit de la curieuse propriété, quand elle est préparée convenablement, non seulement d’être sensible à l’action des divers rayons colorés, depuis le rouge jusqu’au violet, en reproduisant leurs teintes propres, mais encore de recevoir une impression qui semble sensiblement proportionnelle à l’intensité des impressions lumineuses correspondantes sur la rétine.
» Je rappellerai encore que cette substance photochromatiquement impressionnable donne lieu, au moment de la réaction chimique qui la transforme, à un courant électrochimique dont l’intensité et la force électromotrice peuvent être mesurées avec l’actinomètre électrochimique que j’ai fait connaître (1) ([iii]); ce courant peut être, utilisé pour comparer très exactement les intensités des différents rayons colorés actifs, par exemple des rayons rouges et des rayons bleus, alors que les méthodes optiques basées sur les impressions exercées par les mêmes rayons lumineux sur la rétine ne permettent de le faire qu’avec fort peu d’exactitude.
([i]) (1) Comptes rendus, t. XXVI, p. 181, et t. XXVII, p. 483 ; 1848. – Ibid., Rapport de Regnault, t. XXVIII, p. 200; 1849. - Annales de Chimie et de Physique, 3: série, t. XXII, p. 451; 1848. - Ibid., t. XXV, p. 447. - Ibid., t.. XLII, p. 81. – Edm. Becquerel, La lumière, ses causes et ses efets, t. II, p. 209.
([ii]) (1) La lumière, ses causes et ses effets, t.II, p. 232.
([iii]) (1) La lumière, ses causes et ses effets, t.II, p.131.

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Science
Janvier-Juin
T.CXII, Nº. 5
Pag. 274, 275, 276, 27*

PHOTOGRAPHIE. - La photographie des couleurs. Note de M. G. Lippmann.

« Je me suis proposé d’obtenir sur une plaque photographique l’image du spéctre avec ses couleurs, de telle façon que cette image demeurât désormais fixee et pût rester exposée indéfiniment au grand jour sans s’altérer.
« J’ai pu résoudre ce problème en opérant avec les substances sensibles, les développateurs et les fixatifs courants en Photographie, et en modifiant simplement les conditions physiques de l’expérience. Les conditions essentielles pour obtenir les couleurs en Photographie sont au nombre de deux : 1º continuité de la couche sensible; 2º présence d’une surface réfléchissante adossée à cette couche.
» J’entends par continuité l’absence de grains: il faut que l’iodure, le bromure d’argent, etc., soient disséminés à l’intérieur d’une lame d’albumine de gélatine ou d’une autre matière transparente et inerte, d’une maniére uniforme et sans former de grains qui soient visibles même au microscope; s’il y a des grains, il faut qu’ils soient de dimensions négligeables par rapport à la longueur d’onde lumineuse.
« L’emploi des grossières émulsions usitées aujourd’hui se trouve par là exclu. Une couche continue est transparente, sauf ordinairement une légère opalescence bleue. J’ai employé comme support l’albumine, 1e collodion et la gélatine; comme matières sensibles, l’iodure et le bromure d’argent; toutes ces combinaisons donnent de bons résultats.
» La plaque, sèche, est portée par un châssis creux où l’on verse du mercure; ce mercure forme une lame réfléchissante en contact avec la couche sensible. L’expoisition, le développement, le fixage se font comme si l’on voulait obtenir un négatif noir du spectre; mais le résultat est différent : lorsque le cliché est terminé et séché, les couleurs apparaissent.
» Le cliché obtenu est négatif par transparence, c’est-à-dire que chaque couleur ést représentée par sa. complémentairre. Par réflexion, il est posïtif, et on voit la couleur elle-même, qui peut s’obtenir très brillante. Pour obtenir ainsi un positif, il faut révéler ou parfois renforcer l’image de façon que le dépôt photographique ait une couleur claire, ce qui s’obtient, comme l’on sait, par l’emploi de 1iqueurs acides.
» On fixe à l’hyposulfite de soude suivi de lavages soignés; j’ai vérifié qu’ensuite les couleurs résistaient à la lumière électrique la plus intense.
« La théorie de l’expérience est très simple. La lumière incidente, qui forme l’image dans la chambre noire, interfère avec la lumière réfléchie par le mercure. II se forme, par suite, dans l’intérieur de la couche sensible, un système de franges, c’est-a-dire de maxima lumineux et de minima obscurs. Les maxima seuls impressionnent la plaque; à la suite des opérations photographiques, ces maxima demeurent marqués par des dépôts d’argent plus ou moins réfléchissants, qui occupent leur place. La couche sensible se trouve partagée par ces dépots en une série de lames minces qui ont pour épaisseur l’intervalle qui séparait deux maxima, c’est-à-dire une demi-longueur d’onde de la lumière incidente. Ces lames minces ont donc précisément l’épaisseur nécessaire pour reproduire par réflexion la couleur incidente.
« Les couleurs visibles sur le cliché sont ainsi de même nature que celles des‘bulles de savon. Elles sont seulement plus pures et plus brillantes, du moins quand les opérations photographiques ont donné un dépôt bien réfléchissant. Cela tient à ce qu’il se forme dans l’épaisseur de la couche sensible un très grand nombre de lames minces superposées: environ 200, si la couche a, par exemple, 1/20 de millimètre. Pour les mêmes raisons, la couleur réfléchie, est d’autant plus pure que le nombre des couches réfléchissantes augmente. Ces couches forment, en effet, une sorte de réseau en profondeur, et, pour la même raison que dans la théorie des réseaux par réflexion, la pureté des couleurs va en croissant avec le nombre des miroirs élémentaires. «


PHOTOGRAPHIE. - Observations de M. Edm.Becquerel sur la Conamunication de M. Lippmann au sujet de la reproduction photographique des couleurs.

« Je désire faire remarquer toute la différence qui existe entre le procédé entièrement physique que vient d’exposer M. Lippmann pour reproduire photographiquement les couleurs de la lumière, et le procédé photochimique que j’ai découvert en 1848 pour obtenir les images colorées du spectre lumineux ainsi que les images des objets avec leurs couleurs propres; c’est à l’aide d’une même substance chimique, le sous-chlorure d’argent, formé à la surface de lames d’argent, et dont j’ai indiqué la préparation et les modifications si curieuses sous diverses influences et notamment sous l’action de la chaleur, que j’ai pu atteindre ce but (1) ([i]) .
» On peut du reste, lors de la préparation de la substance sensible, déterminer avec exactitude, comme je l’ai fait voir, l’épaisseur de la couche nécessaire à la production de ces effets dans les meilleures, conditions possibles; cette épaisseur peut varier entre 1/4000 et 1/600 de millimètre.
« Ces images sont absolument inaltérables dans l’obscurité et je possède encore les reproductions du spectre solaire faites il y a plus de quarante ans, ainsi que celles des images colorées par la lumière qui ont servi de bases à Regnault pour la rédaction du Rapport qu’il a présenté à l’Académie en 1849; elles ne s’altèrent que lors de l’action ultérieure de la lu-mière, parce que la substance sensible sur laquelle elles sont obtenues n’est pas complétement transformée et peut subir encore l’influence des différents rayons colorés. C’est le même composé dont plus tard, en 1865, M. Poitevin a fait usage pour obtenir, sur papier, les images.colorées que je proidusais sur plaques métalliques.
» Lorsqu’on soumet les images photographiques ainsi colorées a l’action réductrice d’un des dissolvants du chlorure d’argent, tels que l’ammoniaque ou l’hyposulfite de soude, les nuances colorées disparaissent et, la où les rayons lumineux ont exercé leur action, il reste à la surface des lames d’argent une légère trace formée par une lame mince d’argent metallique, qui, lorsqu’elle est encore humide, manifeste de faibles teintes, complémentaires de celles qui existaient auparavant aux mêmes places. Ces effets, dont il est difficile de se rendre compté a priori, montrent que peut-être les épaisseurs des couches déposées jouent un rôle dans la production des phénomènes de coloration (1) ([ii])
» Cette matière jouit de la curieuse propriété, quand elle est préparée convenablement, non seulement d’être sensible à l’action des divers rayons colorés, depuis le rouge jusqu’au violet, en reproduisant leurs teintes propres, mais encore de recevoir une impression qui semble sensiblement proportionnelle à l’intensité des impressions lumineuses correspondantes sur la rétine.
» Je rappellerai encore que cette substance photochromatiquement impressionnable donne lieu, au moment de la réaction chimique qui la transforme, à un courant électrochimique dont l’intensité et la force électromotrice peuvent être mesurées avec l’actinomètre électrochimique que j’ai fait connaître (1) ([iii]); ce courant peut être, utilisé pour comparer très exactement les intensités des différents rayons colorés actifs, par exemple des rayons rouges et des rayons bleus, alors que les méthodes optiques basées sur les impressions exercées par les mêmes rayons lumineux sur la rétine ne permettent de le faire qu’avec fort peu d’exactitude.
([i]) (1) Comptes rendus, t. XXVI, p. 181, et t. XXVII, p. 483 ; 1848. – Ibid., Rapport de Regnault, t. XXVIII, p. 200; 1849. - Annales de Chimie et de Physique, 3: série, t. XXII, p. 451; 1848. - Ibid., t. XXV, p. 447. - Ibid., t.. XLII, p. 81. – Edm. Becquerel, La lumière, ses causes et ses efets, t. II, p. 209.
([ii]) (1) La lumière, ses causes et ses effets, t.II, p. 232.
([iii]) (1) La lumière, ses causes et ses effets, t.II, p.131.

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