Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. CXVI
Nº. 11
Pag. 574, 575
*
PHOTOGRAPHIE.- Sur les propriétés photographiques des sels de cérium.
Note de MM. Auguste et Louis Lumière.
« On sait que le cérium donne deux séries principales de sels: les sels céreux et les sels cériques. Les premiers sont d'une grande stabilité, tandis que les sels cériques sont ramenés au minimum par les réducteurs faibles; quelques-uns d'entre eux, et plus spécialement les sels organiques, sont même réduits spontanément aussitôt qu'ils sont formés, de sorte qu'il n'a pas été possible jusqu'ici de les isoler. La facile réductibilité des sels cériques nous a amenés à étudier l'action de la lumiére sur ces substances, et nous avons pu remarquer, en effet, que cette action se traduit par une réduction rapide qui peut servir de base à l'établissement de procédés photographiques intéressants.
« Parmi les sels minéraux qui nous ont donné les meilleurs résultats, nous devons citer le sulfate et le nitrate cériques, obtenus en dissolvant l'hydrate cérique dans les acides sulfurique et nitrique. Les solutions aqueuses de ces sels ont servi à imprégner des feuilles de papier, convenablement encollées ou recouvertes d'une couche mince de gélatine, que le sel cérique colore en jaune intense. Après dessiccation dans l'obscurité, les papiers ont été exposés à la lumiére sous on cliché positif :dans toutes les parties transparentes de l'écran, les rayons lumineux réduisent le sel cérique à l'état de sel céreux, et le papier se décolore en ces points; cette décoloration progressive permet de suivre l'action de la lumière et d'arrêter l'impression au moment opportun.
« Ainsi obtenue, l'épreuve doit être traitée par un réactif susceptiblc de différencier le sel céreux du sel cérique, de facon à accentuer l'image et à la fixer. Dans un procédé photographique analogue, aux sels manganiques, que nous avons antérieurement publié (1) ([i]), nous avons utilisé les propriétés éminemment oxydantes que possèdent les sels manganiques, pour former, avec un grand nombre de corps de la série aromatique, des matières colorantes insolubles. De la même maniére, si l'on traite par ces réactifs les épreuves aux sels de cérium, on forme par oxydation et on fixe des substances colorantes dans les points où le sel cérique n'a pas été réduit par la lumière; il suffit ensuite d'éliminer, par un lavage sommaire, l'excès du réactif ainsi que le sel céreux, pour obtenir une épreilve définitivement fixée. Il est important que la matière colorante produite soit insoluble, afin qu'elle ne soit pas entraînée par les lavages.
« Nous avons reconnu, en nous plaçant au point de vue de leur utilisation photographique et en étudiant comparativement l'action des sels ferriques, cobaltiques, manganiques et cériques, sur un grand nombre de corps de la série aromatique, que ces derniers sont susceptibles de fournir des réactions colorées, beaucoup plus nombreuses que les autres.
« Parmi les réactions les plus caractéristiques, nous pouvons citer les suivantes :
» En solution acide, les épreuves sont grises avec le phénol; vertes avec les sels d'aniline; bleues avec la naphtylamine α ; brunes avec l'acide amidobenzoïque; rouges avec l'acide parasulfanélique; vertes avec les sels d'orthotoluidine, etc. Si l'on traite par l'ammoniaque, la coloration change : elle devient, par exemple, violette avec l'aniline; rouge avec la naphtylamine, etc.
« Les papiers photographiques aux sels cériques présentent une sensibilité notablement plus grande que celle des préparations aux sels ferriques ou manganiqnes.
« Nous espérons que ces propriétés permettront de réaliser d'intéressantes applications photographiques à la suite d'une étude plus approfondie, étude que nous nous proposons de poursuivre. »
([i]) (1) Bulletin de la Société francaise de Photographie, p. 218;1892.
Janvier-Juin
T. CXVI
Nº. 11
Pag. 574, 575
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PHOTOGRAPHIE.- Sur les propriétés photographiques des sels de cérium.
Note de MM. Auguste et Louis Lumière.
« On sait que le cérium donne deux séries principales de sels: les sels céreux et les sels cériques. Les premiers sont d'une grande stabilité, tandis que les sels cériques sont ramenés au minimum par les réducteurs faibles; quelques-uns d'entre eux, et plus spécialement les sels organiques, sont même réduits spontanément aussitôt qu'ils sont formés, de sorte qu'il n'a pas été possible jusqu'ici de les isoler. La facile réductibilité des sels cériques nous a amenés à étudier l'action de la lumiére sur ces substances, et nous avons pu remarquer, en effet, que cette action se traduit par une réduction rapide qui peut servir de base à l'établissement de procédés photographiques intéressants.
« Parmi les sels minéraux qui nous ont donné les meilleurs résultats, nous devons citer le sulfate et le nitrate cériques, obtenus en dissolvant l'hydrate cérique dans les acides sulfurique et nitrique. Les solutions aqueuses de ces sels ont servi à imprégner des feuilles de papier, convenablement encollées ou recouvertes d'une couche mince de gélatine, que le sel cérique colore en jaune intense. Après dessiccation dans l'obscurité, les papiers ont été exposés à la lumiére sous on cliché positif :dans toutes les parties transparentes de l'écran, les rayons lumineux réduisent le sel cérique à l'état de sel céreux, et le papier se décolore en ces points; cette décoloration progressive permet de suivre l'action de la lumière et d'arrêter l'impression au moment opportun.
« Ainsi obtenue, l'épreuve doit être traitée par un réactif susceptiblc de différencier le sel céreux du sel cérique, de facon à accentuer l'image et à la fixer. Dans un procédé photographique analogue, aux sels manganiques, que nous avons antérieurement publié (1) ([i]), nous avons utilisé les propriétés éminemment oxydantes que possèdent les sels manganiques, pour former, avec un grand nombre de corps de la série aromatique, des matières colorantes insolubles. De la même maniére, si l'on traite par ces réactifs les épreuves aux sels de cérium, on forme par oxydation et on fixe des substances colorantes dans les points où le sel cérique n'a pas été réduit par la lumière; il suffit ensuite d'éliminer, par un lavage sommaire, l'excès du réactif ainsi que le sel céreux, pour obtenir une épreilve définitivement fixée. Il est important que la matière colorante produite soit insoluble, afin qu'elle ne soit pas entraînée par les lavages.
« Nous avons reconnu, en nous plaçant au point de vue de leur utilisation photographique et en étudiant comparativement l'action des sels ferriques, cobaltiques, manganiques et cériques, sur un grand nombre de corps de la série aromatique, que ces derniers sont susceptibles de fournir des réactions colorées, beaucoup plus nombreuses que les autres.
« Parmi les réactions les plus caractéristiques, nous pouvons citer les suivantes :
» En solution acide, les épreuves sont grises avec le phénol; vertes avec les sels d'aniline; bleues avec la naphtylamine α ; brunes avec l'acide amidobenzoïque; rouges avec l'acide parasulfanélique; vertes avec les sels d'orthotoluidine, etc. Si l'on traite par l'ammoniaque, la coloration change : elle devient, par exemple, violette avec l'aniline; rouge avec la naphtylamine, etc.
« Les papiers photographiques aux sels cériques présentent une sensibilité notablement plus grande que celle des préparations aux sels ferriques ou manganiqnes.
« Nous espérons que ces propriétés permettront de réaliser d'intéressantes applications photographiques à la suite d'une étude plus approfondie, étude que nous nous proposons de poursuivre. »
([i]) (1) Bulletin de la Société francaise de Photographie, p. 218;1892.
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