Exposition universelle internationale
de
1900
à Paris.
RAPPORTS DU JURY INTERNATIONAL
Groupe III. – instruments et procédés généraux des lettres, des sciences et des arts
CLASSES 11 À 18
CLASSE 12
PHOTOGRAPHIE
Rapport du Jury international
Par M. Léon Vidal
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
MCMII
Cap. I, II
COMPOSITION DU JURY.
BUREAU.
MM. DAVANNE (A.), président du Comité d'administration de la Société française de photographie (jury, Paris 1878, 1889; vice-président des comités Paris 1900, président France
EDER (le docteur J.-M.), conseiller aulique, à Vienne, vice-président Autriche
VIDAL (Léon), presse photographique (médaille d'or, Paris 1878; jury, Paris 1889 ; rapporteur des comités, Paris 1900), président honoraire de la Chambre syndicale des photographes, rapporteur France
PRICAM (A. E.), photographe (jury, Paris 1889), président de la Société des photographes suisses, à Genève, secrétaire Suisse
JURÉS TITULAIRES FRANÇAIS
MM. BRAUN (Gaston), photographe des Musées nationaux (jury, Paris 1889 ; comités, Paris 1900) France
BUCQUET (Maurice), président du Photo-Club (comités, Paris 1900) France
DEMARIA (Jules), appareils photographiques [maison Demaria frères], président de la Chambre syndicale des fabricants et négociants de la photographie France
FLEURY-HERMAGIS (Jules), instruments d'optique (comités, médaille d'or, Paris 1889; comités Paris, 1900), président d'honneur de la Chambre syndicale de la photographie [constructeurs] France
MAREY (le docteur Jules), membre de l'Institut et de l'Académie de médecine, chronophotographie scientifique (président des comités, Paris 1900), membre d'honneur de la Société française de photographie et du Photo-Club de Paris France
NADAR fils (Paul), photographe, portraitiste [médaille d'or, Paris 1878; grand prix 1889; comités, Paris 1889; comités, Paris 1900] France
PROVOST (Antoine), photographe [médaille d'or, Paris 1889] France
WALLON (Étienne), professeur de physique au lycée Jeanson-deSailly [comite d'admission, Paris 1900] France
JURÉS TITULAIRES ÉTRANGERS
MM. MIETHE (le docteur), professeur de science photographique à 1'École supérieure technique, á Chardottenbourg Allemagne
CAMERON (Edgar), critique d'art à la Chicago Tribune. États-Unis
HERTSLET (E. Cecil), consul général de S. M. Britannique, au Havre. Gde-Bretagne
LEONINO (le baron David) Italie
JURÉS SUPPLÉANTS FRANÇAIS
MM. Bourgeois (Paul), photographe amateur, secrétaire général du Photo-Club de Paris [comité d'installation, Paris 1900] France
Boyer (Paul), photographe portraitiste et paysagiste [médaille d'or, Paris 1889 ; comité d'admission, Paris1900] France
GEISLER (Louis), papiers, photogravure, impressions diverses [comités, Paris1900]. France
JURÉS SUPPLÉANTS ÉTRANGERS
MM. Lanier van Monckhoven (A. de), fournitures pour la photographie Belgique
Dubouloz (José), juge suppléant au tribunal de Commerce de la Seine Équateur
Engelsted (C.), vice-consul de Danemark Danemark
poulat (julio), inspecteur des potes du Mexique, publiciste Mexique
Desmazières (le comte) Grèce
EXPERTS
MM. Berthaud (Michel), phototypie, président de la Chambre syndicale de la photographie France
Carpentier (Jules), membre du Bureau des longitudes, ancien ingénieur des manufactures de l’État, petite mécanique et appareils à l’usage des sciences France
Gilles (Émile), ébéniste France
EXPOSANTS HORS CONCOURS
MM. Braun (Gaston), France ; Demaria frères, France ; Fleury-Hermagis (Jules), France ; Nadar (Paul), France ; Provost (Antonin), France ; Chambre syndicale des fabricants et négiciants de la photographie, France ; Boyer (Paul), France ; Dubouloz (José), Équateur ; Geisler (Louis), France ; Desmazières (Comte), Grèce; Pricam (E.) et fils, Suisse , membres du jury ; Berthaud frères, France ; Carpentier (Jules), France ; Gilles (Émile), France, membres experts du jury ; Fumouze (Dr. Armand), Suisse ; Institut Polygraphique, Suisse ; Buexenstein (Georges), Allemagne ; Boys (C. Vernon), Grande-Bretagne ; Société des lunetiers, France ; Nachet (Carle de Mazibourg), France ; Gachet, Guyane française ; Compagnie française de l’afrique occidentale, Sénegal ; Ottolini, Chevaillier, Mallet et Cie à Paris, France ; Van Monekhoven à Gand, Belgique.
CHAPITRE I.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
Entre l’état de la photographie à l’époque de l’Exposition universelle de 1889 et celui dont nous avons la délicate mission de dresser le bilan, à la suite de l'Exposition de 1900, il existe des différences considérables, au profit des progrès réalisés non seulement du côté des perfectionnements apportés aux procédés et appareils appliqués, mais encore dans le sens de la généralisation toujours plus grande de l'emploi de la photographie.
Certaines méthodes, nouvelles en 1889, et qui constituaient alors des nouveautés d'un bien grand intérêt, n'ont cessé de s’affirmer quant à leur valeur pratique et à leur uti1ité; elles ont pris depuis, une expansion vraiment extraordinaire.
Nous voulons parler des plaques sèches à la gélatine qui, alors, succédaient dans leurs applications courantes, aux plaques collodionnées employées à l'état humide ou sec.
La fabrication des plaques à la gélatine était alors presque à son début, tandis qu'elle a pris, depuis ces onze dernières années, un essor considérable.
Il en est de même de la Phototypogravure à demi-teinte.
Ce mode de transformation des images à modelés continus dont quelques rares spécimens figuraient dans l'Exposition de 1889 s'est répandu à ce point qu'on ne peut plus guère s'en passer pour l'illustration du livre; presque tous les phototypograveurs le pratiquent, et, fait bien curieux et non moins important à signaler, il est devenu le procédé le plus répandu de tirage photo-mécanique rapide aussi bien pour les sujets monochromes que pour les impressions polychromes.
C'est l’à un des progrès les plus marqués qui se soit accompli durant la période écoulée entre 1889 et 1900.
Déjà, dans notre rapport de 1889, nous avions à parler des plaques orthochromatiques, soit douées d'une sensibilité spéciale à de certaines couleurs: de beaux travaux accomplis avec l'aide de ces plaques, avaient particulièrement attiré l'attention des photographes. Ce n'était qu'un début dans une voie plus féconde; depuis on a cherché à rendre les plaques non pas seulement sensibles à telle ou telle couleur mais à toutes; c'est de cette recherche que sont nées les plaques panchromatiques Lumière, les plaques spectrum Cadett.
L'intérêt de ces nouvelles couches sensibles ne saurait échapper quand on sait qu'elles se prêtent merveilleusement à la reproduction photographique des objets colorés, par voie d'analyse d'abord, puis par une reconstitution synthétique, dont l'analyse à l'état de clichés négatifs est la base.
A ce point de vue, le parallélisme entre les deux expositions qui nous occupent est fort à l'avantage de la plus récente où l'on a pu remarquer d'admirables résultats de cette belle application.
Il est d'autres nouveautés dignes d'être signalées sauf à y revenir, ainsi que sur celles qui précèdent, d'une façon plus détaillée.
Citons, par exemple, l'application d'une sorte de procédé au charbon à la création d’œuvres d'un intérêt plus artistique, d'un caractère plus personnel, il s'agit du procédé Artigue et d'un procédé analogue très répandu, parmi les amateurs surtout, désigné sous le nom de procédé à la gomme bichromatée; il se distingue du procédé au charbon courant par ce fait que le développement s'exécute directement, sans transfert, sur la surface de la mixtion impressionnée.
Dans la voie des impressions chimiques il est également une nouveauté vraiment intéressante à un point de vue industriel, c'est celle qui est relative à la photographie dite rotative (1) ([i]).
Les papiers gélatinés, sensibilisés au bromure d'argent, existaient déjà et étaient d'un emploi fréquent en 1889, mais on a perfectionné ce moyen d'impression à l'aide de machines spéciales permettant des tirages rapides et d'un coût relativement peu élevé.
L’œuvre n’est pas complètement mécanique puisqu'un développement chimique intervient après l'action lumineuse obtenue artificiellement, mais elle s'accomplit dans des conditions tellement pratiques, et par suite industrielles, qu'on peut arriver, par ce moyen, à des tirages réguliers autant que rapides, et, point important à constater, ces sortes d'images, bien que formées par un dépôt d'argent, semblent être douées, comme celles obtenues par développement, d'une stabilité bien autrement assurée que celle des épreuves à tirage visible sur divers composés argentiques.
De très grands progrès ont également été accomplis dans l’optique et dans les appareils photographiques.
Les objectifs ont été perfectionnés aussi bien quant à leurs conditions essentielles qu'à la composition de leurs matières.
Les appareils, surtout ceux qui ont la qualité principale d'être portatifs, se sont multipliés à l'infini, affectant les combinaisons et les formes les plus diverses et dénotant, de la part de leurs constructeurs, la plus grande ingéniosité.
C'est grãce aux facilités ainsi données à l'emploi, partout et par tous, de la reproduction photographique instantanée, bien souvent, que les applications de l'art de copie par la lumière ont pu se répandre et que des industries considérables ont pu se créer et prospérer pour la fabrication des accessoires, produits et plaques sensibles, compléments indispensables de l’emploi de la chambre noire.
Évidemment, entre l'Exposition de 1889 et celle de 1900, ce mouvement s'est produit et développé avec une surprenante rapidité, il est loin encore d'être arrivé au terme de sa progression.
Une autre nouveauté à signaler est celle de la cinématographie qui, en 1889, n'était guère représentée que par des spécimens de chronophotographie d'un caractère plus spécialement scientifique.
Après les magnifiques séances organisées par la Maison Lumière, le cinématographe s'est vulgarisÉ et a donnÉ lieu À la crÉation d'instruments de projections très variés conduisant tous au même but: la reproduction des objets en mouvement, des vues animées.
C'était l'action ajoutée à la copie du dessin et à la reproduction de la couleur. On voit tout l'intérêt que présente cette superbe application et de quelle utilité elle est pour la science.
Pour clore ce rapide coup d’œil jeté sur l'ensemble des principaux progrès réalisés depuis l'avant-dernière Exposition universelle, il nous reste à mentionner la découverte, en 1894, des rayons Rœntgen.
Ce fait ne semble pas, de prime abord, être du ressort immédiat de la photographie mais, en y réfléchissant, on arrive à trouver qu'il fait bien partie de son domaine, par la radiographie, puisqu'il consiste dans l’action exercée sur des plaques sensibles photographiques par des radiations qui, bien qu'invisibles, ne semblent pas moins appartenir á une zone spectrale située quelque part au delà des rayons ultra-violets; leur propriété a cela de spécial qu'elles peuvent agir à travers des corps opaques, impénétrables aux radiations antérieurement connues.
Ce fait, si intéressant qu'il soit, n'est encore qu'un point de départ vers des horizons bien autrement étendus.
Nous arrêterons l’à cet aperçu, ayant a entrer encore dans quelques considérations générales avant d'aborder les questions plus immédiatement tributaires de ce rapport.
Nous tenons pourtant à dire, dès maintenant, que l'exposé technique de chaque nature de procédé se trouvera reporté en tête de chacun des chapitres relatifs aux procédés, appareils, produits et accessoires, de même que l’importance et la variété des grandes applications artistiques, scientifiques et industrielles de la photographie se trouveront indiquées plus loin au chapitre spécial à ces applications.
CHAPITRE II.
GÉNÉRALITÉS SUR LA CLASSE 12.
La photographie occupe, dans la classification générale , la Classe 12 (1) ([ii]) ainsi que cela était lors de la précédente exposition. Elle comprend également tout l'ensemble des résultats ou procédés, du matériel et des produits.
La Classe 12 est décomposée en deux sections distinctes:
I. Matières premières, instruments et appareils de la photographie. Matériel des ateliers de photographie.
II(2) ([iii]). Photographie négative et positive sur verre, sur papier, sur bois, sur étoffe, sur émail. La Photogravure en creux et en relief; photocollographie; photolithographie. Épreuves stéréoscopiques. Agrandissements et micrographie photographiques. Photochronographie. Photochromie directe ou indirecte. Applications scientifiques et autres de la Photographie.
Ce programme ne diffère pas sensiblement de celui de 1889; on y a pourtant ajouté la Photochronographie et la Photochromie directe; il n'était question dans la classification de 1889 que de la Photochromie en général, la Radiographie n'y a pas été mentionnée.
Il y a lieu de remarquer que pour 1889 on n'avait prévu aucune catégorie distincte à établir pour le jugement et l'attribution des récompenses, tandis qu'en 1900, ainsi que l'indique la note ci-dessous, les exposants devaient être répartis en deux catégories, celle des savants et amateurs et celle des photographes ou photograveurs professionnels.
Le Rapporteur a ajouté au nom de chaque exposant un indice relatif à la catégorie dans laquelle il pouvait être classé.
Seulement, pour éviter l'abus des désignations trop diverses, il s'est borné aux
quatre indices suivants :
(P) pour les professionnels;
(M) pour le Matériel (produits , appareils, etc.) ;
(S) pour les Savants ;
(A) pour les Amateurs.
Malheureusement ces qualités n'ayant été indiquées ni dans les procès-verbaux des séances du Jury ni dans le Catalogue officiel, d'ailleurs fort incomplet, - vu que bon nombre d'exposants n’y figurent pas, - il se peut qu'un certain nombre d'erreurs aient été commises surtout en ce qui concerne les amateurs et les photographes professionnels.
Il est à désirer que, lors d'une nouvelle exposition, la caractéristique de chaque exposant soit bien nettement indiquée dans les demandes d'admission, dans le Catalogue et le Palmarès.
Il convient de remarquer, - et c'est une sorte d'atténuation aux indications erronées qui ont pu se produire, - que le nombre des amateurs exposants s'est trouvé fort restreint en dehors des deux collectivités celle du Photo-Club (1) ([iv]) de Paris et celle des Amateurs du Royaume-Uni (2) ([v]).
Nous croyons nécessaire de rappeler que la Photographie était bien à sa place parmi les arts libéraux comprenant :
Classe 11. La Typographie et autres impressions.
Classe 13. La Libraire, la Reliure et les Journaux.
Classe 14. Les Cartes et Appareils de Géographie et de Cosmographie. - Topographie.
Classe 15. Instruments de précision, Monnaies, Médailles.
Classe 16. Médicine et Chirurgie.
Classe 17. Instruments de musique.
Classe 18. Matériel de l’art théâtral.
Nous nous livrons à dessein à cette énumération pour que le moindre doute ne puisse résister a la comparaison, ou pour mieux dire, a l'assimilation possible, entre ces divers arts et sciences et la Photographie qui est bien un art graphique, un art de copie a l'aide duquel se trouve perfectionné et simplifié l'art spécial de la lithographie et de la Gravure, qui a remplacé l'art du miniaturiste pour portrait sur papier et sur émail; un art d'illustration du livre permettant l’introduction , au sein des textes divers, et á l'aide de reproductions purement automatiques, de vignettes rappelant les objets eux-mêmes et constituant, pour l'avenir, les souvenirs les plus exacts de la réalité et, par suite, les plus authentiques.
Cet ensemble de faits permet d'expliquer en même temps qu'en dépit du rôle si important joué par la photographie, comme auxiliaire des beaux-arts, elle ne saurait leur appartenir à un autre titre.
Non pas, qu'elle ne puisse conduire à faire œuvre personnelle, mais elle n'y arrive qu’à l'aide de moyens et de procédés exclusifs de toute création immédiate. Il lui faut toujours passer par une composition matérielle préalable à l’œuvre de copie automatique; une grande part peut donc être faite à l'art pur quant au choix des modèles, à leur arrangement, à leur éclairage, mais le résultat graphique n'est plus ensuite qu'un travail, a peu près mécanique, dont la conception artistique de l'opérateur n'est pourtant pas absolument exclue, puisqu'il peut, à son gré, régler, dans une certaine mesure, l’intensité des valeurs, exagérer ou atténuer les contrastes.
Aussi, tout en faisant la part la plus large à la somme d'art pur que peut comporter l'emploi de la photographie á l'exécution graphiques douées d'un caractère personnel, doit-on se montrer très sobre dans les appréciations tendant á l'assimilation de cette si merveilleuse méthode de copie aux arts d'interprétation et de création proprement dits.
Il ne résulte pas de cette réserve que la Photographie ne puisse être, au point de vue légal, considérée comme donnant droit à la propriété des œuvres qu'elle produit et par suite á une protection légale de ces œuvres.
Bien qu'il y ait eu des doutes à cet égard et que certaines législations en soient encore à attendre l'affirmation pratique de cette vérité, il semble maintenant admis, d'une façon très générale, que l'on peut compter sur la propriété de l’œuvre photographique. L'usage de la jurisprudence, à défaut d'une loi formelle, l'admet ainsi en France, et l'on est à se demander pourquoi ce qui est une vérité reconnue par tout le monde, tarde autant à faire l'objet d'une loi spéciale.
Il est vrai qu'en l'attendant on jouit du bénéfice de l'assimilation légale de la Photographie aux œuvres d'art pur. Il est peu que le jour où une loi spéciale sera votée, la propriété de l’œuvre photographique soit d'aussi longue durée et s'étende à cinquante ans après le décès de l'auteur. II est à craindre que cette loi soit plutôt analogue à celle qui est relative à la propriété industrielle dont la durée est bien moindre.
Quoi qu'il en soit l'opinion générale est de plus en plus favorable á la protection des œuvres photographiques et ce n'est plus qu'une question de degré quant à la durée de cette protection.
Lors de l'Exposition universelle de 1889, photograveurs avaient cru préférable à leurs intérêts d'exposer plutôt dans la Classe 11 (Imprimerie). La question fut posée à l'Administration, qui répondit qu'à son avis la photogravure devait faire partie de la Classe 12. Le même cas s'est présenté en 1900. L'Administration consultée s'est montrée moins explicite et la difficulté n'a pas été tranchée dans un sens nettement unilatéral.
Si nous consultons la classification générale, nous trouvons á la Classe 11, Titre II: « Spécimens, en noir et en couleur, de typographie, de lithographie, de taille-douce et d'impressions diverses », et encore « Épreuves de gravures et de dessins obtenus, reproduits, agrandis ou réduits par procédés mécaniques ou photographiques ».
D'autre part nous lisons à la Classe 12, II…… »Photogravure en creux et en relief; photocollographie, photolithographie, etc. »
Il est bien évident que ces deux classes admettent des similaires; seulement il est permis de distinguer entre la nature des produits exposés suivant qu'ils représentent soit les procédés employés pour réaliser la photogravure proprement dite, soit l'impression des clichés ou planches de photogravure.
Dans le premier cas, celui qui est relatif aux procédés employés, c'était dans la Classe 12 qu'on devait exposer et pour le deuxième, soit celui concernant l'impression proprement dite des planches ou clichés, la Classe 11 se trouvait naturellement indiquée.
Il est impossible d'admettre qu'on ait songé à faire juger par le Jury des imprimeurs les procédés photographiques propres a l'obtention des clichés ou planches de photogravure.
Toutefois la confusion s'est établie et l’on a vu des photograveurs récompensés dans les deux classes pour le même objet.
Il serait à désirer que l'on prît à l'avenir une décision dans un sens ou dans l'autre, et que les attributions des deux Classes 11 et 12 se trouvassent plus nettement définies en ce qui concerne la Photogravure et ses applications.
La plupart des photograveurs ne sont pas imprimeurs, il est donc surprenant que, récompensés dans la Classe 12 ils le soient encore dans la Classe 11 pour les impressions, qui ne sont pas de leur fait.
On peut concevoir qu'ils y aient montré les résultats de leurs planches gravées; mais il semble, d'autre part, que le Jury de la Classe 11 n'avait qu'à s'en rapporter à ce que déciderait celui de la Classe 12 quant à la valeur intrinsèque des photogravures.
Il y a donc là une confusion sur laquelle il est opportun d'appeler l'attention des personnes qui auraient ultérieurement à établir une classification en vue d'une nouvelle Exposition.
Nous proposerions de compléter les indications de la Classe 11 par les mots: Spécimens et épreuves de gravures considérés seulement au point de vue de la qualité de leur impression; et a la Classe 12, la suite des mots Photogravure en creux et en relief, etc., on ajouterait: Considéré au point de vue de la qualité des procédés employés.
De cette façon on laisserait aux imprimeurs le soin de juger les résultats obtenus des clichés ou planches et aux photographes la mission d'apprécier la valeur des procédés de photogravure d'après les résultats obtenus.
Avant d'en finir avec ces considérations d'un ordre tout général, nous croyons devoir rappeler ce qui a été dit précédemment au sujet de la différence existant entre des produits également récompensés bien que ne présentant pas á beaucoup prés la même valeur.
En admettant, par exemple, qu'on pût indiquer par 25 le coefficient de telle maison, celui de tel autre grand prix ne serait plus que de 10 ou 12.
Il y a là une disproportion, dans l'octroi des récompenses identiques, qui demanderait à être corrigée ne fut-ce que par l'attribution de degrés divers à cette même récompense. On aurait, en pareil cas, décerné à telle maison un diplôme de grand prix de 1re classe et à telle autre celui de 3e ce qui permettrait au moins d'établir des degrés dans les récompenses et une proportionnalité mieux en rapport avec la réalité.
C'est là une question délicate qui se représente à chaque nouvelle exposition; aussi y aurait-il lieu de rechercher s'il n'y aurait pas autre chose à faire à l'avenir.
Nous répéterons donc ce que nous disions déjà en 1880: « L'écart entre les œuvres et la similitude entre les récompenses, tel, est le point de vue à examiner pour y porter remède, si possible.»
Pour faciliter la comparaison entre le nombre et les nationalités des exposants
par rapport à ceux de 1889, nous avons établi sur les mêmes bases le tableau ci-après.
RÉSUMÉ GÉNÉRAL DES RÉCOMPENSES PAR NATIONALITÉ.
NATIONALIÉS HORS CONCOURS GRANDS
PRIX MÉDAILLES MENTIONS HONORABLES TOTAUX COLLABORATEURS
D’OR D’ARGENT DE BRONZE
France et colonies 17 12 45 92 99 37 285 126
Allemagne 1 2 12 18 14 7 53 3
Autriche # 3 6 4 # # 13 17
Belgique 1 # 1 1 1 4 7 2
Bosnie-Herzégovine # # # 2 1 2 5 #
Bulgarie # # # 1 2 2 5 #
Chine # # # 1 # 2 3 #
Danemark # # 1 6 2 1 10 7
Équateur # # # 2 1 2 5 #
Espagne # # 2 1 4 2 9 #
États-Unis # 1 7 15 7 5 35 2
Grande-Bretagne 1 2 15 20 25 2 64 8
Grèce 1 # 1 1 1 # 3 #
Guatémala # # # 1 # # 1 #
Hongrie # 1 3 2 3 1 10 9
Italie # 1 4 2 4 3 14 3
Japon # # 2 3 5 # 10 #
Luxembourg # # 1 1 # # 2 #
Maroc # # # 1 # # 1 #
Mexique # # 3 9 10 9 31 #
Monaco # # # 1 # # 1 #
Norvège # # # 2 1 # 3 #
Pays-bas # # # 2 # # 2 #
Pérou # # 1 1 2 # 4 1
Perse # # # # 1 # 1 #
Portugal # # 1 4 2 3 10 #
Roumanie # # # 1 3 2 6 #
Russie # 1 3 11 4 3 22 8
Saint-Marin # # # # 1 # 1 #
Serbie # # # # 1 # 1 #
Suède # # 2 1 1 # 4 2
Suisse 2 1 4 3 4 2 14 4
Turquie # # # # # 1 1 #
Totaux 23 24 114 209 199 90 636 192
Les exposants peuvent être divisés en cinq catégories:
- Photographes professionnels.
- Savants et amateurs.
- produits et accessoires.
- Opticiens et constructeurs
- Photographie mécanique, impressions.
RÉCOMPENSES DÉCERNÉES À CHACUNE DES CINQ CATÉGORIES
PHOTOGRAPHES PROFESSIONNELS.
Grands prix ………………………………………………………... 7
Médailles d'or ……………………………………………………… 60
Médailles d'argent ………………………………………………… 85
Médailles de bronze ………………………………………………. 85
Mentions ………………………………………………………… 58
Total ………………………………………………………………………………. 295
SAVANTS ET AMATEURS.
Grands prix ………………………………………………………… 6
Médailles d'or ……………………………………………………… 13
Médailles d'argent ………………………………………………… 46
Médailles de bronze ……………………………………………… 46
Mentions …………………………………………………………… 14
Total ………………………………………………………………………………. 125
PRODUITS ET ACCESSOIRES.
Grands prix ………………………………………………………… 3
Médailles d'or ……………………………………………………… 10
Médailles d'argent ………………………………………………… 44
Médailles de bronze ……………………………………………… 22
Mentions ………………………………………………………… 5
Total ………………………………………………………………………………. 84
OPTICIENS ET CONSTRUCTEURS .
Grands prix ………………………………………………………… 3
Médailles d'or ………………………………………………………… 19
Médailles d'argent ………………………………………………… 23
Médailles de bronze ………………………………………………… 33
Mentions ……………………………………………………………… 10
Total ………………………………………………………………………………. 88
PHOTO MÉCANIQUE.
Grands prix ………………………………………………………… 5
Médailles d'or ………………………………………………………… 12
Médailles d'argent ……………………………………………… 11
Médailles de bronze ……………………………………………… 13
Mentions ……………………………………………………………… 3
Total ………………………………………………………………………………. 44
De prime abord, nous constatons que le nombre total des exposants est de 953, soit supérieur de 427 à celui de 1889 qui n’était que de 526. Celui de 1878 n’était que de 480.
Ainsi il y a progression sans cesse croissante dans le nombre des exposants dans la période afférente aux trois dernières expositions universelles consécutives.
En 1900, 39 nations diverses ont participé à l'Exposition en y comprenant, comme envois distincts, ceux des colonies françaises et pays de protectorat.
Il est utile de rappeler à ce propos que l'exiguïté relative des surfaces accordées aux exposants a été la cause du refus d'exposer de la part d'un assez grand nombre d'auteurs de demandes d'admission.
Ainsi, pour la section française seulement, les demandes d'admission pour les surfaces murales s'élevaient d'abord à prés de 4,000 mètres carrés, et elles se sont trouvées, faute d'une surface disponible suffisante, réduite à 600 mètres carrés environ.
Pour les surfaces sur sol, la réduction a subi les mêmes proportions. Assurément, si l’on eût pu disposer d'une surface totale plus considérable, l’ensemble de l'exposition photographique eût été bien autrement complet et intéressant.
Il semble nécessaire, avant d'en finir avec ces considérations, de faire remarquer 1es difficultés qu'avait le Jury à tenir compte de toutes les données multiples afférentes à la fois aux progrès dus à l’invention, à ceux réalisés dans l'application et à une foule d'autres éléments divers, au sujet desquels l'appréciation aurait dû pouvoir s'appuyer sur des expériences, impossibles au moment des réunions du Jury.
Comment, en effet, apprécier la valeur de plaques de diverses provenances, d'objectifs divers, de produits de toute sorte?
Ce n'est guère que par la notoriété de certaines maisons de production, ayant fait leurs preuves, qu'on a pu arriver à les classer dans leur ordre de mérite.
En pareil cas, les exposants eux-mêmes savent que c'est la marque de fabrique, la boîte avec son étiquette, et non son contenu, souvent absent ou quelconque, qui peuvent guider le Jury dans ses appréciations.
Il n'y a guère que pour des produits absolument nouveaux, et dont l'essai, fait au moment même des réunions du Jury, pouvait servir à baser les appréciations sur des observations spéciales échappant à la notoriété proprement dite.
Ce qui vient d'être dit répond à certaines observations, plus ou moins fondées, à l'encontre de jugements portés par le Jury sans essais préalables.
C'est pourquoi le Jury a dû, dans bien des cas, fonder ses appréciations sur les efforts connus, sur les tendances notoires de telles maisons vers l'amélioration des instruments d'optique, vers l'emploi de formules susceptibles de donner les meilleurs résultats.
Il y a, d'ailleurs, à tenir compte des difficultés qu'avait à vaincre le Jury pour apprécier à leur valeur la multiplicité des épreuves et des appareils, produits et applications soumis à son examen.
Il a certainement voulu s'acquitter de sa mission de la façon la plus équitable et s'il n'a pu réussir à donner à chacun des exposants la satisfaction espérée, il n'est pas moins vrai qu'il a tenté, dans toute la mesure du possible, d'y arriver.
Il nous reste, après ces préliminaires utiles, à passer en revue les diverses catégories d’œuvres et d'objets exposés.
Nous croyons nécessaire de faire précéder chaque sorte de procédé d'une indication sommaire de ses bases essentielles.
L'Administration de 1' Exposition a exprimé le désir que, dans ce rapport, la science et les applications qui en font l'objet fussent arrêtées à leur état au terme du XIXe siècle, de façon que l'on pût avoir ce point de départ vers l'avenir.
C'est pourquoi l'examen rapide des méthodes appliquées actuellement s'impose, bien que résumé, dans les descriptions de chacun des principaux procédés.
Il a été exprimé des regrets sur l'impossibilité où s'est trouvé le Comité d'installation de la Classe 12 de mettre en œuvre l'emploi des procédés en présence du public; on aurait désiré voir pratiquer certaines méthodes de photogravure, de reproductions de couleurs; assister à des copies et à des synthèses cinématographiques, à des impressions collographiques, à des tirages de photographie rotative, etc.
Malheureusement la place nécessaire à de pareilles installations faisait défaut.
Ainsi qu'il a été dit plus haut, il a fallu réduire considérablement les surfaces demandées et c'eût été se mettre dans l'obligation de les réduire encore davantage que d'entrer dans la voie des applications immédiates de procédés exécutés sous les yeux des visiteurs.
Le Comité d'installation a dû reculer même devant l'organisation d'une salle spéciale aux projections de vues simples et animées; évidemment on aurait pu y donner des séances d'un grand intérêt pour le public , mais à la condition de priver les exposants d'environ 50 à 60 mètres carrés; c'était trop, après les premières réductions imposées déjà par l'insuffisance des surfaces accordées à la Classe 12.
On a dû y renoncer, de même qu'on s'est abstenu de créer un atelier modèle où auraient pu être essayés, en présence des intéressés, les appareils et produits photographiques.
Tout cela pourrait faire partie de l’ensemble d'une exposition spéciale de photographie, mais il n'y faut pas songer au sein d'une Exposition universelle où les surfaces font défaut même pour les exposants, toute mise en œuvre de procédés et d'applications pratiques étant absolument écartée.
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