1860, 30 de Abril
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T.L,
Nº. 18
Pag. 827, 828, 829
OROGRAPHIE. - Note sur l’applicntion de la photographie à la géographie physique et à la géologie; par M. A. Civiale.
« Les pays de montagnes ont fourni aux photographes un grand nombre de paysages qui offrent de l’intérêt sous le rapport pittoresque et artistique; mais on s’est peu occupé jusqu’ici des avantages que la géologie et la physique du globe peuvent retirer des épreuves photographiques prises dans des conditions nettement définies.
» MM. Élie de Beaumont et Regnault ont appelé mon attention sur ce sujet; c’est d’après les indications qu’ils ont bien voulu me donner, que j’ai fait l’an dernier, dans l’Oberland bernois, la série d’épreuves photographiques que j’ai l’honneur de présenter à l’Académie.
« J’indiquerai en quelques mots l’appareil dont je me suis servi, le procédé photographique et la maniére de prendre les vues. L’appareil est une chambre noire à soufflet très-portative, montée sur quatre branches et possédant une grande stabilité. La longueur focale de l’objectif à verres combinés est de 0m,72 au soleil, l’image produite sur la glace dépolie a 0m,37 sur 0m, 27; un niveau à bulle d’air, une boussole et un goniométre (I) ([i]) sont joints à l’appareil.
» Les épreuves ont été prises sur papier ciré sec, iodurées dans un bain de céroléine, et le temps de pose a varié de dix-sept à dix-neuf minutes pendant la dernière quinzaine de juillet et le mois d’août.
» Pour les vues formées d’une seule feuille, il suffit d’indiquer la direction de l’axe optique de l’instrument et l’angle vertical que la chambre noire fait avec l’horizon, si la pente du terrain et la proximité de la vue à prendre ne permettent pas de la maintenir dans une position horizontale. Dans les panoramas, il est indispensable, pour raccorder les épreuves, de placer la chambre noire dans une position horizontale; l’instrument tourne autour de son axe, de manière que la première feuille recouvre la deuxième de 1 centimètre et demi environ, et il en est de même pour les feuilles suivantes.
» Il faut indiquer le point de station, la hauteur au-dessus du niveau de la mer et la direction de l’axe optique pour chaque feuille, ou au moins pour les deux feuilles extrêmes. On aura, en consultant une carte détaillée du pays, la distance du point de station à un point quelconque de chacune des feuilles qui composent le panorama. Il faut également déterminer l’angle horizontal dans lequel la vue d’ensemble est comprise et prendre à l’aide du goniométre les angles verticaux que forme chacun des sommets reproduits au-dessus du point de station, pour pouvoir déterminer ensuite leur hauteur relative au-dessus de ce point.
« Ces indications sont nécessaires pour donner aux épreuves photographiques l’utilité dont elles peuvent être pour la science.
« Les épreuves que je mets sous les yeux de l’Académie se composent de panoramas, et d’un album de détails, pris principalement dans la partie orientale de l’Oberland bernois où le soulèvement paraît avoir été le plus considérable.
« Les panoramas pris du Faulhorn et du Sidelhorn donnent l’ensemble de la chaîne.
« Un panorama pris d’une colline derrière l’église de Grindelwald représente la vallée, la partie inférieure des montagnes et les deux glaciers.
» Le dernier panorama pris de la Wengernalp, à 200 mètres environ d l’ouest-nord-ouest de l’hôtel de la Jungfrau, représente une portion de 1’Eiger et du Mönch, la Jungfrau et le Silberhorn.
« Les vues de détails ont été prises dans la vallée de Grindelwald et sur la route de la Handeck au Grimsel; elles représentent les montagnes et les glaciers de la vallée, les roches polies et moutonnées, le cours de 1’Aar et ses glaciers, le glacier du Rhône, ainsi que la réduction des panoramas.
» J’ai ajouté à l’album quelques épreuves de neige prises dans 1’Oberland au mois de février dernier. J’ai reconnu que les formes des montagnes se dessinent plus nettement à cette époque de l’année que pendant l’été.
« Une légende explicative des vues de détails et des panoramas est jointe également à l’album, dont je prie l’Académie d’agréer l’hommage. «
Aprés avoir donné lecture de la Note de M. A. Civiale M. Elie de Beaumont signale à l’attention de l’Académie le caractére de vérité que présentent les différents panoramas placés sous ses yeux, et la précision avec laquelle y sont reproduits certaitrs détails assez difficiles à bien rendre par le dessin, notamment les accidents variés des glaciers, les surfaces montonnées et polies des environs de Grimsel et des giaciers de 1’Aar, les escarpements hardis des montagnes de la vallée de Grindelwald, etc.
([i]) (1) Ce goniomtre est un petit instrument, que j’ai fait exécuter pour déterminer les angles horizontaux et les angles verticaux à une minute près. Il se compose d’un support en bois renfermant un niveau à bulle d’air, d’une lunette avec vernier, d’un arc de cercle de 90 degrés se pliant en sens inverse de la lunette, et de deux pinnules se repliant sous le support en bois.
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T.L,
Nº. 18
Pag. 827, 828, 829
OROGRAPHIE. - Note sur l’applicntion de la photographie à la géographie physique et à la géologie; par M. A. Civiale.
« Les pays de montagnes ont fourni aux photographes un grand nombre de paysages qui offrent de l’intérêt sous le rapport pittoresque et artistique; mais on s’est peu occupé jusqu’ici des avantages que la géologie et la physique du globe peuvent retirer des épreuves photographiques prises dans des conditions nettement définies.
» MM. Élie de Beaumont et Regnault ont appelé mon attention sur ce sujet; c’est d’après les indications qu’ils ont bien voulu me donner, que j’ai fait l’an dernier, dans l’Oberland bernois, la série d’épreuves photographiques que j’ai l’honneur de présenter à l’Académie.
« J’indiquerai en quelques mots l’appareil dont je me suis servi, le procédé photographique et la maniére de prendre les vues. L’appareil est une chambre noire à soufflet très-portative, montée sur quatre branches et possédant une grande stabilité. La longueur focale de l’objectif à verres combinés est de 0m,72 au soleil, l’image produite sur la glace dépolie a 0m,37 sur 0m, 27; un niveau à bulle d’air, une boussole et un goniométre (I) ([i]) sont joints à l’appareil.
» Les épreuves ont été prises sur papier ciré sec, iodurées dans un bain de céroléine, et le temps de pose a varié de dix-sept à dix-neuf minutes pendant la dernière quinzaine de juillet et le mois d’août.
» Pour les vues formées d’une seule feuille, il suffit d’indiquer la direction de l’axe optique de l’instrument et l’angle vertical que la chambre noire fait avec l’horizon, si la pente du terrain et la proximité de la vue à prendre ne permettent pas de la maintenir dans une position horizontale. Dans les panoramas, il est indispensable, pour raccorder les épreuves, de placer la chambre noire dans une position horizontale; l’instrument tourne autour de son axe, de manière que la première feuille recouvre la deuxième de 1 centimètre et demi environ, et il en est de même pour les feuilles suivantes.
» Il faut indiquer le point de station, la hauteur au-dessus du niveau de la mer et la direction de l’axe optique pour chaque feuille, ou au moins pour les deux feuilles extrêmes. On aura, en consultant une carte détaillée du pays, la distance du point de station à un point quelconque de chacune des feuilles qui composent le panorama. Il faut également déterminer l’angle horizontal dans lequel la vue d’ensemble est comprise et prendre à l’aide du goniométre les angles verticaux que forme chacun des sommets reproduits au-dessus du point de station, pour pouvoir déterminer ensuite leur hauteur relative au-dessus de ce point.
« Ces indications sont nécessaires pour donner aux épreuves photographiques l’utilité dont elles peuvent être pour la science.
« Les épreuves que je mets sous les yeux de l’Académie se composent de panoramas, et d’un album de détails, pris principalement dans la partie orientale de l’Oberland bernois où le soulèvement paraît avoir été le plus considérable.
« Les panoramas pris du Faulhorn et du Sidelhorn donnent l’ensemble de la chaîne.
« Un panorama pris d’une colline derrière l’église de Grindelwald représente la vallée, la partie inférieure des montagnes et les deux glaciers.
» Le dernier panorama pris de la Wengernalp, à 200 mètres environ d l’ouest-nord-ouest de l’hôtel de la Jungfrau, représente une portion de 1’Eiger et du Mönch, la Jungfrau et le Silberhorn.
« Les vues de détails ont été prises dans la vallée de Grindelwald et sur la route de la Handeck au Grimsel; elles représentent les montagnes et les glaciers de la vallée, les roches polies et moutonnées, le cours de 1’Aar et ses glaciers, le glacier du Rhône, ainsi que la réduction des panoramas.
» J’ai ajouté à l’album quelques épreuves de neige prises dans 1’Oberland au mois de février dernier. J’ai reconnu que les formes des montagnes se dessinent plus nettement à cette époque de l’année que pendant l’été.
« Une légende explicative des vues de détails et des panoramas est jointe également à l’album, dont je prie l’Académie d’agréer l’hommage. «
Aprés avoir donné lecture de la Note de M. A. Civiale M. Elie de Beaumont signale à l’attention de l’Académie le caractére de vérité que présentent les différents panoramas placés sous ses yeux, et la précision avec laquelle y sont reproduits certaitrs détails assez difficiles à bien rendre par le dessin, notamment les accidents variés des glaciers, les surfaces montonnées et polies des environs de Grimsel et des giaciers de 1’Aar, les escarpements hardis des montagnes de la vallée de Grindelwald, etc.
([i]) (1) Ce goniomtre est un petit instrument, que j’ai fait exécuter pour déterminer les angles horizontaux et les angles verticaux à une minute près. Il se compose d’un support en bois renfermant un niveau à bulle d’air, d’une lunette avec vernier, d’un arc de cercle de 90 degrés se pliant en sens inverse de la lunette, et de deux pinnules se repliant sous le support en bois.
Sem comentários:
Enviar um comentário