1861, 15 de Julho
Le moniteur scientifique
Journal des Sciences pures et appliquées spécialement consacre aux chimistes et aux manufacturiers
par le dr . Quesneville
Paris
chez
M. Quesneville, rédacteur-propriétaire
55, rue de la Verrerie
T. III
110º Livraison
Pags. 385, 386, 387, 388
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T. III
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REVUE PHOTOGRAPHIQUE
La photographie anglaise est en émoi, presque en révolution, et cet émoi est justifié par les raisons les plus plausibles. Il s'agit de l'Exposition universelle qui doit s'ouvrir au mois de mai 1862. Tout se prépare en Angleterre pour cette grande solennité; le palais s'élève rapidement dans Hyde-Park, promettant de surpasser en grandeur, en majesté, le palais de cristal de 1851. Mais, en même temps que surgissaient du sol ses premières assises, paraissait un prognrnme général dont la classification attribuait à la photographie un rang indigne et absurde. Nos lecteurs ne sauraient jamais imaginer, en effet, dans quelle section les commissaires royaux ont cru devoir placer notre art si élégant et si délicat. Ce n'est pas dans la section des beaux-arts, ils s'en seraient bien gardés; ce n'est pas dans la section chimique ou nous aurions encore été déplacés, mais où cependant notre apparition eût été moins étrange, puisque nous usons de procédés chimiques; non, c'est au niilieu des machines, à côté des locomotives, des carrosses, des canons, des horloges, etc., que l'on avait imaginé de placer nos pauvres cadres! Et cependant, la Commission royale est composée des illustrations de notre pays, et l'organisation générale a été confiée par elle à l'un de nos plus grands savants, au Dr Lyon Playfair, qui devrait savoir nous comprendre, puisqu'il est chimiste, et que nos progrès sont nés, en somme, de la chimie.
Au premier moment de la publication de ce programme, une surprise, disons mieux, une véritable stupeur s'est emparée des photographes anglais.
La société de Londres, la plus ancienne de nos associations photographiques, s'est emparée de la question, et l'on ne saurait trop louer son président, Sr Frederick Pollock, de l'énergie qu'il a manifestée en cette circonstance. Les commissaires royaux avaient prié la Société de Londres de dresser une liste de jurés pour l'Exposition et de stimuler en même temps le zèle de tous les photographes. Avant d'accepter cette mission, M. Pollock s'est adressé à la Commission pour lui faire sentir l'inconvenance du classement, et, dans des termes très-énergiques, a demandé à lui présenter une députation de la Société de Londres chargée de conférer avec elle à ce sujet; mais cette démarche étant restée sans succès, la Commission royale s'étant rejetée sur le nombre de ses occupations pour ne pas recevoir la députation de la Société et ne point écouter ses motifs, la Société a cru devoir protester avec énergie, et elle a même été jusqu'à se demander si, au lieu de nommer un jury, au lieu de stimuler le zèle des photographes, elle ne devait pas, au contraire, les engager à s'abstenir de toute coopération à l'Exposition internationale. Et pour que la protestation eût plus de valeur, elle l'a adressée à la Société photographique de Paris, qui, ainsi qu'on devait le présumer, l'a accueillie avec la plus grande faveur, en déclarant qu'elle partageait à ce sujet la manière de voir de la Société de Londres, et qu'elle s'elevait avec force contre une classifîcation qui semblait vouloir transformer l'art photographique en une simple opération mécanique.
La question en est là: aucune décision nouvelle n'a été prise, la Commission n'a pas modifié son classement; cependant deux faits récents semblent faire espérer que la Société de Londres ne s'abstiendra pas, et que justice sera faite de ses réclamations. En effet, d'une part, M.Lyon Playfair a écrit à ce sujet à M. Pollock une lettre qui nons paraît assez rassurante; d'une antre, la Commission impériale françaisea fait dans son classement une section spéciale de la photographie, au lieu de la laisser mélangée avec les machines, etc.
Voici les phrases qui, dans la lettre du Dr Playfair, nous semblent devoir rassurer les photographes :
……. » La confusion des épreuves photographiques avec les instruments destinés à les produire est une grosse erreur scientifique. II y aurait autant d'ignorance à confondre les œuvres du sculpteur ou du graveur avec la coutellerie et les ciseaux, ou à placer les œuvres des peintres dans les classes renfermant les brosses et les produits chimiques. . . . .
En résumé, j'espère que vos efforts pour obtenir un changement dans la classification seront couronntés de succès, et que, d'une part, les instruments photographiques seront maintenus à leur place parmi les instruments scientifiques, dont ils formeront une sous-section, tandis que, d'une autre, les épreuves photographiques seront mises dans la position que leur assignent les récents progrès de votre art, et seront placées dans le groupe des beaux-arts, seul endroit où elles puissent être raisonnablement classifiées. «
Nos lecteurs le voient donc, l'organisateur de l'Exposition reconnaît qu'il s'est trompé : c'est aux commissaires royaux de réparer son erreur.
Si nous en jugeons par les actes de la Commission française, il en sera ainsi, tout permet de l'espérer; en effet, celle-ci vient de nommer pour le département de la Seine un jury d'admission, ce jury est divisé en neuf sections, dont une, entièrement spéciale, est chargée de l'examen des œuvres et appareils photographiques destinés à l'Exposition internationale. La Commission impériale l'a donc reconnu, nous ne sommes pas de simples machinistes; les commissaires royaux de S. M. la Reine le reconnaitront aussi.
Puisque nons nous occupé de cette importante question de l'Exposition, occupons-nous-en quelques instants encore; aussi bien, devons-nous indiquer à ceux de nos lecteurs qui s'occupent de l'art charmant de la photographie, les moyens qui doivent les mettre à même de concourir. Un jury d'admission, d'une composition très-irnportante a été nommé par la Commission impériale pour juger les produits du département de la Seine, et même, d'après certains bruits qui arrivent jusqu'à nous, la section photographique de ce jury pourrait bien être chargée de juger, à Paris, les œuvres de toute la France. Si cette dernière disposition n’était pas adoptée, l'examen aurait lieu dans chaque département par un, jury nommé simplement par le préfet. La section photographique est composée de gens qui, pour la plupart, sont bien connus des photographes français; ce sont : MM. Bayle-Mouillard, Benjamin Delessert, le comte Olympe Aguado, Bayard, Bertsch, Courmont, Davanne, Edouard Delessert, Duboscq, Girard, Hulot, Mailand, Niepce de Saint-Victor et Robert.
Ce jury siége au Palais de l’Industrie ; il distribue des bullelins d'inscription que l'on trouve en outre dans un grand nombre d'établissements publics, et par lesquels le photographe déclare s'il veut exposer, ce qu'il veut exposer, etc. Ces bulletins doivent être adressés au jury du 1er juillet au 15 août au plus tard ; les épreuves devront être remises seulement plus tard. Il faut donc se hâter, on le voit, pour se faire inscrire comme exposant; les autres détails pour l'organisation de l'Exposition nous sont encore inconnus; nous nous empresserons de les porter à la connaissance de nos lecteurs aussitôt qu'ils nous seront parvenus.
- Les dernières semaines n'ont pas vu naître, tant en Angleterre qu'en France, de grandes découvertes photographiques : c'est là chose toute naturelle, car nous voici dans la belle saison, et c'est alors que le photographe applique les procédés qu'il connaît, sans se laisser entraîner à la recherche de procédés nouveaux.
Cependant nous ne pouvons nous empêcher de revenir sur la dernière découverte de M. Poitevin, dont nous avons parlé déjà plusieurs fois, et notamment le 1er mai dernier; l'auteur, en effet, a fait faire à ce procédè des progrès extraordinaires, progrès qui lui ouvrent presque toutes grandes les portes de tous nos ateliers. Nos lecteurs se rappellent sans doute que ce procédé, destiné à fournir des épreuves positives au charbon, consiste à étendre sur une glace un mélange d'acide tartrique et de perchlorure de fer en dissolution ; exposé à la lumière, ce mélange subit une modification telle que les parties impressionnées deviennent humides, tandis que celles non frappées par la lurnière restent à l'état sec. Si l'on vient alors à frotter légèrement la surface avec un tampon de coton imprégné de charbon ou d'une poudre colorée quelconque, celle-ci, adhérant aux parties humides et glissant sur les parties sèches, produit, en charbon, une épreuve positive inaltérable ; il suffit ensuite, après avoir lavé, d'enlever l'image au moyen du collodion et de la reporter sur papier. Les premières épreuves de M. Poitevin n'étaient pas bien belles, elles manquaient de blancs et les noirs étaient gris; mais bientôt Ic petit tour de main que nous avons décrit dans notre Revue du 1er mai lui ayant permis, de, dépouiller aisément les blancs, il a pu, sans crainte, forcer les noirs et obtenir des épreuves de très bonne qualité. Depuis, sans nouvelle découverte et par de simples progrés d'adresse, il est parvenu à un succès complet ; à la dernière séance de la Société photographique, nous avons pu admirer (c'est le mot) de magnifiques épreuves de très-grandes dimensions (demi-feuille) préparées par ce procédé et ne présentant plus aucun défaut. D'ailleurs, le procédé de M. Poitevin est excessivement facile, excessiveiment pratique, et surtout, chose très-importante, il permet à l'opérateur de renforcer ou d'affaiblir à son gré telle ou telle partie du dessin qui lui paraît devoir être montée ou baissée de ton ; en un mot, il permet d'agir comme si l’on opérait avec une estompe ou un pinceau. C'est donc un procédé digne, de tous points, de notre attention, et nous en recommandons chaudement l'essai à ceux que préoccupe l'obtention d'épruuves positives inaltérables.
- M. Vernon Heath, l'un de nos meilleurs photographes et l'un des membres les plus actifs de la socidété de Blackeath, vient de publier une notice intéressante sur l'emploi de la tente de Smartt, destinée aux opérations en pleine lumière. Cette tente, dont l’usage s'est en quelques mois répandu rapidement en Angleterre, est certainement le plus charmant appareil de ce genre qui ait été construit jusqu'ici. Elle se composese de douze baguettes de 1 m. chacune environ; au moyen de vis, ces baguettes s'assemblent deux à deux. de maniére à constituer six pieds de 2 m. de hauteur. Ces pieds, réunis en croix par leur milieu, forment un systhème de triangle dont il serait difficile de faire comprendre la disposition sans une figure, mais qui présente une fixité et une régularité très-grandes. Sur ce chàssis, d'une sorte nouvelle, on jette simplement la tente noire. Le grand mérite de ce systhème réside surtout dans son extrême légèreté; à l'intérieur, il comporte des dispositions extrêmêment commodes et ingénieuses. Une tablette se pose à hauteur d'appui; son milieu est en gutta, percé d'un trou, et sert d'évier; les bains verticaux s'accrochent sur les côtés, des tasseaux supportent les glaces, etc.; enfin l'intérieur de cette tente constitue un petit atelier complet.
Après avoir ainsi décrit la tente de Sniartt, dont il se sert avec le plus grand avantage pour les excursions photographiques auxquelles il doit sa réputation, M. Vernon Heath à voulu faire part aux photographes de quelques intéressantes modifications apportées par lui aux manipulations du collodion en pleine campagne. La principale de ces modifications est relative au mode de développement. L'agent révélaleur dont fait usagc M. Vernon présente, à peu de chose près, la composition ordinaire, mais son mode d'emploi est différent. Au lieu de verser sur la glace le liquide à la concentration qu'il possède, cet habile opérateur commence par la mouiller avec la quantité d'eau nécessaire pour la recouvrir, 60 grammes environ; lorsque cette eau a séjourné quelqnes instants, il la rejette dans le vase où elle était primitivement; puis, a cette solution, il ajoute une petite quantité du révélateur, de telle sorte qu'il réalise ainsi le triple avantage: 1º d'opérer sur une glace parfaitement et uniformément mouillée; 2º de ne point agir en présence d'une grande quantité de nitrate d'argent; 3º enfin, de n'employer qu'un révélateur très-doux qui développe l'épreuve doucement, sans brusquerie et en faisant sortir peu à peu tous les détails. II achève, bien entendu; avec le révélateur concentré, de manière à donner aux noirs de la vigueur et de l'intensité. Une autre modification non moins importante consiste en ceci que M. Vermon Heath remet le fixage de l'épreuve au soir ou même au lendemain du jour où l'épreuve a été prise. Un petit tour de main lui permet de réaliser cet important perfectionnement; le développement fini, l'épreuve, bien lavée, est placée dans la boîte à rainures dont les fonds opposés sont garnis de papier buvard humecté; grâce à la présence de l'humidité que ceux-ci répandent dans la boîte, les glaces restent assez moites, même durant une journée entière, pour qu'on puisse, au lendemain d'une excursion, les traiter sans aucune espèce de crainte, par l’hiyposulfite de soude.
- Terminons cette Revue par un petit fait qui montre quels services journaliers rend la photographie et à quel point elle pénètre dans les mœurs. II y a quelque temps, une personne d'un haut rang quitte Lisbonne pour venir à Paris, emportant avec elle une traite sur un banquier de Paris, et dont le montant atteignait des sommes considérables; en route, la traite se perd; le porteur prévient. par le télègraphe, le banquier de Lisbonne, qui, de même et par le télégraphe électrique, prévient le banquier de Paris, et met opposition au paiement de la traite. Mais, en même temps, il adresse à celui-ci le portrait photographique du personnage porteur de la traite, en ordonnant de lever l'opposition aussitôt que le paiement serait réclamé par l'original de cc portrait. Inutile d'ajouter que ce système de correspondance et de preuves a parfaitement réussi, et a permis d'éviter mille contrariétés aux différentes personnes dont les intérêts se trouvaient en jeu.
Th. Bemfield.
REVUE PHOTOGRAPHIQUE
La photographie anglaise est en émoi, presque en révolution, et cet émoi est justifié par les raisons les plus plausibles. Il s'agit de l'Exposition universelle qui doit s'ouvrir au mois de mai 1862. Tout se prépare en Angleterre pour cette grande solennité; le palais s'élève rapidement dans Hyde-Park, promettant de surpasser en grandeur, en majesté, le palais de cristal de 1851. Mais, en même temps que surgissaient du sol ses premières assises, paraissait un prognrnme général dont la classification attribuait à la photographie un rang indigne et absurde. Nos lecteurs ne sauraient jamais imaginer, en effet, dans quelle section les commissaires royaux ont cru devoir placer notre art si élégant et si délicat. Ce n'est pas dans la section des beaux-arts, ils s'en seraient bien gardés; ce n'est pas dans la section chimique ou nous aurions encore été déplacés, mais où cependant notre apparition eût été moins étrange, puisque nous usons de procédés chimiques; non, c'est au niilieu des machines, à côté des locomotives, des carrosses, des canons, des horloges, etc., que l'on avait imaginé de placer nos pauvres cadres! Et cependant, la Commission royale est composée des illustrations de notre pays, et l'organisation générale a été confiée par elle à l'un de nos plus grands savants, au Dr Lyon Playfair, qui devrait savoir nous comprendre, puisqu'il est chimiste, et que nos progrès sont nés, en somme, de la chimie.
Au premier moment de la publication de ce programme, une surprise, disons mieux, une véritable stupeur s'est emparée des photographes anglais.
La société de Londres, la plus ancienne de nos associations photographiques, s'est emparée de la question, et l'on ne saurait trop louer son président, Sr Frederick Pollock, de l'énergie qu'il a manifestée en cette circonstance. Les commissaires royaux avaient prié la Société de Londres de dresser une liste de jurés pour l'Exposition et de stimuler en même temps le zèle de tous les photographes. Avant d'accepter cette mission, M. Pollock s'est adressé à la Commission pour lui faire sentir l'inconvenance du classement, et, dans des termes très-énergiques, a demandé à lui présenter une députation de la Société de Londres chargée de conférer avec elle à ce sujet; mais cette démarche étant restée sans succès, la Commission royale s'étant rejetée sur le nombre de ses occupations pour ne pas recevoir la députation de la Société et ne point écouter ses motifs, la Société a cru devoir protester avec énergie, et elle a même été jusqu'à se demander si, au lieu de nommer un jury, au lieu de stimuler le zèle des photographes, elle ne devait pas, au contraire, les engager à s'abstenir de toute coopération à l'Exposition internationale. Et pour que la protestation eût plus de valeur, elle l'a adressée à la Société photographique de Paris, qui, ainsi qu'on devait le présumer, l'a accueillie avec la plus grande faveur, en déclarant qu'elle partageait à ce sujet la manière de voir de la Société de Londres, et qu'elle s'elevait avec force contre une classifîcation qui semblait vouloir transformer l'art photographique en une simple opération mécanique.
La question en est là: aucune décision nouvelle n'a été prise, la Commission n'a pas modifié son classement; cependant deux faits récents semblent faire espérer que la Société de Londres ne s'abstiendra pas, et que justice sera faite de ses réclamations. En effet, d'une part, M.Lyon Playfair a écrit à ce sujet à M. Pollock une lettre qui nons paraît assez rassurante; d'une antre, la Commission impériale françaisea fait dans son classement une section spéciale de la photographie, au lieu de la laisser mélangée avec les machines, etc.
Voici les phrases qui, dans la lettre du Dr Playfair, nous semblent devoir rassurer les photographes :
……. » La confusion des épreuves photographiques avec les instruments destinés à les produire est une grosse erreur scientifique. II y aurait autant d'ignorance à confondre les œuvres du sculpteur ou du graveur avec la coutellerie et les ciseaux, ou à placer les œuvres des peintres dans les classes renfermant les brosses et les produits chimiques. . . . .
En résumé, j'espère que vos efforts pour obtenir un changement dans la classification seront couronntés de succès, et que, d'une part, les instruments photographiques seront maintenus à leur place parmi les instruments scientifiques, dont ils formeront une sous-section, tandis que, d'une autre, les épreuves photographiques seront mises dans la position que leur assignent les récents progrès de votre art, et seront placées dans le groupe des beaux-arts, seul endroit où elles puissent être raisonnablement classifiées. «
Nos lecteurs le voient donc, l'organisateur de l'Exposition reconnaît qu'il s'est trompé : c'est aux commissaires royaux de réparer son erreur.
Si nous en jugeons par les actes de la Commission française, il en sera ainsi, tout permet de l'espérer; en effet, celle-ci vient de nommer pour le département de la Seine un jury d'admission, ce jury est divisé en neuf sections, dont une, entièrement spéciale, est chargée de l'examen des œuvres et appareils photographiques destinés à l'Exposition internationale. La Commission impériale l'a donc reconnu, nous ne sommes pas de simples machinistes; les commissaires royaux de S. M. la Reine le reconnaitront aussi.
Puisque nons nous occupé de cette importante question de l'Exposition, occupons-nous-en quelques instants encore; aussi bien, devons-nous indiquer à ceux de nos lecteurs qui s'occupent de l'art charmant de la photographie, les moyens qui doivent les mettre à même de concourir. Un jury d'admission, d'une composition très-irnportante a été nommé par la Commission impériale pour juger les produits du département de la Seine, et même, d'après certains bruits qui arrivent jusqu'à nous, la section photographique de ce jury pourrait bien être chargée de juger, à Paris, les œuvres de toute la France. Si cette dernière disposition n’était pas adoptée, l'examen aurait lieu dans chaque département par un, jury nommé simplement par le préfet. La section photographique est composée de gens qui, pour la plupart, sont bien connus des photographes français; ce sont : MM. Bayle-Mouillard, Benjamin Delessert, le comte Olympe Aguado, Bayard, Bertsch, Courmont, Davanne, Edouard Delessert, Duboscq, Girard, Hulot, Mailand, Niepce de Saint-Victor et Robert.
Ce jury siége au Palais de l’Industrie ; il distribue des bullelins d'inscription que l'on trouve en outre dans un grand nombre d'établissements publics, et par lesquels le photographe déclare s'il veut exposer, ce qu'il veut exposer, etc. Ces bulletins doivent être adressés au jury du 1er juillet au 15 août au plus tard ; les épreuves devront être remises seulement plus tard. Il faut donc se hâter, on le voit, pour se faire inscrire comme exposant; les autres détails pour l'organisation de l'Exposition nous sont encore inconnus; nous nous empresserons de les porter à la connaissance de nos lecteurs aussitôt qu'ils nous seront parvenus.
- Les dernières semaines n'ont pas vu naître, tant en Angleterre qu'en France, de grandes découvertes photographiques : c'est là chose toute naturelle, car nous voici dans la belle saison, et c'est alors que le photographe applique les procédés qu'il connaît, sans se laisser entraîner à la recherche de procédés nouveaux.
Cependant nous ne pouvons nous empêcher de revenir sur la dernière découverte de M. Poitevin, dont nous avons parlé déjà plusieurs fois, et notamment le 1er mai dernier; l'auteur, en effet, a fait faire à ce procédè des progrès extraordinaires, progrès qui lui ouvrent presque toutes grandes les portes de tous nos ateliers. Nos lecteurs se rappellent sans doute que ce procédé, destiné à fournir des épreuves positives au charbon, consiste à étendre sur une glace un mélange d'acide tartrique et de perchlorure de fer en dissolution ; exposé à la lumière, ce mélange subit une modification telle que les parties impressionnées deviennent humides, tandis que celles non frappées par la lurnière restent à l'état sec. Si l'on vient alors à frotter légèrement la surface avec un tampon de coton imprégné de charbon ou d'une poudre colorée quelconque, celle-ci, adhérant aux parties humides et glissant sur les parties sèches, produit, en charbon, une épreuve positive inaltérable ; il suffit ensuite, après avoir lavé, d'enlever l'image au moyen du collodion et de la reporter sur papier. Les premières épreuves de M. Poitevin n'étaient pas bien belles, elles manquaient de blancs et les noirs étaient gris; mais bientôt Ic petit tour de main que nous avons décrit dans notre Revue du 1er mai lui ayant permis, de, dépouiller aisément les blancs, il a pu, sans crainte, forcer les noirs et obtenir des épreuves de très bonne qualité. Depuis, sans nouvelle découverte et par de simples progrés d'adresse, il est parvenu à un succès complet ; à la dernière séance de la Société photographique, nous avons pu admirer (c'est le mot) de magnifiques épreuves de très-grandes dimensions (demi-feuille) préparées par ce procédé et ne présentant plus aucun défaut. D'ailleurs, le procédé de M. Poitevin est excessivement facile, excessiveiment pratique, et surtout, chose très-importante, il permet à l'opérateur de renforcer ou d'affaiblir à son gré telle ou telle partie du dessin qui lui paraît devoir être montée ou baissée de ton ; en un mot, il permet d'agir comme si l’on opérait avec une estompe ou un pinceau. C'est donc un procédé digne, de tous points, de notre attention, et nous en recommandons chaudement l'essai à ceux que préoccupe l'obtention d'épruuves positives inaltérables.
- M. Vernon Heath, l'un de nos meilleurs photographes et l'un des membres les plus actifs de la socidété de Blackeath, vient de publier une notice intéressante sur l'emploi de la tente de Smartt, destinée aux opérations en pleine lumière. Cette tente, dont l’usage s'est en quelques mois répandu rapidement en Angleterre, est certainement le plus charmant appareil de ce genre qui ait été construit jusqu'ici. Elle se composese de douze baguettes de 1 m. chacune environ; au moyen de vis, ces baguettes s'assemblent deux à deux. de maniére à constituer six pieds de 2 m. de hauteur. Ces pieds, réunis en croix par leur milieu, forment un systhème de triangle dont il serait difficile de faire comprendre la disposition sans une figure, mais qui présente une fixité et une régularité très-grandes. Sur ce chàssis, d'une sorte nouvelle, on jette simplement la tente noire. Le grand mérite de ce systhème réside surtout dans son extrême légèreté; à l'intérieur, il comporte des dispositions extrêmêment commodes et ingénieuses. Une tablette se pose à hauteur d'appui; son milieu est en gutta, percé d'un trou, et sert d'évier; les bains verticaux s'accrochent sur les côtés, des tasseaux supportent les glaces, etc.; enfin l'intérieur de cette tente constitue un petit atelier complet.
Après avoir ainsi décrit la tente de Sniartt, dont il se sert avec le plus grand avantage pour les excursions photographiques auxquelles il doit sa réputation, M. Vernon Heath à voulu faire part aux photographes de quelques intéressantes modifications apportées par lui aux manipulations du collodion en pleine campagne. La principale de ces modifications est relative au mode de développement. L'agent révélaleur dont fait usagc M. Vernon présente, à peu de chose près, la composition ordinaire, mais son mode d'emploi est différent. Au lieu de verser sur la glace le liquide à la concentration qu'il possède, cet habile opérateur commence par la mouiller avec la quantité d'eau nécessaire pour la recouvrir, 60 grammes environ; lorsque cette eau a séjourné quelqnes instants, il la rejette dans le vase où elle était primitivement; puis, a cette solution, il ajoute une petite quantité du révélateur, de telle sorte qu'il réalise ainsi le triple avantage: 1º d'opérer sur une glace parfaitement et uniformément mouillée; 2º de ne point agir en présence d'une grande quantité de nitrate d'argent; 3º enfin, de n'employer qu'un révélateur très-doux qui développe l'épreuve doucement, sans brusquerie et en faisant sortir peu à peu tous les détails. II achève, bien entendu; avec le révélateur concentré, de manière à donner aux noirs de la vigueur et de l'intensité. Une autre modification non moins importante consiste en ceci que M. Vermon Heath remet le fixage de l'épreuve au soir ou même au lendemain du jour où l'épreuve a été prise. Un petit tour de main lui permet de réaliser cet important perfectionnement; le développement fini, l'épreuve, bien lavée, est placée dans la boîte à rainures dont les fonds opposés sont garnis de papier buvard humecté; grâce à la présence de l'humidité que ceux-ci répandent dans la boîte, les glaces restent assez moites, même durant une journée entière, pour qu'on puisse, au lendemain d'une excursion, les traiter sans aucune espèce de crainte, par l’hiyposulfite de soude.
- Terminons cette Revue par un petit fait qui montre quels services journaliers rend la photographie et à quel point elle pénètre dans les mœurs. II y a quelque temps, une personne d'un haut rang quitte Lisbonne pour venir à Paris, emportant avec elle une traite sur un banquier de Paris, et dont le montant atteignait des sommes considérables; en route, la traite se perd; le porteur prévient. par le télègraphe, le banquier de Lisbonne, qui, de même et par le télégraphe électrique, prévient le banquier de Paris, et met opposition au paiement de la traite. Mais, en même temps, il adresse à celui-ci le portrait photographique du personnage porteur de la traite, en ordonnant de lever l'opposition aussitôt que le paiement serait réclamé par l'original de cc portrait. Inutile d'ajouter que ce système de correspondance et de preuves a parfaitement réussi, et a permis d'éviter mille contrariétés aux différentes personnes dont les intérêts se trouvaient en jeu.
Th. Bemfield.
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