domingo, 11 de outubro de 2009

1852
11 de Maio
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
Janvier-Juin
T. XXXIV
Nº. 19
Pag. 725, 726, 727, 728, 729

PHOTOGRAPHIE. - Notice sur l'emploi du collodion dans la photographie; par M. BINGHAM

« La photographie a fait des progrès rapides depuis deux ans, surtout dans la méthode d'opérer sur papier et sur verre. On ne peut contester à M. Niepce le mérite d'avoir puissamment contribué au perfectionnernent de cet art, par sa belle découverte du procédé de l'albumine sur verre. Les admirables épreuves obtenues par M. Martens, d'après ce moyen, sont d'une beauté de dessin, d'une netteté et d'une finesse de détail qui ne laissent rien à désirer. Néanmoins, on ne peut dissimuler le grave inconvénient que présente ce procédé; la longueur de l'exposition dans la chambre obscure pour obtenir une image, fait qu'on est presque obligé d'en limiter l'application au paysage et à l'architecture, et de renoncer à l'employer pour le portrait.
« Je vais exposer les détails d'un procédé sur verre à l'aide du collodion ; ce procédé rivalise en beauté avec la plaque albuininée, et surpasse même le daguerréotype en sensibilité à la lumière.
» Dans une brochure sur la photographie, que j'ai publiée à Londres il y a deux ans (janvier 1850), j'ai signalé l'emploi du collodion dans la photographie, et communiqué cette découverte aux photographes les plus distingués de Londres; mais ce n'est que depuis peu de temps que l'on en a apprécié tous les avantages. Le procédé est très-simple; il consiste uniquement dans la substitution d'une couche de collodion à l'albumine de M. Niepce. Tout opérateur habitué aux manipulations de l'albumine sur verre ne peut manquer de réussir avec le collodion et d'arriver aux résultats les plus heureux.
« Pour obtenir une image, on peut suivre deux ou trois méthodes différentes que je vais maintenant indiquer. Nous diviserons les manipulations en quatre opérations distinctes :
« 1º. La préparation du collodion ;
« 2º. L'application du collodion sur la plaque ;
« 3º. Le développement de l'image ;
« 4º. La fixation.»
Préparation du collodion. - Le collodion se prépare en faisant dissoudre du coton-poudre dans de l'éther; il est nécessaire que le coton-poudre et l'éther employés pour cette préparation soient parfaitement purs, c'est-à-dire qu'ils ne contiennent pas la moindre partie d'acide sulfurique ou nitrique.
« Le collodion est plus ou moins liquide, suivant les proportions de coton-poudre et d'éther que l'on emploie. Il faut que sa liquidité soit telle, qu'en le versant sur une plaque de verre, il coule et s'étende facilement sur toute la surface. S'il est trop épais, on y ajoute de l'éther pur, jusqu'à ce que l'on ait atteint le degré de liquidité convenable pour bien opérer: quelques essais suffiront pour y arriver. Si le collodion était trop épais, il serait difficile d'obtenir une surface uniforme; si, au contraire, il était trop liquide, sa sensibilité serait très-faible.
» On verse le collodion dans un flacon de 6 onces contenant 53 grains d'iodure d'ammonium et 2 grains de fluorure de potassium avec 4 ou 5 gouttes d'eau distillée. L'iodure d'ammonium ne doit pas se trouver entierement dissous dans l'eau, c'est-à-dire que la proportion d'eau ne doit pas être suffisante pour faire une dissolution parfaite. Il suffit que le sel soit presque dissous; la solution se complète par l'addition du collodion.
» Il est important de faire attention à ces détails, et voici pourquoi : Si 1'on avait mis trop d'eau dans le mélange, la couche de collodion ne tiendrait pas bien à la plaque et serait sujette a se détacher dans le bain de nitrate d'argent. Agitez le flacon une ou deux fois, et laissez reposer jusqu'à ce que le liquide devienne clair et limpide: sa couleur sera d'un jaune pâle; mais si, par hasard, il se trouvait que l'éther ou le collodion eût conservé quelque trace d'acide, alors il y aurait décomposition de l'iodure d'ammonium, et l'iode, en se dégageant, donnerait à ce liquide une coulenr rouge foncée.
« Cette méthode est la plus expéditive, mais aussi elle présente un peu plus de difficultés que celle avec le collodion ioduré, que je vais expliquer.
« Dans un flacon de 6 onces, introduisez 12 grains d'iodure de potassium et 7 ou 8 grains d'iodure d'argent; ajoutez quelques gouttes d'eau, mais pas plus qu'il n'en faut pour dissoudre l'iodure de potassium; après, remplissez le flacon de collodion amené au degré convenable de liquidité, agitez une fois ou deux, et laissez reposer le mélange pendant deux ou trois jours, jusqu'a ce qu'il devienne parfaitenient transparent: il devrait être presque blanc, d'ordiriaire il est un peu jaunâtre.
« Deuxième opération. Préparation de la plaque pour recevoir l'image. - Fixez la plaque de verre sur un morceau de gutta-percha: cette matière se colle facilement au verre lorsqu'elle est chauffée; versez quelques gouttes d'ammoniaque mélangée avec du tripoli, frottez le verre avec du coton en décrivant de petits cercles, comme pour la plaque du daguerréotype; ensuite enlevez, avec un autre tampon decoton, le tripoli resté sur le verre; versez un second mélange de tripoli et d'alcool, et ftottez comme avec le premier mélange: il reste peut-être encore quelques particules de tripoli et des fibres de coton. Afin de les enlever, versez un peu d'alcool pur, faites un tampon bien serré, de manière que les fibres du coton ne ressortent pas, et frottez la plaque avec le plus grand soin; enfin, frottez une dernière fois avec un nouveau tampon sec. On reconnaît qu'elle est apte a être employée quand, en respirant dessus, l'humidité se condense uniformément sur toute la surface. Tenant toujours la plaque par son manche de guttapercha, versez doucement dessus le collodion, et inclinez-la de côté et d'autre, afin que le liquide s'étende bien jusque dans les angles; alors reversez dans le flacon, par un de ses angles, l'excédant du liquide: la plaque paraîtra alors couverte de rainures très-fines, toutes perpendiculaires dans la direction de l'écoulement; en l'inclinant dans un autre sens, les rainures se confondent et la couche devient mince et uniforme. Alors, avant que le collodion ait eu le temps de se sécher, on introduit la plaque dans un bain de nitrate d'argent, la surface préparée en dessous.« Ce bain doit contenir 40 grains de nitrate d'argent par once d'eau distillée. La surface de la plaque ne sera pas mouillée tout de suite. Il faut un certain espace de temps pour que l'éther se mélange à l'eau; on laisse donc séjourner la plaque dans le bain au moins une demi-minute sans la laisser toucher le fond de la cuvette, et la supportant à l'aide d'un crochet en argent ou en platine.« Dès que l'on s'aperçoit que la plaque se recouvre d'une couche blanchâtre uniforme et que l'eau coule bien sur toute sa surface, on l'enlève et on la place tout de suite dans le châssis de la chambre noire: il ne faudrait pas être plus de dix minutes ou un quart d'heure à l'employer; le plus tôt est le mieux.
» Développement de l'image. - Placez le verre sur un support, et versez rapidement sur la surface une solution composée de 2 parties d'acide pyrogallique, 60 parties d'acide acétique glacial et 500 parties d'eau: si l'exposition à la chambre noire n'avait pas été suffisante, on pourrait ajouter quelques gouttes de nitrate d'argent; mais d'ordinaire cela n'est pas nécessaire.
» Dès que l'image est bien développée, ce qui prend environ deux minutes, on lave avec un courant d'eau, puis on fixe en versant sur l'image une solution d'hyposulfite de soude saturé. La couche d'iodure d'argent disparaît et l'on aperçoit l'image, qui quelquefois est positive; ensuite on lave à grande eau pour enlever tout l'hyposulfite; alors on fait sécher la plaque soit à la lampe, soit spontanément à l'air: avant la dessiccation, la couche est très-tendre; après, elle durcit et se colle au verre comme l'albumine.
» Au moyen de ce procédé, il serait aisé, si on le voulait, d'obtenir tout d'abord une image positive d'une grande beauté, et possédant beaucoup plus de force et de pureté que celles du daguerréotype, et n'ayant pas, comme ces dernières, l'inconvénient d'un miroitage qui ne permet de les bien voir que dans une position déterminée. Pour ohtenir ce résultat, l'exposition à la chambre obscure doit être beaucoup plus brève que pour une épreuve négative; mais aussi il faut laisser cette image, dont on veut faire une positive, séjouiner dans un mélange d'acide pyrogallique, avec une ou deux gouttes de nitrate d'argent.
« Alors les parties lumineuses se forment de couches blanches ayant le même caractère que les couches cristallines formées par le mercure dans le procédé Daguerre.
« Lorsque l'image positive est bien développée, elle se fixe par le même moyen que la négative.
« Je dois ajouter, en terminant, que généralement le temps nécessaire pour obtenir une bonne négative à l'ombre avec un objectif allemand ordinaire, est de trois ou quatre secondes, c'est-à-dire plus de la moitié moins de temps que celui nécessaire pour obtenir le même résultat avec le daguerréotype. «
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