domingo, 6 de dezembro de 2009

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1843

26 de Junho

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XVI,

Pag. 1436, 1437,1438, 1439

PHYSIQUE. - Sur une manière d’envisager les phénomènes du daguerréotype; par MM. Choiselat  et Ratel.

 

(Commissaires, MM. Arago, Dumas, Regnault.)

« On admet généralement que, dans une image photographique, les blancs sont produits par du mercure métallique simplement déposé sur la plaque, ou bien amalgamé, et les noirs par le bruni même de l’argent; mais généralement aussi on s’abstient de détails sur la manière dont se passe le phénomène.

« Nous essayons ici de démontrer, par des considérations purement chimiques, que les blancs sont produits par des gouttelettes d’amalgame d’argent formées et déposées sur la surface du plaqué, et les noirs par le bruni même du métal et une poussière d’agent et de mercure.

« Cette théorie est fondée sur les trois faits suivants:

« 1º. L’iodure d’argent, sous l’action de la lumière, est transformé en sous-iodure ;

« 2º.Ce sous-iodure, en contact avec le protoiodure de mercure, donne naissance à de l’iodure rouge et à du mercure métallique;

« 3º. Du mercure métallique, mis en contact avec de l’iodure d’argent, se convertit en protoiodure, et de l’argent est mis en liberté.

« Pour le premier point nous ne nous écartons pas de l’opinion générale: savoir, que l’iodure d’argent se convertit par la lumière en sous-iodure; et un fait qui, entre autres, semble confirmer cette opinion, c’est que si, après avoir exposé une plaque d’argent à la vapeur de l’iode, puis à la lumière , on la lave ensuite dans de l’hyposulfite de soude, il reste sensiblement à la surface une poudre insoluble de sous-iodure d’argent.

« Le deuxième fait se déduit de phénomènes déjà connus; on sait en effet que les iodures basiques déterminent, avec le protoiodure de mercure, la formation du biodure de ce métal et un dépôt de mercure métallique.

« Le troisième fait peut se vérifier en mettant du mercure en excès au contact de l’iodure d’argent: on recueille bientôt de l’iodure vert de mercure et un amalgame d’argent.

« Ceci posé, considérons les conséquences des trois opérations principales de la photographie: l’exposition à la chambre noire, celle à la chambre á mercure, et le lavage.

« Une plaque, ayant sa surface recouverte d’iodure d’argent, est soumise à la lumière de la chambre noire; aussitôt l’action commence, mais avec une différence essentielle dans la manière dont elle est impressionnée; en effet, au lieu d’une lumière uniformément répandue, elle reçoit ici une distribution inégalement, répartie de rayons lumineux. Dès lors l’iodure d’argent se modifie en raison directe des intensités. La où la lumière est plus vive, il y a production abondante de sous-iodure d’argent et émission diode repris par la plaque; là où doit apparaitre une demi-teinte, la formation du sous-iodure est ralentie dans le même rapport que la diminution de la lumière elle-même; enfin, dans les ombres les plus noires, l’iodure n’est que très-faiblement attaqué, car l’absence de radiations ne saurait être telle qu’il ne puisse y avoir aucune altération de l’iodure d’argent.

« Que se passe-t-il maintenant quand une plaque ainsi influencée est exposée à la vapeur du mercure?

« Ce métal commence par réagir sur tout l’iodure d’argent qu’il rencontre sur la plaque. Nous venons de voir que cet iodure a été parfaitement conservé dans les noirs, mais les blancs en présentent aussi une certaine quantité,quoique beaucoup moindre; il est en effet dans les conditions d’une bonne épreuve, qu’il n’y ait pas été entièrement décomposé. Dans les premières il se forme donc abondamment, et dans les secondes faiblement, du protoiodure de mercure et de l’argent métallique. L’action s’arrête là pour les noirs, mais il n’en est pas de même pour les blancs, car le protoiodure de mercure, s’y trouvant en contact avec du sous-iodure d’argent, doit donner lieu à une double décomposition; le sous-iodure est réduit et le protoiodure de mercure se divise: une partie passe à l’état de biiodure, tandis que l’autre, également

réduite, devient alors la véritable source du mercure qui s’unissant sans doute avec l’argent devenu libre, se dépose sur la plaque, mais sans s’y amalgamer. C’est donc par les parties les plus claires que l’image se révèle d’abord; elles absorbent d’autant plus de mercure, qu’ayant été exposées à une lumière plus vive, elles sont plus riches en sous-iodure. Les ombres les plus intenses, au contraire, n’offrant que de l’iodure d’argent à la réaction du mercure, celui-ci ne peut jamais produire qu’un voile plus ou moins profond d’iodure vert mêlé à de l’argent métallique, que son état de division extrême fait paraître noir; ce dernier restera donc en réserve pour former plus tard les noirs du tableau. Mais entre ces deux points extrêmes, entre ces ombres les plus fortes et les blancs les plus purs, il doit s’établir une demi-teinte admirablement fidèle; puisqu’elle est le résultat nécessaire du travail plus ou moins complet de la lumière, elle s’éclaircit ou se traduit en noir suivant la richesse .

ou la pauvreté de la couche en sous-iodure d’argent.

« Aussi voit-on la plaque, au sortir de cette opération, s’offrir à l’oeil avec une apparence noire ou verdâtre dans les ombres, là où le protoiodure de mercure n’a point été décomposé, tandis qu’elle est rosée et même souvent rouge vif dans les blancs les plus intenses qui n’ont plus qu’un amalgame d’argent en goutelettes imperceptibles, recouvert d’une couche de biiodure de mercure.

«  Si l’on vient ensuite à laver cette plaque dans une dissolution d’hyposulfite de soude, l’iodure rouge de mercure se dissout; quant à l’iodure vert, il doit encore subir ici une décomposition: il se convertit en biiodure qui disparaît, et en mercure métallique qui reste sur la plaque.

« Ainsi donc, en résumé, les blancs sont produits par une poussière d’une grande ténuité d’amalgame d’argent simplement déposé sur la plaque; ces blancs sont. d’un ton d’autant plus vif, que cette poussière est plus abondante et plus riche en argent; quant aux noirs, ils sont le résultat du dépôt d’un argent extrêmêment divisé, mêlé mécaniquement à une très-faible quantité de mercure provenant du lavage.

» Nous espérons que cet exposé, quoique fort abrégé, satisfera à beaucoup de questions qui n’ont pas encore été parfaitement résolues, et offrira une infinité de ressources pour la production de belles épreuves; car s’il paraît constant que de la répartition convenable du sous-iodure et de l’iodure d’argent dépend la beauté du résultat, on pourra, d’après la simple inspection d’une épreuve non lavée, modifier en conséquence son mode d’opérer. Quand la plaque, au sortir de la chambre à mercure, a un aspect terne ou verdâtre, c’est une preuve qu’il y a du protoiodure de mercure sur les clairs, que par conséquent la formation du biiodure indispensable a échoué pour quelque motif, en un mot, que l’épreuve est pauvre en mercure, et par conséquent manquée.

«  Or, de toutes les causes qui mettent obstacle à la formation du dessin photographique, la plus générale et en même temps la plus funeste, est, ce nous semble, la présence d’une trop grande quantité d’iode libre sur la plaque. On conçoit en effet, qu’exposée à l’émanation de l’iode, la surface métallique ne l’absorbe pas entièrement, mais que l’iodure formé en retient emprisonnée une partie à l’état de liberté.

«  Mais comment agit cet iode libre? Évidemment il s’oppose doublement à la formation de l’image: dans la chambre noire, en convertissant en iodure d’argent tout ce que la lumière transforme en sous-iodure (ce dernier ne pouvant exister au contact de l’iode); dans la chambre à mercure, en se combinant avec ce métal, et formant ainsi un voile d’iodure vert, s’opposant par la souverainement à la réaction des vapeurs mercurielles sur les couches inférieures. On peut aussi le considérer comme un obstacle éminent à la rapidité de la production de l’épreuve, puisqu’il tend à détruire constamment le travail de la lumière. Pour éviter tous ces inconvénients, il suffit d’ioder dans un endroit convenablement lumineux; on voit, en effet, qu’il se forme dans ce cas un sous-iodure d’argent, qui retire à la plaque l’excès diode libre pour repasser à l’état d’iodure; les réactions futures n’étant plus contrariées, la réussite devient, pour ainsi dire, assurée.

«  On conçoit maintenant pourquoi il est si nécessaire de couvrir les bords du châssis de bandelettes de plaqué, a.fin de le protéger contre les vapeurs de l’iode: l’émanation qui en résulterait ensuite serait nuisible à l’épreuve, car, d’après une déduction toute naturelle, on voit que cet iode détruirait le sous-iodure au fur et à mesure de sa formation, et s’opposerait aussi plus tard à l’action des vapeurs mercurielles, en produisant un protoiodure inutile.

« Ainsi se trouve encore expliquée l’utilité de passer une plaque au mercure peu de temps après sa sortie de la chambre noire, l’iode qui peut encore s’y trouver à l’état libre devant nécessairement altérer l’impression produite par la lumière. »

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