1843 24 de Julho | Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences T. XVII Nº. 4 Pag. 173, 174, 175, 176, 177 | Physique.- De l'action des substances accélératrices dans les opérations du daguerréotype; par MM. Ch. Choiselat et St. Ratel
(Commission précédente nommée) ([i])
« Le chlorure et le bromure d'argent étant plus impressionables à la lumière que l'iodure de ce métal, on en a conclu, dès l'origine, que c'était à leur formation que l'on devait attribuer l'accélération des images photographiques; néanmoins, différentes considérations nous font envisager cette question sous un tout autre point de vue; nous allons les exposer aussi brèvement que possible. « La quantité singulièrement faible de substances accélératrices condensées par la plaque, comparativement à l’iodure d’argent déjà formé, ne peut suffire à rendre compte de la différence énorme de rapidité qui en est le résultat. « Le brome ou le chlore ne peuvent être absorbés par la surface métallique abritée sous une couche relativement fort épaisse d’iodure d’argent; on ne voit pas non plus comment ils pourraient décomposer l’iodure, et, dans tous les cas, l’altération de l’iodure d’argent, n’étant pas en harmonie avec celle des bromures, etc., devrait nécessairement apporter un trouble grave dans l’opération. De plus, il ne serait pas possible d’expliquer les réactions de la chambre à mercure et ceci, en venant corroborer les idées que nous avons déjà émises précédemment, démontre, parfaitement pourquoi l’on n’a jamais réussi à obtenir des vues sans iodure d’argent, c’est-à-dire avec le chlore ou le brome seuls. Considérées sous ce point de vue, ces substan,ces sont même tellement nuisibles, que si l’on, dépasse de une ou deux secondes seulement le temps fixé pour l’exposition à leurs vapeurs, il y a. absence complète d’images; car alors, ayant le temps de pénétrer jusqu’à l’argent, elles forment un bromure ou chlorure qui ne sont pas aptes à déterminer le dépôt des gouttelettes d’amalgame. « Nous n’émettons, d’ailleurs, ces réflexions, que nous pourrions, encore étayer de nombreuses observations, qu’avec la plus grande reserve, et dans le seul désir de fixer l’attention des expérimentateurs. « Réfléchissant à l’excessive minceur de la couche sensible, appréciée par M. Dumas à un millionième de millimètre, nous l’avons considérée comme étant diaphane, et par conséquent pénétrable .aux rayons solaires dans toute son épaisseur; remarquant, en outre, qu’il est important que tout l’iodure d’argent ne soit pas converti en sous-iodure pour obtenir le meilleur résultat possible, nous sommes arrivés à conclure que la puissance photogénique des radiations lumineues s’exerce dans un espace de temps pour ainsi dire insaisissable, peut-être même fort rapproché de l’instantaneité. L’image est donc dessinée sur la plaque dès les premiers moments de son exposition à la chambre noire, et si, à cet instant, rien ne se manifeste au mercure, cela ne peut tenir qu’à des causes particulières. En effet, il résulte de la théorie exposée dans une Note précédente, que les diverses réactions peuvent être représentées par les formules suivantes, savoir : « Pour la réaction de la lumière sur l’iodure d’argent (AGI étant la formule hypothétique, du sous-iodure),
5AGI²=2AGI + 3AGI² + 2I ;
pour celle du mercure sur l’iodure d’argent,
3AGI² + 6HG =HG6I6 + 3AG;
pour celle du protoiodure de mercure sur le sous-iodure d’argent,
2AGI + 6HGI = HG4I8 + 2HG + 2AG.
« Or, d’après ces formules, on voit que dans les clairs le sous-iodure devant être à l’iodure dans le rapport de 2 : 3, il n’est pas déraisonnable de soupçonner que cette proportion est très-rapidement établie, et que la cause véritable de ralentissement se trouve dans l’iode mis en liberté par la lumière, car celui-ci devient un double obstacle à la rapidité par sa tendance à reformer l’iodure, soit aux dépens du sous-iodure, soit aux dépens de la plaque; et c’est précisément là que se trouve le principe de la promptitude de l’opération, car si l’on considére le temps nécessaire à la production d’une épreuve comme formé essentiellement de deux éléments, l’un regardant la décomposition de l’iodure, l’autre l’absorption de l’iode; si l’on fait le premier nul, à cause de sa faible valeur, le deuxième représentera évidemment le temps exigé pour la formation de l’image (1) ([ii]). « Pour activer le travail de la lumière, il s’agit donc de rendre le plus court possible le temps nécessaire à l’absorption de l’iode; or, tel est le rôle que nous semblent jouer les substances accélératrices, dont la puissance est due à trois causes : leur mélange intime avec l’iodure, leur affinité pour l’iode, enfin l’état naissant dans lequel. se présente ce dernier. « Mais comment le brome adhère-t-il à la plaque, et à quel état s’y trouve-t-il? Nous avons vu qu’on peut regarder une plaque iodurée comme retenant toujours de l’iode libre; des lors on comprend facilement ce qui doit se passer; ce même iode libre, en effet, est très-propre à retenir le chlore ou le brome, il se sature donc de leurs vapeurs, qui peuvent ainsi demeurer sur la plaque, se mêler intimêment à l’iodure, et devenir d’autant plus efficaces qu’elles constitueront un composé plus riche en brome ou en chlore. « Or, une conséquence à tirer de cet exposé, c’est que moins il y a d’iode libre sur une plaque, moins il y a de brome absorbé; l’expérience vient confirmer cette conjecture. Telle plaque qui dans l’état normal peut être exposée aux vapeurs du brome pendant dix-huit secondes, s’en trouve saturée, même après trois secondes, quand on la prive, autant qu’il est possible, de son iode libre. « Une autre conséquence à déduire de ce qui précède, conséquence trés-importante, puisqu’elle a son côté pratique, c’est qu’il n’est pas nécessaire qu’une substance puisse former avec l’argent un composé impressionnable pour contribuer à l’accélération de l’effet photographique; bien au contraire, il est utile, il est mieux que cette substance n’ait aucune, affinité pour ce métal. On voit donc que le champ de recherche s’élargit considérablement, et que l’on n’est plus tenu à rester dans le cercle étroit du brome ou du chlore, pour aviser aux moyens de rendre l’opération plus rapide. « Néanmoins le brome remplit très-bien ce but, mais on conçoit de suite que la combinaison formée n’est pas tellement stable, que les deux corps qui la composent ne puissent encore tendre à s’unir,à l’argent, ce qui doit nécessairement apporter un certain retard à la manifestation de l’image: nous avons donc pensé que la vitesse s’accroîtrait si l’on pouvait donner a ce composé une plus grande fixité, et fournir a la plaque, d’une manière indirecte, une plus forte dose de brome ou de chlore. « Les moyens dont nous nous servons consistent à faire arriver sur la plaque certaines substances que nous allons désigner; seules, elles n’agissent pour la plupart que faiblement, elles n’atteignent le maximum de puissance que lorsqu’elles sont mélangées au brome ou au chlore; et ceci se conçoit, car nous avons vu qu’il faut un corps déjà préexistant sur la plaque pour retenir les substances accélératrices; or les composés que nous employons, n’ayant pas assez d’affinité pour l’iode, ne peuvent s’y unir directement; il faut donc se servir du brome ou du chlore comme de véhicules: ils se trouvent, dès lors, entraînés avec eux, et restent sur la plaque, où ils agiront plus tard, comme nous l’avons dit, et sans doute encore par voie de double décomposition. « Les substances qui nous ont paru offrir le plus d’accroissement de rapidité sont l’hydrogène, le phosphore, et particulièrement le carbone. « L’action de l’hydrogène peut se vérifier au moyen d’un simple mélange de brome et d’acide bromhydrique; celle du carbone en ajoutant par portions à IO grammes de brome, environ 39 grammes de bromure d’hydrogène bicarboné, ou d’éther bromhydrique: il est évident que ces deux corps peuvent être remplacés par une nombreuse série de substances organiques; tous les carbures d’hydrogène remplissent le même but: les résines, la plupart des huiles essentielles, l’eupion et presque tous les produits de la distillation des matières végétales, l’huile de naphte, etc., peuvent être ajoutés au brome avec le plus grand avantage; mais on voit que, dans ce cas, il y a formation d’acide,bromhydrique qui n’est pas nuisible à la vérité, mais dont les vapeurs blanches très-abondantes peuvent être désagréables. On peut éviter cet inconvénient en se servant de bromure de carbone pur ajouté au brome, ou simplement en projetant, dans 5 grammes de brome 2 grammes d’iodoforme; il se forme du bromure de carbone et du perbromure d’iode en proportions convenables. Un autre moyen consiste dans l’emploi du brome dissous dans du bromal; sans chercher a se procurer du bromal pur, on atteint le même résultat en versant dans 5 grammes de brome quelques gouttes d’alcool anhydre: il y a formation de bromal et d’huile bromalcoolique, avec un excès de brome nécessaire. L’alcool peut encore ici être remplacé par nombre des substances qu’il est inutile d’énumérer; nous citerons seulement les huiles grasses et siccatives, la plupart des graisses, l’esprit de bois et sans doute les nombreuses combinaisons du méthylène, l’esprit pyroacétique et pyroligneux, etc. Enfin le cyanogène donne quelque accroissement de vitesse. « Des résultats satisfaisants sont aussi obtenus par le mélange de plusieurs de ces substances, et la présence de l’oxygène dans la composition de quelques-unes d’entre elles paraît favoriser la réaction, plutôt que la ralentir. Plusieurs personnes semblent avoir remarqué parfois des variations irrégulières dans l’emploi du brome: ne pourrait-on pas expliquer ceci par la production accidentelle d’acide bromhydrique ou de bromal? « On arrive, par ces moyens, à prendre une vue en moins de deux secondes; toutefois, il faut remarquer que cette rapidité est calculée d’après un appareil pour grande plaque et à long foyer, de M. Charles Chevalier: il va sans dire qu’elle serait tout autre si l’on faisait usage d’appareils à court foyer ou d’ouverture de diaphragme exagérée. « Quant au mode d’emploi de ces composés, il paraît probable qu’ils peuvent être mis en usage par les moyens ordinaires, c’est-à-dire en les prenant a l’état de dissolution dans l’eau ou l’alcool; nous ne l’avons pas essayé. Mais nous donnons ici la manière suivant laquelle nous avons toujours employé le brome, et que nous avons préférée, à cause des avantages qu’elle offre sous le rapport de la célérité et de l’extrême simplicité; elle consiste à prendre les substances accélératrices à l’état gazeux. Pour cela, il suffit d’avoir à sa disposition une petite pompe graduée de la capacité de 0l,01, terminée par un tube capillaire, et un flacon de 0l,2 dans lequel on a introduit, une fois pour toutes, 20 à 25 grammes de la substance dont on a fait choix. Quand on veut prendre une vue, il suffit d’introduire dans le flacon le tube capillaire de la pipette, et de pomper environ un demi-centilitre de la vapeur répandue dans le flacon, puis d’injecter cette vapeur dans la boîte à brome, au moyen dune petite ouverture qu’on ferme ensuite. La boîte que M. Foucault a imaginée pour l’emploi de l’eau bromée convient parfaitement pour cet usage. Le temps d’ioder la plaque est ensuite suffisant pour opérer complétement le mélange du gaz avec l’atmosphère de la boîte, et l’on compte ensuite à la manière ordinaire. Cette disposition évite ainsi un attirail embarrassant, et la liqueur contenue dans le flacon peut servir indéfiniment. » |
([ii]) (1) S’il était constant que l’image fût formée presque instantanément dans la chambre noire, l’action des verres continuateurs ne serait-elle pas plutôt, dans le cas qui nous occupe, une action protectrice, en déterminant I’élimination de l’iode, soit par l’évaporation, soit par un tout autre mode d’action analogue à cette explication?
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