quinta-feira, 3 de dezembro de 2009

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1843

23 de Outubro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T.

Pag. 914, 915, 916

PHOTOGRAPHIE. - De l’emploi de l’acide chloreux comme substance accélératrice; par M. Belfield-Lefèvre. (Extrait par l’auteur.)

 

« Lorsque l’on expose la couche iodurée qui doit recevoir l’image de la chambre noire à l’action du gaz acide chloreux pur, celui-ci est absorbé, et la sensibilité de la couche iodurée s’en accroît dans la proportion de 1 à 180 environ.

« Pour obtenir cette sensibilité extrême, qui est un maximum, il suffit que la couche iodurée soit soumise pendant 90 secondes à l’action d’une atmosphère contenant 2 millièmes de son volume de gaz acide chloreux. Une exposition plus prolongée à une atmosphère plus chargée de vapeur chloreuse n’accroît plus la sensibilite de la couche impressionnable, mais elle n’entraîne non plus aucun de ces accidents fâcheux qui résultent d’ordinaire de faibles excès dans les dosages des substances accélératrices.

« La sensibilité de la couche ioduree saturée de gaz acide chloreux nous a toujours paru parfaitement constante. Nous osons donc espérer que la photométrie pourra compter un nouveau moyen de mesurer l’action chimique des radiations lumineuses.

« L’emploi de l’acide chloreux en photographie a en outre cet avantage bien remarquable, qu’il ne permet pas cette réduction complète de l’iodure d’argent d’où résulte la coloration en bleu. Les épreuves passent, mais elles ne brûlent pas. En d’autres termes, la réduction s’arrête, pour les grandes lumières, aussitôt que celles-ci ont acquis leur pleine valeur; mais si l’exposition à la chambre noire est prolongée au delà de ce terme, la réduction continuera de s’effectuer dans les demi-teintes et dans les noirs jusqu’à ce que l’image soit entièrement nivelée.

« Ces modes d’agir de l’acide chloreux nous paraissent faciles a expliquer.

« Absorbé dans l’obscurité par la couche impressionnable, que nous savons être composée de carbure d’hydrogène et d’iodure d’argent, le gaz acide chloreux pur ne peut réagir directement ni sur l’un ni sur l’autre de ces deux éléments distincts. On conçoit , dès lors, que la couche iodurée puisse être exposée à un excés de gaz acide chloreux, sans que l’on ait à redouter les accidents que détermine l’excès de chlore ou de brome libres, et qui tiennent à ce que ces substances, employées pures, réagissent sur le carbure d’hydrogène ne pour former des hydracides, et sur l’iodure d’argent pour former des chlorures et des bromures. La substitution d’une combinaison oxygénée de chlore au chlore lui-même permettra donc toujours d’atteindre au maximum de sensibilité de la couche impressionnable, et ce maximum sera une quantité à peu prés constante.

«  Soumis a l’action de la lumière, l’acide chloreux et le carbure d’hydrogène réagissent l’un sur l’autre par voie de double décomposition. Le chlore de l’acide brûle tout l’hydrogène du carbure pour former de l’acide chlorhydrique, et l’oxygène brûle une portion du carbone, tandis que le résidu du carbone forme un carbure diode aux dépens de l’iodure d’argent réduit. Le point de départ du phénomene est donc la tendance de l’acide chloreux à se décomposer en présence d’un carbure d’hydrogène et sous l’influence de la lumière solaire : le résultat définitif, c’est la réduction de l’iodure d’argent, à l’aide du carbone naissant. La rapidité extrême avec laquelle l’image se forme nous paraît ainsi suffisamment expliquée.

» Pour que le résultat soit atteint avec certitude, il faut et il suffit que la quantité de chlore absorbée puisse brûler tout l’hydrogèue du carbure. Un  excès réagirait, sous l’influence de la lumière, sur l’iodure d’argent, et cet excès se traduit sur l’épreuve par une tache blanche, nacrée, chatoyante et limitée par les lignes mêmes de l’image.

« Nous avons avancé que dans la formation de l’image daguerrienne, il y avait a la fois oxydation ou résinification de la couche organique superficielle, et réduction de la couche profonde. En substituant au chlore ou au brome une de leurs combinaisons oxygénées, on transforme, et cela doit être, l’oxydation de la matière organique en une combustion complète. Cette modification dans l’action chimique entraîne nécessairement des modifications correspondantes dans l’image produite. Et, en effet, dans les procédés ordinaires, lorsque l’image est formée par l’action de la lumière dans la chambre noire, il reste à la surface de l’iodure partiellement réduit une résine pulvérulente qui complétera l’œvre de la réduction si l’exposition se prolonge: et lorsque la vapeur de mercure se condensera sur l’épreuve, cette résine, interposée entre elle et l’iodure d’argent, retardera, pendant un temps, la réaction. En substituant l’acide chloreux. au brome, et par suite la combustion du carbure d’hydrogène à son oxydation, il doit en résulter que la.réduction de l’iodure d’argent dans la chambre noire s’arrêtera dès lors qu’il n’y aura plus de carbone libre pour l’effectuer, et que l’image apparaîtra sous la vapeur du mercure, dès l’instant où celle-ci sera condensée à la surface de l’épreuve. Et c’est bien là en effet ce qui a lieu.

« Voici une méthode que l’on peut suivre dans l’emploi du gaz acide chloreux:

» On fait fondre dans une capsule de porcelaine, et à une douce chaleur, du chlorate de potasse cristallisé. Lorsque la masse vitrifiée est refroidie, on en introduit quelques grossiers fragments, 4 à 5 décigrammes peut-être, dans un flacon dela contenance de 1 centilitre environ: on verse sur ces fragments 4 à 5 grammes d’acide sulfurique pur et concentré, et on couserve le mélange soigneusement abrité de toute lumière. Le flacon ne tarde pas à se remplir de gaz acide chloreux que l’on peut y puiser avec une petite pompe en cristal pour l’injecter ensuite dans la capsule à brome, suivant l’ingénieux procédé indiqué par M. Choiselat pour l’emploi du bromoforme. 1 centimètre cube de gaz pour une surface iodurée de 1 décimétre carré sera un dosage approximatif assez exact.

« Nous croyons devoir indiquer aussi le mode que nous employons pour la préparation de la couche organique, tant elle importe, suivant nous, au succès de toutes les opérations ultérieures.

» On saupoudre de tripoli la surface de l’argent, on y laisse tomber quelques gouttes d’huile essentielle de fleurs de lavande fraichement distillée; puis on la polit avec un tampon de coton jusqu’à. ce qu’elle soit recouverte d’une couche uniforme de cambouis noirâtre. Alors, avec un tampon nouveau de coton et une nouvelle addition de poudre siliceuse, on enléve le cambouis formé, arrêtant l’opération sitôt que la surface de l’argent apparaît nette, noire et brillante.

» A cet état, la surface métallique condense le souffle en une nappe uniforme, blanche, mate et translucide. L’acide nitrique, étendu de dix fois son volume d’eau, ne la mouillerait pas; mais une goutte d’acide sulfurique que l’on y étendrait à l’acide d’un tampon d’amiante s’y colorerait en brun. »

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