1841 7 de Junho | COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Janvier-Juin T. XII Nº. Pag. 1055, 1056, 1057, 1058 | PHYSIQUE. - Lettre de M. TALBOT à M. Biot, sur la confection des papiers sensibles. « Je vous ai averti, dans ma lettre du 28 mai, que ma prochaine contiendrait probablement la description de ma nouvelle méthode photographique. « C'est ce que je vous envoie aujourd’hui. Vous me ferez plaisir en la communiquan à l’Académie. « J’envoie dans une autre lettre des échantillons d’acide gallique et de papier iodé, pour que vous puissiez opérer sur des substances chimiques identiques avec les miennes. (Dans ma description, j’ai employé les poids et mesures anglais.) « La préparation du papier calotype (c’est le nom que M. Talbot lui donne) se divise en deux parties assez distinctes. » Première partie. On dissout 100 grains de nitrate d’argent cristallisé dans 6 onces d’eau pure. On lave avec cette solution une feuille de papier à écrire sur un de ses côtés, que l’on marque pour pouvoir le reconnaître ensuite. On le fait sécher doucement. Alors on le plonge pendant deux minutes dans une solution faite ainsi:
Eau.. . . . . . . . . . . . . . . . 1pinte ; Iodure de potasse.. . . . 500 grains.
» Après cela, on lave le papier dans l’eau, puis on le sèche; et quoique peu sensible à !a lumière, ou a soin de le tenir enfermé dans un portefeuille. Avec cette précaution, le papier peut se conserver pendant un temps indéfini. Dans cet état de préparation, je l’appelle papier iodé, puis-qu’il est recouvert d’une couche d’iodure d’argent. » Deuxième partie. On prend une feuille de papier iodé, et on le lave avec une solution d’argent ainsi préparée: » A. On dissout 100 grains de nitrate d’argent dans 2 onces d’eau pure; « On y ajoute la sixième partie de son volume d’acide acétique un peu fort. « B. Solution saturée d’acide gallique cristallisé dans l’eau froide. La quantité ainsi dissoute est assez faible. « Les solutions A et B étant ainsi préparées, on les ajoute l’une à l’autre à volumes égaux, mais en petite quantité à !a fois, parce que leur mélange se décompose en peu de temps. J’appelle ce mélange le gallo-nitrate d’argent. « C’est avec ce gallo-nitrate d’argent qu’il faut laver le papier iodé, et pour cela on se sert de la lumière d’une bougie. On laisse le papier ainsi humecté pendant une demi-minute; alors on le plonge dans l’eau; on le sèche avec le papier brouillard, et en le tenant avec précaution devant le feu. « C’est là la préparation du papier calotype. « On garde ce papier enfermé dans une presse jusqu’au moment. où l’on veut s’en servir. Cependant, si l’on s’en sert tout de suite, on peut s’épargner la peine de le sécher, puisqu’il réussit également bieu lorsqu’il est un peu humide. » Usage du papier. On le met au foyer de la chambre obscure qu’on dirige sur l’objet qu’on veut peindre. » Pour donner une idée du temps nécessaire, je supposerai la lentille objective de 1 pouce de diamètre et de 15 pouces de foyer, et que l’on dirige l’instrument sur la façade d’un bâtiment éclairé par le soleil; alors une minute me paraît le temps le plus convenable pour la durée de l’action lumineuse; ensuite on retire le papier et on l’examine a la lumière d’une bougie. On n’y verra probablement rien, mais l’image y existe dans un état invisible. Pour la rendre visible, voici ce qu’il faut faire: il faut laver le papier encore une fois avec le gallo-nitrate d’argent, et puis le chauffer doucement devant le feu. On verra alors sortir, comme par enchantement, tous les détails du tableau. Une ou deux miuutes suffisent ordinairement pour faire acquérir au tableau sa plus grande perfection. II faut alors fixer d’une manière permanente. « Fixation du tableau. Aprés avoir lavé le tableau, on l’humecte avec une solution ainsi faite :
Eau . . . . . . . . . . . . . . . . 8 à 10 onces; Bromure de potasse……..100 grains.
« Après une ou deux minutes on doit le laver encore et le sécher. Les tableaux ainsi fixés offrent le grand avantage de rester transparents: c’est ce qu’il faut pour pouvoir en tirer de belles copies. Pour faire la copie, on peut se servir d’une deuxième feuille de papier calotype, qu’on presse fortement contre le tableau, et qu’ou expose ainsi à la lumière; mais il vaut mieux se servir du papier photographique ordinaire. A la vérité les copies alors prenneut plus de temps; mais en revanche, elles sont d’une apparence plus agréable. Le tableau fournit ordinairement plusieurs bonnes copies, et alors il s’affaiblit peu à peu. Les copies alors ne sont plus bonnes. Mais la propriété la plus extraordinaire qu’ont les tableaux calotypes, c’est qu’on peut les rajeunir et leur redonner lerir beauté primitive. Pour cela, on n’a qu’à les laver encore avec le gallo-nitrate d’argent et les chauffer doucement. Les ombres du tableau noircissent alors beaucoup, sans causer aux parties claires aucun changement. Il faut après cela renouveler la fixation du tableau, et alors on peut en tirer une deuxième série de bonnes copies. » Comme on ne trouve pas chez tous les pharmaciens de l’acide gallique cristallisé, on peut y substituer I’extrait de la noix de galle (tincture of galls). « La manière dont il faut se servir du papier calotype pour obtenir des tableaux photographiques positifs (par une opération unique), fera le sujet d’une deuxième lettre. « J’ai cru devoir ajouter à ma description des échantillons de papier calotype préparé, parce que les moindres différences chimiques ont de l’influence sur les résultats.»
« A la suite de cette communication, M. Biot annonce qu’il va remettre les échantillons de papier sensible envoyés par M. Talbot, entre les mains de M. Regnault, membre de l’Académie, qui s’est depuis longtemps exercé à former des images daguerriennes, lesquelles ont très-heureusement réussi, M. Biot ajoute les remarques suivantes : » Les papiers impressionnables devant devenir d’une grande utilité pour les voyageurs, il n’est pas sans intérêt de faire remarquer que leur usage pourra être probablement fort amélioré, si l’on prend les précautions suivantes: » 1º. De les préparer toujours avec des papiers d’une pâte bien égale, et de les sécher sans les approcher du feu; « 2º. D’adapter à la chambre obscure des objectifs, non pas achromatiques pour la lumière, mais dont les courbures soient calculées de manière à réunir en un même foyer toutes les radiations invisibles qui agissent. le plus efficacement sur la substance impressionnable employée a leur confection ; « 3º. De les tenir, pendant trés-peu d’instants, en présence des objets; et de continuer le développement de l’image hors de leur présence, par l’influence de la radiation solaire transmise à travers un verre rouge: conformément à la propriété si ingénieusement découverte par M. Edmond Becquerel. » |
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segunda-feira, 29 de março de 2010
COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
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