1839 5 de Fevereiro | JOURNAL DES dÉBATS politiques et littéraires Pag.1 | Feuilleton du Journal des Débats ____________ ACADÉMIE DES SCIENCES. Séance du 4 février La belle découverte M. Daguerre soulève des réclamations, et pous n'en sommes point étonnés. Quand, un fait important est annoncé, il se trouve à l'instant même une foule d'inventeurs qui jusque-là gardaient le silence, et qui tout-à-coup réclament pour eux l'invention; les uns là trouvent consignée tout au long dans quelque passage de leurs nombreux ouvrages ; lorsqu'elle ne s'y trouve pas explicitement, et, en toutes lettres, ils votus la montrent au moins sous forme do doute ou de prophétie; moyen commode et facile de s'attribuer le mérite de ce que le travail, la persévérance ou le génie feront réellement un jour sortir du néant; d'autres trouvent le moyen de donner instantanément du corps et de la vie à une idée vague qu'ils ont émise et qu'ils n'ont su poursuivre ni démontrer. C'est là ce qui attend les inventeurs de la part des esprits médiocres, à moins qu'on ne trouve plus simple encore de nier leur découverte, sans même se donner la peine de l'étudier ou d'y aller voir. Ce serait décourageant si tout homme qui découvre une vérité ne senttit pas on même temps dans sa conviction la force et la patiance nécessaires pour la faire triompher. Nous n'appliquons pas ces réflexions à l'auteur de la réclamation relative l'invention de M. Daguerre. Le savant anglais qui l'adresse à l'Académie, M. Talbot, est un homme do mérite au-dessus d'une étroite jalousie; mais il est mal informé des faits ainsi que l’ont démontré MM. Arago et Biot, et il ne poussera sans doute pas plus loin ses prétentions à ce sujet ; le Mémoire de M. Talbot n'eit pas encore lu à la société royale de Londres, et on sait que M. Daguerre est occupé depuis plus ds dix ans da son travail, dont tout Paris a pu maintenant apprécier les étonnans résultats. D'ailleurs le procédé de M. Daguerre est surtout remarquable par l'extrême sensibilité de la matière qu'il emploie et sur laquelle il fait agir la lumière ; c'est là sa véritable propriété, sa véritable découverte, qui lui a permis de porter à un si haut degré de perfection les merveilleux effets de son instrument. Il ne réclame pas même pour lui seut l'idée première de fixer les images de la chambre claire ; dès l'année 1814 M. Nieps s'occupait de réaliser cette pensée, et M. Daguerre s’est, en 1814, associé au fils de M. Nieps pour l'exécuter ; mais alors on n'avait encore obtenu qua des ébauches très imparfaites, la matière employée étant si peu sensible à l'action de la lumière, qu'elle devait y rester exposée pendant douze haures pour se décolorer ; cette lenteur de l'opération rendait le procédé impraticable attendu que pendant un aussi long espace de temps, les ombres, comme on le conçoit, se déplaçaient avec le mouvement du soleil, et que les demi-teintes se confondaient avec les ombres. Après une série de recherches intelligentes et d’expériences bien calculées, M. Daguerre est au contraire parvenu à composer une substace d’une telle sensibilité sous l’influence de la lumière, que rien n’échappe à son action ; les plus petits objets, les parties les plus déliées dessinent l’ombre microscopique qu’ils projettent sur le tableau, avec une exactitude que l'œil même ne peut pas suivre et qu’il reconnaît qu’avec l’aide de la loupe ; on en jugera quand on saura que sur une maison réduite à la dimension d’un pouce, chaque tuile ou chaque ardoise est reproduite avec sa lumière, et qu'au dernier étage de cette maison il existe une petite fenêtre que l'œil aperçoit à peine ; et si l'on prend une loupe, on découvre dans cette fenêtre un carreau cassé raccommodé avec des bandes de papier ! M. Daguerre a communiqué son secret à M. Arago, qui s'est chargé, comme on sait, de solliciter, auprès du gouvernement la juste récompense que doit le pays à une découverte d'un si haut prix, qui fait honneur à la France et que les pays voisins semblent déjà nous envier. M. Arago a opéré lui-même avec l'appareil et la préparation de M. Daguerre; il a pris, par le temps sombre qu'il fait à cette époque, une vue du boulevard, dont aucun détail n'a échappé à l'exactitude du merveilleux artiste que M. Daguerre a soumis à sa loi ; à tel point qu'un paratonnerre, situé sur un édifice éloigné qui, par la proportion geométrique, était réduit dans la chambre noire à des dimensions tout-à-fait inappréciables pour l'œil de M.Arago, n'en a pas moins dessiné son image avec une précision et une netteté que la loupe seule a permis de juger ; et tout cela en dix minutes, c'est-à-dire dans un espace da temps assez court pour que le déplacement des ombres soit tout-à-fait insensible. Enfin M. Arago ne doute pas que la faible lumière de la une n'impressionne elle-même la substance de M. Daguerre, et que l'on n'obtienne par ce moyen une fidèle image de cet astre, avec toutes les variétés de lumières résultant des accidens de sa surface. Beaucoup d'autres expériences intéressantes sur la lumière se sont sans doute réalisées de même en faveur de M. Biot, qui les réclame. |
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segunda-feira, 30 de agosto de 2010
1839, 5 de Fevereiro - JOURNAL des DÉBATS POLITIQUES et LITTÉRAIRES
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