1836 | L’ARTISTE Vol. XII 1ª. Serie 9e Livraison Pag. 98, 99 | DIORAMA. L'INAUGURATION DU TEMPLE DE SALOMON, Par M. DAGUERRE Vous montez un escalier obscur, et vous arrivez à tâtons dans un amphithéâtre. La nuit est complète. En face de vous, se détachent, sur un espace infini et silencieux, quelques grandes lignes architecturales, de formes indécises; quelques rayons de la lune parviennent à peine à illuminer ce vaste désert. Le ciel est rayonnant d'étoiles scintillantes. Dans le lointain, vous voyez s'allumer quelques faibles clartés: ce sont les habitans de Jérusalem qui s'éveillent et s'avancent pour la pieuse et solennelle cérémonie de l'inauguration. Peu à peu la lumière s'approche, la foule se dessine, des galeries immenses s'éclairent, enfin le temple lui-même apparaît, magnifique, resplendissant, enveloppé des flots de lumière qui s'échappent d'un nuage éclatant et livrent à tous les regards l'aspect imposant de cette scène. Une population innombrable est agenouillée, pleine de recueillement et d'adoration, devant l'arche sainte que Salomon fait transporter de la montagne de Sion, où son père l'avait laissée, au sanctuaire du nouveau temple. Enfin, pour nous faire entendre les harpes de David, un orgue expressif exécute une musique religieuse qui complète l'illusion. M. Daguerre s'est surpassé dans ce tableau, non-seulement comme art, mais comme mécanisme. L'ordonnance habile et imposante de la scène, les lignes grandioses de l'architecture, la richesse des costumes et des couleurs, la vérité avec laquelle sont observées toutes les nuances variées de la lumière, attestent un artiste qui possède a un haut degré toutes les ressources de son art. Mais, de plus, M. Daguerre a fait une œuvre admirable d'archéologie. Il a fallu reconstruire, d'après les textes sacrés, et ce temple, et son sanctuaire, et les galeries qui l'entourent. L'histoire apprend seulement que le temple de Salomon avait la forme d'un carré parfait; l'édificeextérieur avait quarante coudées de long et de large, et au milieu de la cour s'élevait un autre monument ayant vingt coudées de long comme de large, et vingt coudées de haut. Celui-ci était le sanctuaire, le saint des saints. Voila la merveille qui a été ressuscitée par le pinceau magique de M. Daguerre. Sous le rapport de l'illusion, cette toile est très-supérieure encore aux précédentes, même à la Messe de minuit et à la Valleé de Goldau. La perspective est d'une étendue infinie; toutes les parties de la composition ont un relief plein de vérité et de solidité; la multitude des personnages apparaît et disparaît avec une surprenante réalité. Aucune des expositions de M. Daguerre n'a été destinée comme celle-ci à frapper aussi vivement l'imagination et à obtenir un succès d'enthousiasme. Aussi la foule se porte-t-elle, depuis quelques jours, au Diorama; on voit encore, avec l'Inauguration du temple de Salomon, la Messe de Minuit à Saint-Étienne-du—Mont et 1'Éboulennent dans la valleé de Goldau. |
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quarta-feira, 1 de setembro de 2010
1836 - L’ARTISTE
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1836,
Daguerre (Louis Jacques Mandé) 1787-1851,
Diorama
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