Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. CIII
Nº. 13
Pag. 537, 538
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PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. - Conditions de la rapidité des images dans la chrono-photographie. Note de M. Marey.
« En exposant les principes de cette méthode d'analyse des mouvements (1) ([i]), j'indiquais la nécessité d'éclairer vivement l'objet qu'on étudie et de placer derrière lui un fond absolument noir. En effet, si petite que soit la quantité de lumière que le fond émette dans l'objectif, comme cette emission se répète à chaque passage d'une fenêtre de l'obturateur rotatif, la somme de lumière émise par le fond finit par être assez importante pour voiler les images.
« Notre illustre Confrère M. Chevreul a résolu le problème d'obtenir le noir absolu, au moyen d'un trou percé dans les parois d'une caisse dont l'intérieur est noir; c'est donc à lui que revient l'honneur d'avoir rendu possible une méthode extrêmêment puissante d'analyse des mouvements rapides.
« Mais on rencontre de grandes difficultés d'exécution, lorsque, au lieu d'un petit trou ouvert dans une cavité obscure, il faut avoir une ouverture de plusieurs mètres de largeur et de hauteur, au devant de laquelle un homme ou un animal de grande taille puisse effectuer un parcours assez étendu.
» Un premier fond noir, qui m'a servi jusqu'à ces derniers temps, était formé d'un hangar de 3m de profondeur tapissé de velours noir. Cette profondeur étant insuffisante, j'ai dû construire un autre hangar, qui a 10m de profondeur et autant de largeur On réduit la hauteur de l'ouverture au strict nécessaire, au moyen de châssis mobiles, et l’on obtient ainsi une obscurité bien plus parfaite qu'avec la disposition primitive. Mais certaines imperfections existent encore. Le sol de l'écran, bien que recouvert de bitume, reflète à l'intérieur du hangar une certaine quantité de lumière, de sorte que les parois noircies ne sont pas dans une complète obscurité. L'idéal serait sans doute de creuser le sol à une profondeur assez grande pour que la lumière solaire ne l'éclaire jamais.
« Dans la construction dont je dispose, j'espère améliorer beaucoup les conditions d'obscurité du fond en recouvrant le bitume de bandes de velours au moment des expériences.
» Enfin, il faut avoir soin d'arroser fréquemment le terrain voisin de l'ouverture noire, sans quoi les poussières soulevées par les pieds d'un marcheur ou par le vent des ailes d'un oiseau voilent souvent les images par la lumière qu'elles émettent.
« Avec les dispositions actuelles, j'ai déjà pu réduire le temps de pose, pour chaque image, à un deux-millième de seconde et me propose de le réduire encore.
« Les nouvelles photographies montrent que cette diminution du temps de pose accroît singulièrement la netteté des images. L'Académie se souvient peut-être des premiers essais que je lui ai soumis et qui, à côté des épreuves nouvelles, n'étaient guère que des silhouettes d'oiseaux. Ici le pivotement des pennes sur leur axe longitudinal est parfaitement visible, ainsi que les mouvements imprimés au corps de l'oiseau par l'abaissement et l'élévation de ses ailes.
» Sans entrer dans le détail de ces réactions délicates, qui feront l'objet d'une Note spéciale, je désirais signaler à l'Académie les notables progrès réalisés dans l'obtention des images chrono-photographiques, progrès qui s'accentuent à mesure que, dans les dispositifs expérimentaux, on s'approche davantage des conditions indiquées par M. Chevreul. »
([i]) (1) Voir Comptes rendus, séance du 10avril 1882.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. - Conditions de la rapidité des images dans la chrono-photographie. Note de M. Marey.
« En exposant les principes de cette méthode d'analyse des mouvements (1) ([i]), j'indiquais la nécessité d'éclairer vivement l'objet qu'on étudie et de placer derrière lui un fond absolument noir. En effet, si petite que soit la quantité de lumière que le fond émette dans l'objectif, comme cette emission se répète à chaque passage d'une fenêtre de l'obturateur rotatif, la somme de lumière émise par le fond finit par être assez importante pour voiler les images.
« Notre illustre Confrère M. Chevreul a résolu le problème d'obtenir le noir absolu, au moyen d'un trou percé dans les parois d'une caisse dont l'intérieur est noir; c'est donc à lui que revient l'honneur d'avoir rendu possible une méthode extrêmêment puissante d'analyse des mouvements rapides.
« Mais on rencontre de grandes difficultés d'exécution, lorsque, au lieu d'un petit trou ouvert dans une cavité obscure, il faut avoir une ouverture de plusieurs mètres de largeur et de hauteur, au devant de laquelle un homme ou un animal de grande taille puisse effectuer un parcours assez étendu.
» Un premier fond noir, qui m'a servi jusqu'à ces derniers temps, était formé d'un hangar de 3m de profondeur tapissé de velours noir. Cette profondeur étant insuffisante, j'ai dû construire un autre hangar, qui a 10m de profondeur et autant de largeur On réduit la hauteur de l'ouverture au strict nécessaire, au moyen de châssis mobiles, et l’on obtient ainsi une obscurité bien plus parfaite qu'avec la disposition primitive. Mais certaines imperfections existent encore. Le sol de l'écran, bien que recouvert de bitume, reflète à l'intérieur du hangar une certaine quantité de lumière, de sorte que les parois noircies ne sont pas dans une complète obscurité. L'idéal serait sans doute de creuser le sol à une profondeur assez grande pour que la lumière solaire ne l'éclaire jamais.
« Dans la construction dont je dispose, j'espère améliorer beaucoup les conditions d'obscurité du fond en recouvrant le bitume de bandes de velours au moment des expériences.
» Enfin, il faut avoir soin d'arroser fréquemment le terrain voisin de l'ouverture noire, sans quoi les poussières soulevées par les pieds d'un marcheur ou par le vent des ailes d'un oiseau voilent souvent les images par la lumière qu'elles émettent.
« Avec les dispositions actuelles, j'ai déjà pu réduire le temps de pose, pour chaque image, à un deux-millième de seconde et me propose de le réduire encore.
« Les nouvelles photographies montrent que cette diminution du temps de pose accroît singulièrement la netteté des images. L'Académie se souvient peut-être des premiers essais que je lui ai soumis et qui, à côté des épreuves nouvelles, n'étaient guère que des silhouettes d'oiseaux. Ici le pivotement des pennes sur leur axe longitudinal est parfaitement visible, ainsi que les mouvements imprimés au corps de l'oiseau par l'abaissement et l'élévation de ses ailes.
» Sans entrer dans le détail de ces réactions délicates, qui feront l'objet d'une Note spéciale, je désirais signaler à l'Académie les notables progrès réalisés dans l'obtention des images chrono-photographiques, progrès qui s'accentuent à mesure que, dans les dispositifs expérimentaux, on s'approche davantage des conditions indiquées par M. Chevreul. »
([i]) (1) Voir Comptes rendus, séance du 10avril 1882.
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