Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. CIII
Nº. 9
Pag. 454, 455, 456
T. CIII
Nº. 9
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PHYSIQUE . - La phosphorographie appliquée à la photographie de l'invisible.
PHYSIQUE . - La phosphorographie appliquée à la photographie de l'invisible.
Note de M. CH. -V. Zenger
« En observant le mont Blanc après le coucher du soleil, au commencement de septembre 1883, j'avais été frappé de ce fait, que la lueur bleuverdâtre pouvait restcr perceptible jusqu'à 10h 30m; j'ai été conduit à penser que la glace de la cime, mêlée aux débris du carbonate de chaux, émet une lumière d'une couleur très semblable à celle des eaux du lac Léman, et qu'il serait possible de fixer l'image de la montagne, à la nuit, par la lumière phosphorescente de la glace, qui se trouve être très actinique.
» A mon retour, j'ai fait une expérience consistant à projeter les images données par les lentilles photographiques dans la chambre noire sur une plaque de verre couverte d'une couche de phosphore de Balmain, uniformément répandue sur la plaque, comme lorsqu'il s'agit de recouvrir une plaque de verre avec du collodion. Après une exposition de quelques sccondes, j'ai pris la plaque de la chambre noirc, à l'obscurité, pour la mettrc en contact avec une plaque sèche photographique pas trop sensible. Après une heure de contact à l'obscurité, j'ai vu apparaître l'image de l'objet, comme s'il s'agissait d'une prise ordinaire, avcc tous les détails.
« Mais l'observation faite à Genève m'a fait penser que le carbonate de chaux, illuminé par un soleil brillant pendant le jour, pourrait émettre des rayons invisibles, mais très actiniques. J'ai fait l'expérience pendant la nuit du 17 mai de l'année suivante 1884, le ciel étant couvert. L'exposition de la plaque, à minuit, sur la terrasse de l'observatoire astrophysique de Prague, pendant quinze minutes, a donné des images assez bonnes des tours et des édifices environnants, après un contact de la plaque phosphorescente avec la plaque photographique prolongé jusqu'au matin du jour suivant. Il y a donc des radiations émises par des corps insolés, radiations assez actiniques, même jusqu'à minuit, en absence de toute autre lumière.
« J'ai répété ces expériences plus tard, avec du papier imprimé, que j'ai placé pendant la journée en plcin soleil. Après une heure d'insolation, j'ai opéré le contact avec du papier photographique ordinaire, à la chambre noire. L'impression du papier s'est opérée en peu d'heures, en sorte qu'on n'a pas besoin de développer l'image, mais seulement de la fixer. Les lcttres apparaissent nettement en noir, et j'ai fait usage de cette méthode pour copier des notes imprimées.
« Cette expérience m'a conduit enfin à supposer que la lumière peut être absorbée et rendue ensuite lentement, et qu'on peut fixer les images des corps invisibles à l'obscurité, par le simple contact ou par l'appareil photographique.
« Ne se peut-il pas qu'il existe nombre de corps célestes qui, étant illuminés pendant des périodes plus ou moins longues, rendent cnsuitc lentement cette lumière quand ils sont noyés dans les ténèbrcs, mais cormme lumière actinique, comme les murs illuminés pendant le jour rcndent. pendant la nuit la lixmière absorbée.
» La confection des cartes célestes pourrait en tirer avantage; car, avec un télescope de 8 pouces d'ouverture et 41 pouces de foyer, peu de secondes suffisent pour imprimer la plaque phosphorescente et pour représenter les étoiles jusqu'à la 9e grandeur, quand on produit à l'obscurité le contact de la plaque phosphorcscente ainsi imprimée avec une plaque au gélatinobromure d'argent.
» Tout récemment, j'ai eu l'iclée de faire des expériences avec des corps fluorescents et sensibles à la lumière actinique, comme les uranatcs et les nitrates d'urane. En imbibant du papier anglais, de texture très égale, avec une solution de 10 pour 100 du nitrate d'urane, ct en produisant le contact direct avec un dessin, un papier imprimé, elc., préalablement insolé, ou en procluisant à la chambre noire l'image donnée par la lentille photographique sur le papier préparé et collé à une plaque de verre, j'ai toujours obtenu des images latentes, qui peuvent être développées après des mois, à la condition qu'on les tienne pendant ce tcmps à l'obscurité ct dans l'air tout fait sce.
« On peut ainsi obtenir des imagcs de nombre de corps, dans l'obscurité, quand ils jouissent, commc le carbonate de chaux, le papier, etc., de la propriété de rendre lentement la lumière absorbée pendant l'insolation. On peut reproduirc des objets qui, jusqu'ici, sont demeurés tout à fait invisibles à l'ail, en faisant des expositions prolongées avec des lentilles ou miroirs à trés court foyer, sur des plaques enduites de substances phosphorescentes ou fluorescentes; cn opérant à l'obscurité et pendant un temps suffisant, avec une plaque plus ou moins sensible à l'émulsion d'argentobromure de collodion ou de gélatine.
« J'ai trouvé qu'il est avantageux de colorer ces plaques avec de la chlorophylle. Au collodion, on ajoute une solution éthérée et concentrée de chlorophylle; tandis que, pour les plaques à gélatine, on fait usage d'une solution alcaline de chlorophylle. Les plaques ainsi préparécs, isochromatiques et d'un vert grisâtre, sont sensibles pour loutes les radiations du spectre solaire, de l'ultra-rougc à l'ultra-violet. »
« En observant le mont Blanc après le coucher du soleil, au commencement de septembre 1883, j'avais été frappé de ce fait, que la lueur bleuverdâtre pouvait restcr perceptible jusqu'à 10h 30m; j'ai été conduit à penser que la glace de la cime, mêlée aux débris du carbonate de chaux, émet une lumière d'une couleur très semblable à celle des eaux du lac Léman, et qu'il serait possible de fixer l'image de la montagne, à la nuit, par la lumière phosphorescente de la glace, qui se trouve être très actinique.
» A mon retour, j'ai fait une expérience consistant à projeter les images données par les lentilles photographiques dans la chambre noire sur une plaque de verre couverte d'une couche de phosphore de Balmain, uniformément répandue sur la plaque, comme lorsqu'il s'agit de recouvrir une plaque de verre avec du collodion. Après une exposition de quelques sccondes, j'ai pris la plaque de la chambre noirc, à l'obscurité, pour la mettrc en contact avec une plaque sèche photographique pas trop sensible. Après une heure de contact à l'obscurité, j'ai vu apparaître l'image de l'objet, comme s'il s'agissait d'une prise ordinaire, avcc tous les détails.
« Mais l'observation faite à Genève m'a fait penser que le carbonate de chaux, illuminé par un soleil brillant pendant le jour, pourrait émettre des rayons invisibles, mais très actiniques. J'ai fait l'expérience pendant la nuit du 17 mai de l'année suivante 1884, le ciel étant couvert. L'exposition de la plaque, à minuit, sur la terrasse de l'observatoire astrophysique de Prague, pendant quinze minutes, a donné des images assez bonnes des tours et des édifices environnants, après un contact de la plaque phosphorescente avec la plaque photographique prolongé jusqu'au matin du jour suivant. Il y a donc des radiations émises par des corps insolés, radiations assez actiniques, même jusqu'à minuit, en absence de toute autre lumière.
« J'ai répété ces expériences plus tard, avec du papier imprimé, que j'ai placé pendant la journée en plcin soleil. Après une heure d'insolation, j'ai opéré le contact avec du papier photographique ordinaire, à la chambre noire. L'impression du papier s'est opérée en peu d'heures, en sorte qu'on n'a pas besoin de développer l'image, mais seulement de la fixer. Les lcttres apparaissent nettement en noir, et j'ai fait usage de cette méthode pour copier des notes imprimées.
« Cette expérience m'a conduit enfin à supposer que la lumière peut être absorbée et rendue ensuite lentement, et qu'on peut fixer les images des corps invisibles à l'obscurité, par le simple contact ou par l'appareil photographique.
« Ne se peut-il pas qu'il existe nombre de corps célestes qui, étant illuminés pendant des périodes plus ou moins longues, rendent cnsuitc lentement cette lumière quand ils sont noyés dans les ténèbrcs, mais cormme lumière actinique, comme les murs illuminés pendant le jour rcndent. pendant la nuit la lixmière absorbée.
» La confection des cartes célestes pourrait en tirer avantage; car, avec un télescope de 8 pouces d'ouverture et 41 pouces de foyer, peu de secondes suffisent pour imprimer la plaque phosphorescente et pour représenter les étoiles jusqu'à la 9e grandeur, quand on produit à l'obscurité le contact de la plaque phosphorcscente ainsi imprimée avec une plaque au gélatinobromure d'argent.
» Tout récemment, j'ai eu l'iclée de faire des expériences avec des corps fluorescents et sensibles à la lumière actinique, comme les uranatcs et les nitrates d'urane. En imbibant du papier anglais, de texture très égale, avec une solution de 10 pour 100 du nitrate d'urane, ct en produisant le contact direct avec un dessin, un papier imprimé, elc., préalablement insolé, ou en procluisant à la chambre noire l'image donnée par la lentille photographique sur le papier préparé et collé à une plaque de verre, j'ai toujours obtenu des images latentes, qui peuvent être développées après des mois, à la condition qu'on les tienne pendant ce tcmps à l'obscurité ct dans l'air tout fait sce.
« On peut ainsi obtenir des imagcs de nombre de corps, dans l'obscurité, quand ils jouissent, commc le carbonate de chaux, le papier, etc., de la propriété de rendre lentement la lumière absorbée pendant l'insolation. On peut reproduirc des objets qui, jusqu'ici, sont demeurés tout à fait invisibles à l'ail, en faisant des expositions prolongées avec des lentilles ou miroirs à trés court foyer, sur des plaques enduites de substances phosphorescentes ou fluorescentes; cn opérant à l'obscurité et pendant un temps suffisant, avec une plaque plus ou moins sensible à l'émulsion d'argentobromure de collodion ou de gélatine.
« J'ai trouvé qu'il est avantageux de colorer ces plaques avec de la chlorophylle. Au collodion, on ajoute une solution éthérée et concentrée de chlorophylle; tandis que, pour les plaques à gélatine, on fait usage d'une solution alcaline de chlorophylle. Les plaques ainsi préparécs, isochromatiques et d'un vert grisâtre, sont sensibles pour loutes les radiations du spectre solaire, de l'ultra-rougc à l'ultra-violet. »
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