sexta-feira, 13 de março de 2009

1896, 17 de Fevereiro - Compte Rendu des Séances de L’Académie des Sciences

Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. CXXII
Nº. 7
Pag. 404, 405, 406
*
PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Sur une application nouvelle de la photographie et du phénakisticope; par M. Georges Guéroult.

M. G. Guéroult demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé par lui le 11 juin 1889. Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient la Note suivante.

« La Photographie instantanée a permis d'opérer, pour ainsi dire, l'analise des mouvements rapides, et de nous révéler ainsi, dans ces mouvements, des phases qui, en raison de l'imperfection des organes visuels, nous avaient toujours échappé (études de Muybridge sur le galop du cheval, de Marey sur la course, le saut, lc vol, ctc.). Mais, à ma connaissance, personne ne s'est occupé du problème inverse, je veux dire de la synthèse des différentes phases d'un mouvement trop lent pour être sensible à notre vue.
« Prenons, par exemple, la croissance d'une plante, d'un enfant, des cheveux, de la barbe; à de certains moments assez espacés, nous constatons bien un accroissement notable, mais nous ne nous faisons aucune idée de l'allure du phénomène dans l'intervalle de ces momcnts. Il me paraît évident que, si notre vue était assez subtile pour nous permettre de voir l'herbe pousser, nous serions en mesure de découvrir des particularités qui aujourd'hui nous échappent. Nous aurions peut-être même ainsi l'intuition de lois encore ignorées, comme celle que peut fournir la courbe qui réunit un certain nombre de points représentatifs d'un phénomène.
» Je suppose que, à des intervalles de temps déterminés, on prenne la photographie d'un haricot ou d'un rosier, pendant une certaine période de la vie de la plante. Si l'on dispose les photographies ainsi obtenues sur le cylindre d'un phénakisticope, soit circulairement, soit suivant une hélice convenablement choisie, ct qu'on fasse tourner lc cylindre avec une vitesse suffisante, on verra la croissance de la plante s'opérer graduellement. En prenant les photographies à des intcrvalles de plus en plus rapprochés, on aura une image, de plus en plus précise, du mouvement de croissance, de sa rapidité, de la concomitance ou de l'a1ternance de l'accroisscment de certaines parties, etc.
» Sans doute, en altérant dans une proportion détcrrninéc l'une des variables indépendantes, le temps, on modifie la forme du mouvement, mais, par analogie avec les courbes et les surfaces de la Géométrie analytique, il est permis d'espérer qu'on n'en altère pas la naturc et la loi. En tout cas, on connaît exactement le quantum de la déformation produite; il est donc possible d'en tenir compte dans les raisonnements et les déductions.
« On sait que, dans le phonographe, en donnant au cylindre une rotation plus ou moins rapide, on peut à volonté mcttre la même phrase dans la bouche d'un soprano suraigu ou d'une bassc profonde. Avec l'instrument dont j'ai indiqué le principe dans une Communication précédente et qu'on pourrait appeler le photocinégraphe,en changeant à volonté la durée de la rotation du cylindre du phénakisticope, il serait possible de donner a un mouvement lent les apparences d'un mouvement rapide et inversement (1) ([i]).
([i]) (1) Une autre expérience, d'un caractère assez nouveau, pourrait être faite avec les photographies de la plante ou de l'animal, dont on aurait étudié la croissance. Si l'on tournait en sens inverse le cylindre de ce photocinégraphe, on verrait se produire en sens inverse les phénomènes de la croissance: on verrait les fleurs se fermer, redevenir boutons, puis bourgeons, puis disparaître; on verrait la tige se rapetisser et finir par rentrer sous terre. Bref, on pourrait, avec le photocinégraphe, se donner la satisfaction jusqu'ici inconnue de voir rajeunir les choses, on du moins leur image.

Sem comentários:

Enviar um comentário