Janvier-Juin
T. CXXII
Nº. 10
Pag. 609, 610, 611
*
PHOTOGRAPHIE. - Photographie en couleurs; substitution de couleurs organiques à l'argent réduit des epreuves photographiques. Note de M. Georges Adolphe Richard, présentée par M. H. Becquerel.
« Les essais tentés jusqu'a ce jour pour obtenir par synthèse des épreuves positives durables ne semblent pas avoir conduit à une méthode pleinement satisfaisante. Autant il est facile d'avoir les trois négatifs (Ducos du Hauron) correspondant à chacun des monochromes élémentaires, jaune, rouge et bleu, du sujet, autant il est difficile d'obtenir avec ces trois négatifs un positif sur verre irréprochable, dont les couleurs soient pures et fixes.
» MM. Lumière, dans une récente Communication à la Société française de Photographie et intitulee La Photographie des couleurs, ses méthodes et ses résulats, ont exposé l'état actuel de la question. Après avoir rappelé la découverte mémorable de M. Lippmann qui a conduit à la méthode directe, MM. Lumière ont relaté les essais très complets qu'ils ont faits par la méthode indirecte. D'après ces auteurs, cette dernière méthode n'a pas encore donné des épreuves positives parfaites au point de vue de la stabilité des teintes.
« Les recherches que nous venons d'entreprendre nous-même, dans une voie toute nouvelle, nous ont amené à une conclusion différente. La substitution des couleurs à l'argent réduit nous a permis d'obtenir des épreuves fixes, à tons purs et identiques à ceux du modèle.
« Voici comment nous procédons:
« Nous faisons la sélection des trois couleurs élémentaires d'après le procédé Ducos du Hauron; nous avons ainsi trois négatifs, dont nous tirons les contretypes sur trois supports différents, émulsionnés au gélatino-bromure. Ces épreuves nous donnent en noir les intensités relatives des rouges, des jaunes et des bleus du sujet. Puis nous substituons à l'argent réduit, contenu dans la gélatine de ces positifs ordinaires, une matière colorante organique, rouge pour l'un d'eux, jaune pour l'autre et bleu pour le troisième. La superposition de ces trois monochromes donne toutes les finesses de tons du sujet.
« La substitution d'une couleur organique à l'argent réduit peut être réalisée:
« 1º Par la transformation chimique du dépôt argentique en un sel capable de fixer ou de précipiter la couleur que l'on veut employer: le positif ainsi mordancé ne retient la couleur qu'aux endroits antérieurement noirs, et cela proportionnellement a l'intensité de ces noirs;
« 2º Par la transformation de l'argent en un sel capable de réagir sur les dérivés de la houille, pour former ainsi sur place des couleurs organiques artificielles.
« Ces deux modes de substitution, où les réactions chimiques contribuent seules au résultat, n'ont rien de commun avec les procédés employés jusqu’à ce jour, puisque la lumière n'intervient pas dans la formation ou la fixation de la couleur.
« Les clichés positifs sont faits sur plaques et pellicules au gélatinobromure, que l'on trouve partout dans le commerce: l'obtention de ces épreuves ne nécessite donc aucune indication particulière. Disons, toutefois, que l'une d'elles est faite sur pellicule et que les deux autres sont faites sur verre. L'une de ces dernières doit reproduire l'image inversée du sujet, de façon que les deux clichés sur verre soient superposables lorsque leurs surfaces gélatinées sont mises en regard. Le positif sur pellicule est destiné à être placé entre les deux autres.
» Le repérage ne présente aucune difficulté; l'indépendance des monochromes le rend des plus simples et pcrmet en outre d'apprécier la valeur de chacun des clichés avant de passer à leur coloration, facilité qui n'existait pas dans les procédés employés antérieurement. Ainsi, dans la méthode par les trois couchages successifs sur un même support, il est rarement possible de tirer parti d'une épreuve dans laquelle domine une des couleurs élémentaires. Supposons que l'un des monochromes qui se trouvent en dessous ne soit pas à sa valeur, ce dont on ne s'apercevra qu'après l'achèvement du troisième monochrome: l'ensemble est inutilisable et l'on n'a plus d'autre ressource que de recommencer la série des opérations. Au contraire, nous avons toute latitude pour modifier on changer nos épreuves colorées, puisqu'elles ont toutes trois un support particulier.
« Notre méthode nous paraît avoir, sur les bichromatages successifs employés d'abord par MM. Lumière, l'avantage de ne nécessiter aucune préparation spéciale de la gélatine: on fait usage de plaques et de pellicules du commerce. Elle n'a pas l'inconvénient du procédé au diazosulfite de fer ([i]), auquel ils ont depuis eu recours: les couleurs de nos épreuves sont d'une stabilité absolue, tandis que les images au diazosulfite sont mal fixées et ne se conservent pas. «
([i])
1896
16 de Março
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet-Décembre
T. CXXII
Nº. 11
Pag. 687
ERRATA
_
(Séance du 9 mars 1896)
Note de M. Georges-Adolphe Richard, Photographie en couleurs :
Page 610, ligne 1 en remontant et page 611, ligne 1, au lieu de diazosulfite de fer lisez diazosulfite de Feer.
PHOTOGRAPHIE. - Photographie en couleurs; substitution de couleurs organiques à l'argent réduit des epreuves photographiques. Note de M. Georges Adolphe Richard, présentée par M. H. Becquerel.
« Les essais tentés jusqu'a ce jour pour obtenir par synthèse des épreuves positives durables ne semblent pas avoir conduit à une méthode pleinement satisfaisante. Autant il est facile d'avoir les trois négatifs (Ducos du Hauron) correspondant à chacun des monochromes élémentaires, jaune, rouge et bleu, du sujet, autant il est difficile d'obtenir avec ces trois négatifs un positif sur verre irréprochable, dont les couleurs soient pures et fixes.
» MM. Lumière, dans une récente Communication à la Société française de Photographie et intitulee La Photographie des couleurs, ses méthodes et ses résulats, ont exposé l'état actuel de la question. Après avoir rappelé la découverte mémorable de M. Lippmann qui a conduit à la méthode directe, MM. Lumière ont relaté les essais très complets qu'ils ont faits par la méthode indirecte. D'après ces auteurs, cette dernière méthode n'a pas encore donné des épreuves positives parfaites au point de vue de la stabilité des teintes.
« Les recherches que nous venons d'entreprendre nous-même, dans une voie toute nouvelle, nous ont amené à une conclusion différente. La substitution des couleurs à l'argent réduit nous a permis d'obtenir des épreuves fixes, à tons purs et identiques à ceux du modèle.
« Voici comment nous procédons:
« Nous faisons la sélection des trois couleurs élémentaires d'après le procédé Ducos du Hauron; nous avons ainsi trois négatifs, dont nous tirons les contretypes sur trois supports différents, émulsionnés au gélatino-bromure. Ces épreuves nous donnent en noir les intensités relatives des rouges, des jaunes et des bleus du sujet. Puis nous substituons à l'argent réduit, contenu dans la gélatine de ces positifs ordinaires, une matière colorante organique, rouge pour l'un d'eux, jaune pour l'autre et bleu pour le troisième. La superposition de ces trois monochromes donne toutes les finesses de tons du sujet.
« La substitution d'une couleur organique à l'argent réduit peut être réalisée:
« 1º Par la transformation chimique du dépôt argentique en un sel capable de fixer ou de précipiter la couleur que l'on veut employer: le positif ainsi mordancé ne retient la couleur qu'aux endroits antérieurement noirs, et cela proportionnellement a l'intensité de ces noirs;
« 2º Par la transformation de l'argent en un sel capable de réagir sur les dérivés de la houille, pour former ainsi sur place des couleurs organiques artificielles.
« Ces deux modes de substitution, où les réactions chimiques contribuent seules au résultat, n'ont rien de commun avec les procédés employés jusqu’à ce jour, puisque la lumière n'intervient pas dans la formation ou la fixation de la couleur.
« Les clichés positifs sont faits sur plaques et pellicules au gélatinobromure, que l'on trouve partout dans le commerce: l'obtention de ces épreuves ne nécessite donc aucune indication particulière. Disons, toutefois, que l'une d'elles est faite sur pellicule et que les deux autres sont faites sur verre. L'une de ces dernières doit reproduire l'image inversée du sujet, de façon que les deux clichés sur verre soient superposables lorsque leurs surfaces gélatinées sont mises en regard. Le positif sur pellicule est destiné à être placé entre les deux autres.
» Le repérage ne présente aucune difficulté; l'indépendance des monochromes le rend des plus simples et pcrmet en outre d'apprécier la valeur de chacun des clichés avant de passer à leur coloration, facilité qui n'existait pas dans les procédés employés antérieurement. Ainsi, dans la méthode par les trois couchages successifs sur un même support, il est rarement possible de tirer parti d'une épreuve dans laquelle domine une des couleurs élémentaires. Supposons que l'un des monochromes qui se trouvent en dessous ne soit pas à sa valeur, ce dont on ne s'apercevra qu'après l'achèvement du troisième monochrome: l'ensemble est inutilisable et l'on n'a plus d'autre ressource que de recommencer la série des opérations. Au contraire, nous avons toute latitude pour modifier on changer nos épreuves colorées, puisqu'elles ont toutes trois un support particulier.
« Notre méthode nous paraît avoir, sur les bichromatages successifs employés d'abord par MM. Lumière, l'avantage de ne nécessiter aucune préparation spéciale de la gélatine: on fait usage de plaques et de pellicules du commerce. Elle n'a pas l'inconvénient du procédé au diazosulfite de fer ([i]), auquel ils ont depuis eu recours: les couleurs de nos épreuves sont d'une stabilité absolue, tandis que les images au diazosulfite sont mal fixées et ne se conservent pas. «
([i])
1896
16 de Março
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet-Décembre
T. CXXII
Nº. 11
Pag. 687
ERRATA
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(Séance du 9 mars 1896)
Note de M. Georges-Adolphe Richard, Photographie en couleurs :
Page 610, ligne 1 en remontant et page 611, ligne 1, au lieu de diazosulfite de fer lisez diazosulfite de Feer.
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