sexta-feira, 13 de março de 2009

1896, 6 de Julho - Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences

Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet-Décembre
T. CXXIII
Nº. 1
Pag. 49, 50, 51
*
CHIMIE. - Action du zinc sur la plaque photographique. Note de M. R. Colson, présentée par M. Cornu.

« Dans le cours de recherches photographiques, j'ai constaté que le zinc exerce sur le gélatinobromure une action énergique; l'étude que j'en ai faite est résumée dans la présente Note.
» Si l'on décape avec du papier émeri une portion d'une feuille de zinc qui a été abandonnée à elle-même depuis un certain temps, et si on la met en contact avec une plaque au gélatinobromure pendant environ vingtquatre heures, le développement fait apparaître une teinte d'un gris foncé en face de la partie décapée, d'un gris plus clair en face des parties encore brillantes mais non décapées récemment, tandis qu'il ne se produit presque rien en face des parties oxydées. Cette action se manifeste aussi à distancc et au travers de certains corps.
« Il y a donc émission de quelque chose, qui ne peut être qu'une radiation ou une émanation; voici comment j'ai éclairci ce point.
» J'ai disposé sur la plaque sensible une petite lame de zinc pliée à angle droit; une des branches reposait horizontalement sur la plaque, tandis que l'autre s'élevait verticalement; en face de cette dernière branche, à une distance de 3mm, se trouvait un carton vertical, percé d'une fenêtre partant de la plaque. S'il s'agit d'une radiation, on devra observer sur la plaque la trace d'une ombre et d'une pénombre d'après les lois géométriques du rayonnement. Or, rien de tel ne se produit: une teinte grise dégradée s'étend à partir du zinc, non seulement à l'intérieur de la fenêtre, mais tout autour du carton, qui n'a préservé que le trait par lequel il reposait sur la plaque. Dans une autre expérience j'ai placé le zinc sur un pont en carton de 6mmde haut; l'effet s'est étendu tout autour, et aussi en dessous en teinte dégradée. Une pièce d'argent, légèrement soulevée, a laissé passer l'effet en dessous, sauf sur la région même de contact avec la plaque. Dans ces expériences, et dans beaucoup d'autres, l’obstacle est tourné. L'effet est donc dû, non à une radiation, mais a une émanation.
« D'autre part, les éléments de l'air n'interviennent pas, car je n'ai pas trouvé de différence appréciable en développant, dans un même bain, deux plaques du même paquet, soumises, pendant quarante-huit heures, aux deux moitiés d'une même lame de zinc, l'une dans l'air, l'autre dans le vide de la machine pneumatique.
« Il ne rcste plus alors à invoquer, comme cause, que la vapeur de zinc.
« Cette émanation diminue lentement au fur et à mesure que la surface du métal s'oxyde; mais le décapage lui restitue toute son énergie. L'intensité n'augmente pas sensiblement après une exposition, même prolongée, à la lumière solaire.
» Il ne suffit pas de plonger la plaque dans l'eau pour faire apparaître l'image; le révélateur est indispensable. D'ailleurs, rien ne se produit sur les papiers au chlorure et à l'azotate d'argent, ni au bichromate de potasse, ni au sulfate de cuivre, à l'état sec. Il est donc probable que la vapeur de zinc amorce seulement la réduction du bromure d'argent qui est complétée par le révélateur.
« Cette vapeur traverse facilement jusqu'à trois épaisseurs de papier écolier fort, ainsi que le papier photographique albuminé ordinaire, et, plus difficilement, le papier au gélatinobromure; les parties claires ou foncées d'une épreuve ne présentent pas de différence au passage; le papier noir est peu traversé; le carton arrête. Le bois ne laisse passer qu'en faible épaisseur, et d'autant moins qu'il est plus serré. Les métaux, le verre, les substances cristallisées, la gomme, et en général les corps compacts, forment obstacle. L'encre d'imprimerie sèche est traversée, tandis que l'encre à écrire ne l'est pas, sans doute à cause de la gomme et des cristaux qu'elle contient.
» Une plaque, enfermée pendant quarante-huit heures dans une boîte avec du zinc décapé, placé de facon que sa vapeur agisse sur la plaque, non directement mais par diffusion à distarice dans l'air, accuse un voile prononcé, dont sont seules exemptes les parties protégées par le contact immédiat d'un corps non poreux.
« M. Demarcay a montré, en 1882 (1) ([i]), que la volatilité existe déjà dans le vide pour certains métaux, à des températures relativement peu élevées, par exemple pour lc zinc à 184º. Aujourd'hui, grâce a l'extrême sensibilité du gélatinobromure, la production de vapeur de zinc est mise en évidence à la pression et à la température ordinaires. Ce résultat n'est pas seulement intéressant au point de vue théorique; il conduit à plusieurs conséquences pratiques importantes. On peut, par exemple, remplacer la lumière pour certaines reproductions par une feuille de zinc bien décapée; la porosité des corps interposés se substitue alors à la transparence. On voit aussi qu'il est prudent d'exclure lc zinc des boîtes, châssis et appareils photographiques; ou, si on l'emploie, il est indispensable de le recouvrir de corps compacts, comme le papier noir collé à la gomme, sans laisser aucune partie à nu. II faut encore tenir compte de cette action dans la photographie au travers des corps opaques.
« La poudre de zinc, même simplement frottée sur du papier, est au moins anssi énergique qu'une lame de métal (1) ([ii]).
» Le magnésium et le cadmium donnent le même effet que lc zinc, à l'intensité près; je n'ai rien obtenu avec lc plomb, l'étain, le cuivre, le fer et l'aluminium. «
([i]) (1) Comptes rendus, 24 juillet 1882.
([ii]) (1) Je me suis servi surtout de plaques Lumière, marque bleue, et du révélateur au métol.

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