Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences
T. CXXV
Nº. 4
Pag. 232, 233, 234
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PHYSIQUE. - Sur le voile photographique en radiographie. Note de M. P. Villard (2) ([i]) , présentée par M. J. Violle.
« Les épreuves radiographiques présentent souvent un aspect voilé, surtout quand il s'agit d'objets épais : on admet volontiers que ce résultatest produit par des rayons X de nature particulière, capables de traverser presque tous les corps sans absorption notable.
« Sans faire d'hypothèse sur la composition du rayonnement émis par un tube de Crookes en activité, je crois que l'explication précédente est loin d'être exacte; les expériences suivantes paraissent établir que le voile n'est nullement dû l'action de rayons X ayant traversé les objets à radiographier.
» I. Sur une plaque sensible entourée de papier noir, est placée une large barre de fer plate, de 6mm d'épaisseur; sur celle-ci, et en croix, est posée une seconde barre de même épaisseur. Sur chacune des barres ont été déposés de petits objets en cuivre ou en argent épais. Au-dessus du tout, à 25cm environ, est installé un tube de Crookes capable de donner des radiographies d'une grande netteté. Après une pose de trois minutes, le cliché est développé et donne les résultats suivants :
» Sous la barre au contact du papier noir, pas trace d'impression; sous la barre placée à 6mm au-dessus de la plaque, impression grise très marquée; il semble que cette barre se soit montrée transparente aux rayons X; il n'en est rien cependant, car les objets situés sur cette barre n'ont pas donné de silhouettes, et d'ailleurs la première barre, de même épaisseur que la seconde, s'est montrée parfaitement opaque pour la pose adoptée. Si l'on intervertit les barres, le résultat reste le même: il y a toujours un voile sous celle qui n'est pas au contact du papier renfermant la plaque sensible.
» II. Une plaque sensible est enfermée dans du papier noir ou du carton, au-dessus sont disposés les objets suivants :
« 1º Une plaque de cuivre de1mm d'épaisseur, placée au contact du papier, et sur laquelle est posée une pièce de monnaie en or ;
« 2º Une seconde plaque, pareille à la première, mais maintenue à 15mm au-dessus de la glace sensible; au-dessous, sur le papier, sont deux pièces d'or; sur la plaque de cuivre, directement au-dessus de l'une des pièces, se trouve une pièce de cinq francs, en argent, et, un peu plus loin, une pièce d'or;
» 3º Une plaque de cuivre disposée comme la précédente, mais garnie latéralement de quatre plaques verticales formant avec elle comme le couvercle d'une boite rectangulaire, et servant d'écrans.
« Sur chaque pièce de monnaie est posé un petit écrou épais, en bronze; cette précaution permettra de s'assurer ultérieurement que les pièces n'ont pas été traversées par les rayons X.
« Le tout est soumis pendant cinq à six minutes à l'action du tube de Crookes employé précédemment, et voici ce que l'on observe :
« 1º La plaque de cuivre au contact du papier a été traversée par les rayons X, la pièce d'or s'est montrée opaque et son image n'est pas voilée;
« 2º La seconde plaque a été également traversée; il semble même qu'elle soit beaucoup plus transparente près des bords qu'au centre; mais, tandis que la pièce d'or placée au-dessous d'elle, sur le papier, donne une image exempte de voile, les pièces placées sur la plaque semblent avoir été franchement traversées par les rayons X; leurs silhouettes sont grises et se distinguent à peine du fond qui les entoure. L'image de la pièce d'or placée directement sous la piece de cinq francs est bien visible, mais elle, est, très confuse. Cependant aucune des pièces n'a été réellement traversée, car les objets placés au-dessus n'ont pas donné de silhouettes.
» L'emploi d'un tube peu résistant ne modifie pas sensiblement le phénomène. Les choses se passent encore de même si l'on règle l'interrupteur de manière à affaiblir le rayonnement du tube au point qu'il soit nécessaire de porter a une demi-heure la durée de la pose, ou encore si les rayons X ont préalablement traversé une lame absorbante en cuivre mince.
» 3º La troisième plaque a donné au contraire des silhouettes exemptes de voile, et l'on ne peut trouver trace de l'image de la pièce d’or placée sous la pièce de cinq francs.
» Le résultat est identique, même en portant au maximum la résistance du tube de Crookes.
» III. L’expérience précédente a été répétée, avec les deux premières lames seulement, les objets à radiographier étant disposés dans un vase en cuivre mince contenant de l'eau jusqu'au niveau de la lame supérieure: le résultat a été le même que précédemment; il convient seulement de remarquer que les rayons qui ont produit le voile ont traversé la lame de cuivre formant le fond du vase.
» On peut conclure de ce qui préeède que le voile, au moins dans beaucoup de cas, n'est nullement dû à des rayons ayant traversé tous les obstacles, car il se produit sous des objets réellement opaques, et l'addition d'écrans latéraux suffit à le faire disparaître. L'image confuse donnée par une pièce d'or placée à 15mm au-dessous d'une pièce de cinq francs ne peut provenir des rayons directs, et d'ailleurs elle disparaît aussi par l'addition d'écrans. Cette image n'est pas due non plus au rayonnement fourni par les parois du tube, celui-ci étant amplement masqué par la pièce supérieure et la lame de cuivre. Il semble donc que l'impression parasite observée ait pour cause une sorte de fluorescence de l'air ambiant, ou de l'eau;et, dans ces conditions, on conçoit que la radiographie d'un thorax, par exemple, présente de sérieuses difficultés.
« Les expériences de M. Röntgen, dont M. Raveau a communiqué les résultats à la Société française de Physique, ne laissent subsister aucun doute relativement à la dissémination des rayons X par l'air; la conclusion précédente est d'ailleurs conforme à celle que M. Sagnac, dans une Note très récente, déduit de ses recherches sur la propagation de ces mêmes rayons. »
([i]) (2) Travail fait au laboratoiré de Chimie de l'École Normale supérieure.
PHYSIQUE. - Sur le voile photographique en radiographie. Note de M. P. Villard (2) ([i]) , présentée par M. J. Violle.
« Les épreuves radiographiques présentent souvent un aspect voilé, surtout quand il s'agit d'objets épais : on admet volontiers que ce résultatest produit par des rayons X de nature particulière, capables de traverser presque tous les corps sans absorption notable.
« Sans faire d'hypothèse sur la composition du rayonnement émis par un tube de Crookes en activité, je crois que l'explication précédente est loin d'être exacte; les expériences suivantes paraissent établir que le voile n'est nullement dû l'action de rayons X ayant traversé les objets à radiographier.
» I. Sur une plaque sensible entourée de papier noir, est placée une large barre de fer plate, de 6mm d'épaisseur; sur celle-ci, et en croix, est posée une seconde barre de même épaisseur. Sur chacune des barres ont été déposés de petits objets en cuivre ou en argent épais. Au-dessus du tout, à 25cm environ, est installé un tube de Crookes capable de donner des radiographies d'une grande netteté. Après une pose de trois minutes, le cliché est développé et donne les résultats suivants :
» Sous la barre au contact du papier noir, pas trace d'impression; sous la barre placée à 6mm au-dessus de la plaque, impression grise très marquée; il semble que cette barre se soit montrée transparente aux rayons X; il n'en est rien cependant, car les objets situés sur cette barre n'ont pas donné de silhouettes, et d'ailleurs la première barre, de même épaisseur que la seconde, s'est montrée parfaitement opaque pour la pose adoptée. Si l'on intervertit les barres, le résultat reste le même: il y a toujours un voile sous celle qui n'est pas au contact du papier renfermant la plaque sensible.
» II. Une plaque sensible est enfermée dans du papier noir ou du carton, au-dessus sont disposés les objets suivants :
« 1º Une plaque de cuivre de1mm d'épaisseur, placée au contact du papier, et sur laquelle est posée une pièce de monnaie en or ;
« 2º Une seconde plaque, pareille à la première, mais maintenue à 15mm au-dessus de la glace sensible; au-dessous, sur le papier, sont deux pièces d'or; sur la plaque de cuivre, directement au-dessus de l'une des pièces, se trouve une pièce de cinq francs, en argent, et, un peu plus loin, une pièce d'or;
» 3º Une plaque de cuivre disposée comme la précédente, mais garnie latéralement de quatre plaques verticales formant avec elle comme le couvercle d'une boite rectangulaire, et servant d'écrans.
« Sur chaque pièce de monnaie est posé un petit écrou épais, en bronze; cette précaution permettra de s'assurer ultérieurement que les pièces n'ont pas été traversées par les rayons X.
« Le tout est soumis pendant cinq à six minutes à l'action du tube de Crookes employé précédemment, et voici ce que l'on observe :
« 1º La plaque de cuivre au contact du papier a été traversée par les rayons X, la pièce d'or s'est montrée opaque et son image n'est pas voilée;
« 2º La seconde plaque a été également traversée; il semble même qu'elle soit beaucoup plus transparente près des bords qu'au centre; mais, tandis que la pièce d'or placée au-dessous d'elle, sur le papier, donne une image exempte de voile, les pièces placées sur la plaque semblent avoir été franchement traversées par les rayons X; leurs silhouettes sont grises et se distinguent à peine du fond qui les entoure. L'image de la pièce d'or placée directement sous la piece de cinq francs est bien visible, mais elle, est, très confuse. Cependant aucune des pièces n'a été réellement traversée, car les objets placés au-dessus n'ont pas donné de silhouettes.
» L'emploi d'un tube peu résistant ne modifie pas sensiblement le phénomène. Les choses se passent encore de même si l'on règle l'interrupteur de manière à affaiblir le rayonnement du tube au point qu'il soit nécessaire de porter a une demi-heure la durée de la pose, ou encore si les rayons X ont préalablement traversé une lame absorbante en cuivre mince.
» 3º La troisième plaque a donné au contraire des silhouettes exemptes de voile, et l'on ne peut trouver trace de l'image de la pièce d’or placée sous la pièce de cinq francs.
» Le résultat est identique, même en portant au maximum la résistance du tube de Crookes.
» III. L’expérience précédente a été répétée, avec les deux premières lames seulement, les objets à radiographier étant disposés dans un vase en cuivre mince contenant de l'eau jusqu'au niveau de la lame supérieure: le résultat a été le même que précédemment; il convient seulement de remarquer que les rayons qui ont produit le voile ont traversé la lame de cuivre formant le fond du vase.
» On peut conclure de ce qui préeède que le voile, au moins dans beaucoup de cas, n'est nullement dû à des rayons ayant traversé tous les obstacles, car il se produit sous des objets réellement opaques, et l'addition d'écrans latéraux suffit à le faire disparaître. L'image confuse donnée par une pièce d'or placée à 15mm au-dessous d'une pièce de cinq francs ne peut provenir des rayons directs, et d'ailleurs elle disparaît aussi par l'addition d'écrans. Cette image n'est pas due non plus au rayonnement fourni par les parois du tube, celui-ci étant amplement masqué par la pièce supérieure et la lame de cuivre. Il semble donc que l'impression parasite observée ait pour cause une sorte de fluorescence de l'air ambiant, ou de l'eau;et, dans ces conditions, on conçoit que la radiographie d'un thorax, par exemple, présente de sérieuses difficultés.
« Les expériences de M. Röntgen, dont M. Raveau a communiqué les résultats à la Société française de Physique, ne laissent subsister aucun doute relativement à la dissémination des rayons X par l'air; la conclusion précédente est d'ailleurs conforme à celle que M. Sagnac, dans une Note très récente, déduit de ses recherches sur la propagation de ces mêmes rayons. »
([i]) (2) Travail fait au laboratoiré de Chimie de l'École Normale supérieure.
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