1849
20 de Agosto
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
T. XXIX
Nº. 8
Pag. 215, 216, 217
PHYSIQUE.- Recherches photographiques; par M. BLANQUART-EVRARD, de Lille.
« J’ai l’honneur de soumettre à l’Académie des Sciences, des épreuves de photographies sur papier, obtenues au moyen de matrice sur albumine. L’idée d’employer l’albumine rendue sensible à l’action de la lumière par son mélange avec de l’acéto-nitrate d’argent et étendue en couche légère sur une plaque de verre, appartient à M. Niepce de Saint-Victor; elle est la confirmation la plus complète du principe de l’imprégnation profonde des papiers par la substance photographique, principe que j’avais posé antérieurement dans une communication à l’Académie.
« L’imprégnation profonde des éléments chimiques dans la pâte du papier, disais-je alors, de manière que cette pâte devienne le milieu où doivent s’accomplir les réactions chimiques, qui finalement constituent l’image photographique, est la condition la plus essentielle au succès de l’opération. »
(Comtes rendus de l’Académie, tome XXIV, page 117.)
« En proposant de substituer à la pâte du papier un corps complétement, transparent et solide qui pût contenir les éléments chimiques, M. Niepce de Saint-Victor ouvrait une nouvelle voie à la photographie sur papier. Répondant à l’appel qu’il a fait aux expérimentateurs pour arriver à des résultats pratiques, je viens soumettre à l’Académie une méthode qui réunit toutes les conditions nécessaires à l’application de la photographie à l’industrie; car les matrices obtenues sur verre par les préparations que je vais décrire sont inaltérables à la lumière, ne perdent aucune de leurs qualités après un nombre indéfini de tirages, sont susceptibles d’être reconstituées, si par accident on venait à les perdre, pourvu que l’on ait une seule épreuve de la matrice perdue, et enfin elles peuvent dans tous les temps, sous toutes les températures et conditions de lumière, donner des résultats satisfaisants.
« Quant aux qualités des épreuves, je me propose d’envoyer successivement à l’Académie des résultats pour asseoir son opinion; je me borne aujourd’hui à celles qui me paraissent nécessaires pour établir que la photographie est arrivée à la reproduction des modèles dans les caractères mêmes de ces modèles: ainsi je présente aujourd’hui l’épreuve d’un portrait en miniature, rendu même grandeur que le modèle, et dans les conditions légèresres et transparentes de cette sorte de peinture; une éreuve d’aprés un portrait à l’huile dans des caractères opposés, ombres vigoureuses et lumières brillantes; une vue d’après nature avec figures (des chevaux blancs) en même temps qu’une statue en bronze d’un modèle et d’un fini remarquable; enfin une reproduction d’après une gravure de même dimension réunissant, malgré cette double difficulté, la finesse, le modèle et la vigueur.
« Voici les préparations: recueillir dans un vase profond un certain nombre de blancs d’oeufs; en extraire toute partie solide ou non transparente, éviter aussi toute poussière qui serait par la suite une cause de taches. Ajouter 15 gouttes d’une dissolution saturée diodure de potassium. Battre les oeufs en neige et laisser reposer jusqu’à ce que cette neige revienne à l’état liquide: Nettoyer la glace dont on veut se servir avec de l’alcool, la déposer sur un support quelle débordera, et verser dessus une quantité suffisante d’albumine. Étendre cette albumine sur toute la surface de la glace en se servant pour cela d’un fragment de glace, de manière que sa tranche reste en contact avec la surface de la glace. Faire parcourir par ce fragment, poussant devant lui l’albumine, toute l’étendue de la glace et à plusieurs reprises. Cette opération, qui paraît puérile, a pour effet de mettre l’albumine en contact parfait avec la surface de la glace, de manière qu’elle en reste encore bien couverte lorsque, par un de ses angles, on fait écouler tout excès. Après cette dernière opération, on dépose la glace bien à plat et on laisse sécher.
« L’albumine étant bien séchée sur la glace, on devra la soumettre à une température très-élevée (ou un très-grand refroidissement, ce qui revient au même) jusqu’à ce que la couche d’albumine présente un aspect totalement fendillé (ne pas pousser jusqu’à l’écartement complet). Ainsi prête, la glace peut être soumise à l’acéto-nitrate (proportion indiquée dans ma communication du 25 janvier 1847). Il faut que le contact de l’acétonitrate avec l’albumine se fasse en un seul temps; car l’albumine se contractant lors de sa combinaison à l’acéto-nitrate, il y aurait autant de séparations dans la couche qu’il y aurait eu de reprises dans l’immersion. Voici le moyen le plus facile: On verse dans une cuvette plus grande que la glace albuminée une couche d’un demi-centimètre d’acéto-nitrate, on donne ensuite à la cuvette une inclinaison de 45 degrés. Tout le liquide ainsi réuni dans la partie inférieure, on place le bord de la glace, le côté albuminé, en regard avec le fond de la cuvette; puis, par un seul et même mouvement, on laisse tomber la glace dans la cuvette, et la cuvette sur la table dans la position horizontale. Ceci fait, on retire à l’instant la glace de la cuvette et on la plonge dans une autre contenant de l’eau; on agite fortement pendant quelques secondes, puis, la retirant, on la fera égoutter en la tenant par un de ses angles et en frappant fortement l’autre sur la table.
« Les glaces ainsi préparées sont photogéniques, elles peuvent être employées indifféremment à l’état humide ou à l’état sec, si l’on doit opérer au loin ou en voyage. De même on peut faire venir l’épreuve après l’exposition à la chambre noire, soit immédiatement, soit au retour d’un voyage.
« Cette opération se pratique comme je l’ai indiqué pour le papier dans ma communication du mois de novembre 1847, en plongeant la glace dans un bain d’acide gallique saturé; toutefois, pour donner à l’épreuve toute sa valeur, il convient d’ajouter au bain d’acide gallique quelque peu d’acéto-nitrate d’argent. Il sera prudent de retirer l’épreuve du bain d’acide gallique avant que ses diverses parties aient acquis le ton désirable; car si l’on poussait l’action trop loin, on ne pourrait pas atténuer les tons trop foncés qu’elle présenterait alors; tandis que si ses nuances étaient trop faibles, on pourrait, sans inconvénient, la soumettre de nouveau à l’action de l’acide gallique, la matrice eût-elle déjà servi à produire un très-grand nombre d’épreuves.
« Après cette opération on doit laver la glace à grande eau, et la passer enfin dans une dissolution de bromure de potassium (30 grammes par 100 grammes d’eau), puis la laver encore à grande eau, et enfin la faire sécher en la maintenant étendue horizontalement dans la chambre noire, si la couche d’albumine a formé quelques cloches et s’est soulevée par places, par suite des diverses immersions qu’elle aura subies.
« Ainsi traitée, l’albumine acquiert sur la glace une dureté et une solidité extrêmes, à tel point que lorsqu’une épreuve incomplète doit être détruite pour faire servir de nouveau la glace, il faut avoir recours à un agent chimique très-énergique, comme le cyanure de potassium, par exemple, pour l’enlever complétement de celle-ci.
« Les épreuves positives s’obtiennent de la mème manière qu’avec les clichés sur papier. (Communications de janvier et avril 1847.) «
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