Paris,
IMPRIMERIE NATIONALE
MDECCL
Pags : 529, 530, 531, 532, 533, 534, 535, 536, 537, 538, 539, 540, 541, 542.
Quel que soit le succès de nos papeteries, d’autres ressources sont ouvertes à l’avenir. M. Niepce de Saint-Victor, chez qui l’esprit inventif est devenu un heritage de famille et l’étude de l’action de la lumière comme une carrière obligée, M. Niepce de Saint-Victor remplace heureusement le papier par l’albumine mélangée d’iode et étendue sur glace. MM. Bayard, Blanquart-Évrard et Martens ont obtenu des résutats qui montrent les ressources de ce nouveau procédé.Telle est donc la situation où le jury a trouvé, où il laisse cet art : l’héliographie sur plaque arrivée à une grande perfection dans ses résultats, parvenue à une facilité extrême dans les procédés, l’héliographie sur papier ayant fait des pas immenses, et à la veille d’à désirer, si le suffle de vie, cett inspirtion du génie que Dieu n’a mis quedans l’homme, pouvait entrer dans une machine ; mais l’industrie pas plus que l’art ne verra un instument remplacer le génie de l’te. La machine ne supplantera jamais la main guidée par l’intelligence, elle ne peut que lui devenir en aide ; et elle lui devient d’un véritable secours si, en faisant tout ce qui lui est donné de faire, elle permet à l’homme de réserve son habileté pour créer et d’employer toute son attention à la direction intelligente. Dans la fabrique, l’artiste multipliera encore à l’infini ces riches bouquets, ces souples guirlandes, ces ornements pris judicieusement dans tous les styles ; il continuera á être l’auteur de toutes ces inventions marquées au coin du bon goût, et qui depuis tant d’années enchaînent la mode au milieu de nous. Mais ces inventions, l’artiste les puisse ailleurs que dans son cerveau : il lui faut, de temps á autre, renouveler en face de la nature la matière premiére de ses idées ; et si cette observation est longue, si ces études demandent beaucoup, qui payera ce chômage forcé ? L’industrie. Si, au contraire, l’artiste peut, en plaçant une chambre noire devant les objets de ses études, les reproduire en dix secondes au lieu de semaines entières, qu’exigerait un dessin à la main ; s’il peut rendre avec une grande exactitude et un charme inappréciable tous les détails des habiles combinaisons de ses dessins, ici le feuilles des arbres, dans la netteté de leurs contours, avec la délicatesse de leursfibres ; lá, les fleurs et les fruits ; un jour, les monuments, les sculptures et les tableaux de nos artistes ; un autre jour, les premiers plans de ses vues et les horizons de ses paysages ; s’il peut faire tout cela dans ses moments perdus, presque instantanément, qui en profitera ? L’industrie la première, puis l’artiste aussi, car ces études mécaniques formeront son musée. Pour tout autre que pour lui, cette reproduction dela nature, prise sur le fait, semble morte malgré sa perfection : il lui manque la couleur, le mouvement, il lui manque un souffle de vie ; mais, comme au temps des fables, cesera encore le génie de l’artiste qui fera sortir deces matérieux inertes les mille compositions animées par la puissance de son talent.
- M. WARREN THOMPSON, boulevard Poissonniére, nº 14 bis, à Paris
- M. VAILLAT, Palais-National, nº 43, à Paris.
- M. SABATIER-BLOT, Palais-National, nº 129, à Paris.
Le jury de 1844 mentionait honoralement les travaux de M. Sabatier-Blot, qui n’a pas cessé depuis cette époque d’exercer son art avec succès. Seulement, il nous a semblé qu’il entré dans une fausse voie, conséquence d’un engouement exagéré pour la vivacité de la lumière. La personne qui pose dans son atelier n’est pas seulement éclairée par la lumière vive du dehors, elle reçoit aussi de droite, de gauche, de face et de côté des reflets renvoyés soit par des écrans blancs et bleus, soit par des glaces. Ainsi illuminée, la nature perd son modelé et l’œil ne retrouve plus les effets d’ombre qu’il est habitué à voir dans le jeu de la physionomie. Les plaques déjà miroitantes le deviennent davantage ; la précision des contours par l’ondulation est remplacée par l’ondulation d’un mirage, et la netteté des détails par un flou lumineux qui rappelle un effet d’incendie. Il est regrettable que M. Sabatier-Blot perde ainsi le mérite de la parfaite préparation de ses plaques, depuis les plus petites, préparées aux polissoirs long, jusquaux plus grandes, polies au moyen d’unemachine ingénieuse dont il est l’inventeur.Le jury rappelle en sa faveur la mention honorable qu’il a obtenue en 1844.
Mentions honorables
- M. ANDRIEUX, place du Carrousel, nº 2, à Paris
Le sentiment des arts, une grande précision dans toutes les manipulations, une recherche attentive des procédés les plus perfectionnés, distinguent l’atelier de M. Andrieux et l’ont recommandéà l’attention du jury, qui a remarqué les poses heureuses, les effets bien calculés qu’il donne á ses modéles, la réussite presque toujours égale de ses opérations et les beaux résultats qu’il obtient.Le jury lui accorde une mention honorable.
- MM. BISSON fréres, boulevard des Italiens, nº 11, à Paris
MM. Bisson père et fils ont été longtemps à la tête des héliographes qui les premiers s’emparcèrent des procédés de M. Daguerre. Le jury n’a oublié ni les beux portaits, ni les planches d’histoire naturelle qui leur valurent, en 1844, une citation favorable. Cette année, MM. Bisson frères continuent d’exercer cet art ; mais d’autres poursuites, d’autres préoccupations les ont distraits de ces recherches, et ils se sont laissé devancer. Toutefois, ils comptent encore aprmi nos opérateurs habiles, et on a pu s’en convaincre en regardant la collection compléte des portraits de nos deux Assemblées, qui a été litographiée d’après leurs héliographies. Quand ils voudront s’appliquer exclusivement à cet art, ils reprendront leur rang et ils rendront de nouveaux services.
Dans cette espérance, le jury leur accorde une mention honorable.
- M. J. THIERRY, à Lyon (Rhône).
M. Thierry de Lyon avait deux titres différents à l’attention du jury : il a présenté des épreuves de paysage très-remarquables et il a cherché à faciliter les opérations de l’héliographie en composant et en mettant dans le commerc une liqueur qu’il appelle invariable. Au point de perfection où en est arrivé cet art, nous ne pouvons compter pour un progrès une préparation immuable qui n’est tout au plus qu’un guide-âne à l’usage des commençants ou des opérateurs dépourvus de ce sens observateur qui, seul, dirige au milieu des circonstancs très-diverses où l’on se trouve. La couche d’iode et de bromure de chaux est si facile à suivre, au moyen des nouvelles boîtes, dans les divers degrés de sensibilité que l’atmosphère exige, qu’il n’est pas nécessaire, qu’il peut être fâcheux d’en immobiliser la puissance.
En ne considérant que les épreuves exposées par M. Thierry, on acquiert la conviction qu’il est maître de son art. Jamais on n’a rendu des vues générales avec des premiers plans aussi bien accusés et une dégradation aussi complète de teintes pour tous les plans successifs que forment dans l’éloignement les mouvements du terrain.
Le jury décerne à cet habile opérateur une mention honorable.
Citations favorables
- M. PLUMIER, rue Vivienne, nº 36, á Paris
Nous avons dit que tous les héliographes procédaient aujourd’hui d’une manière uniforme ; les opérations, en effet, sont les mêmes, les substances et le matériel identiquement les mêmes. Ce qui diffère, c’est, comme dans toute autre industrie, l’intelligence, le goût, et une sorte d’instinct qui constituent la vocation. M. Plumier possède toutes ces qualités à un degré remarquable ; il leur doit la régularité de ses préparations, qui donnent á toutes ses épreuves un ton argentin et vigoureux qu’on reconnaît de prime-abord, et le constant succèes de ses opérations, qui lui ont conquis sa clientèle et qui l’étendent.
Le jury accorde une citation favorable.
- M. DERUSSY, rue des Prouvaires, nº3, à Paris
M. Ph. Derussy a obtenu en 1844 une citation favorable ; il a, depuis cette époque, considérablement étendu le cercle de ses affaires. Aujourd’hui il produit près de 3,000 portraits parannée, et ces portraits sont bien exécutés.
Le jury lui accorde la citation favorable.
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§ 2. HÉLIOGRAPHIE SUR PAPIER.
Médailles d’argent
- M. BAYARD, rue de la Paix, nº 91, aux Batignolles (Seine).
M. Bayard a suivi de bien près MM. Niepce et Daguerre dans l’emploi de l’iode, il a rivalisé avec M. Talbot pour l’application de l’héliographie sur papier, enfin il présente des épreuves exécutées sur verre par un procédé qu’il nous avoue être analogue à celui qu’a publié M. Niepce de Saint-Victor, mais qu’il prétend avoir mis à exécution avant la communication qui en a été faite à l’Académie des sciences. Le jury n’avait à examiner ni ces titres honorables, ni ces prétentions, sans doute bien fondées ; il aurait désiré trouver dans les communications que M. Bayard lui a faites plus d’ouverture, plus de franchise, plus de libéralité ; il croit que la que la science et que M. Bayard lui-même y auraient gagné l’une en progrès réels, l’autre en titres à la reconnaissnce des savants et à la munificence du Gouvernement ; mais, ne considérant que les cadres exposés par cet habile opérateur, il s’est convaincu que les résultats obtenus par lui, après douze années de persévérentes recherches, étaient les plus satisfaisants dans les conditions essencielles de cet art : la netteté, la précision, l’effet. Jamais aucun opérateur, en aucun pays, n’a produit sur papier des vues aussi détaillées, aussi pures de contours, aussi fraîches et vigoureuses d’effet. Si l’on ajoute à la beauté des résultats, les avantages du procédé, qui permet de préparer les glaces plusieures jours à l’avance, de les transporter au loin, de les soumettre à l’action de la lumière et de revenir chez soi, plusieurs jours après, pour les fixer à son aise, on reconnaîtra que M. Bayard a fait un véritable progrès, et, s’il n’est pas l’inventeur du procédé, qu’il a été au moins le premier à obtenir des épreuves de cette dimension et decette beauté.
En considération de ces efforts persévétents, de ces résultats remarquables, le jury décerne à M. Bayard une médaille d’argent.
Médailles de bronze
- M. Gustave LEGRAY, rue de Richelieu, nº 110, à Paris
Ce jeune peintre s’est appliqué aux sujets qui rentraient dans ses pemières études, au portrait et à la reproduction des peintures et des objects d’art. Il est parvenu à donner au portrait une netteté qui semblait réservée à la plaque, et une harmonie qui ve quelquefois (c’est la son tort) jusqu’à la monotonie. Les artistes trouveront une grande ressource dans cette facilité de reproduction de tous les matériaux qui leurs sontnécessaires, et qui forment comme les outils de leur travail.
M. Legray n’est pas inventeur, il n’a pas de procédé qui lui soit prticulier ; mais, doué d’une intelligence rare et d’une persévérance précieuse, il combine heureusement tout ce qui peut faire progresser son art, il faitmieux encore, il communique avec la plus grande libéralité les méthodes qui lui réussissent, et il acquiert ainsi des titres à l’estime des artistes et à la faveur du jury, qui lui accorde une médaille de bronze.
- MM. GUILLOT – SAGNEZ, rue Vivienne, nº 36, à Paris
Le soleil est l’ouvrier prompt, fidèle, habile que l’héliographe appelle à son aide ; mais, de même qu’il y a ouvrier et ouvier, il y a soleil et soleil, et M. Guillot-Sagnez a eu le bon esprit de s’associer l’astre qui inonde de lumière l’Italie et l’Orient. On sent que ses vues sont éclairées par des rayons vifs, limpides, éclatants, qui vont, par reflets, donne de la clarté aux ombres elles-mêmes. Parmi ses portraits on remarque celui du pape Pie IX et un berger de la campagne de Rome ; l’effet général s’unit à la finesse des détails. Le Moїse de Michel-Ange est d’autant mieux réussi, que, dans l’impossibilité de le déplacer, cette héliographie a été exécutée dans les plus mauvaises conditions d’éclairage. M. Guillot-Sagnez a détaillé libéralement, dans une brochure très bienfaite, tous ses procédés ; si des circonstances particulières ont suspendu ses recherches, il y a lieu d’espérer qu’il s’y consacrera de nouveau, nous avons beaucoup à attendre de sa sagacité.
Le jury lui décerne une médaille de bronze.
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§ 3. HÉLIOGRAPHIE COLORIÉE.
Médailles de bronze
- M. V. MAUCOMBLE, rue de Grammont, nº 26, à Paris
Un vœu général a suivi les premières communications de M. Daguerre et les succès obtenus après lui. On s’est dit : « Quand touvera-t-on le moyen de transmettre, avec les noirs et les clairs de l’image, les couleurs propres à chaque objet ? » M. Becquerel a répondu : « Je reproduis le prisme. » Et on a cru que la découverte était faite. Mais il fallait fixer ce prisme, il fallait que les couleurs des objets vissent à leur place se fondre avec leurs nuances et avec les dégradations dela lumière qui forment l’effet et la prespective. Nous en sommes encore loin, s’il est vrai que ce savant renonce à poursuivre ses recherches ; nous en sommes peut-être bien prés, tant il y a d’inconnu et de hasard dans cette mystérieuse action de la lumière.
Les épreuves daguerriennes placées dans les galleries de l’exposition ne nous obligent pas à traiter cette intéressante question scientifique, les opérateurs ont tourné la difficulté. Ils se sont contentés de colorier la plaque au pinceau et à l’estompr. Nous dirons notre avis sur ce dévéloppement donné à l’héliographie.
Au point de vue industriel, c’est, sans aucun doute, un perfectionnement ; car beaucoup de personnes, que rebutait l’aspect noir et métallique des portraits sur plaque, en ont rempli leurs maisons quand la couleur leur a donné quelque apparence de vie. Le portrait est devenu véritablement populaire, à partir de ce moment.
Au point de vue de l’art ce mérite est contestable. Une épreuve sortie de la chambre noire est une merveille par elle même et dans ses conditions propres. Tout ce qu’on y ajoute á la main peut avoir quelque charme ; mais, en fait, ces additions sont autant de pris sr les qualités qui sont l’essence et le mérite de l’héliographie. Le jury devait donc reconnaître l’utilité du coloriage sous le rapport industriel, et signaler l’habileté des exposants qui exploitent cette manière avec le plus grand succès.
M. Maucomble est sans rival en ce genre ; peintre en miniature assez habile, il est devenu excellent opérateur, et il a su employer son goût dans les arts por poser ses modèles, son talent d’héliographe à roduire des plaques au ton le plus convenable, enfin l’habileté de son pinceau et de ses estompesà fixer une couleur brillante sur la plaque au moyen d’un travail ingénieux de frottis, de pointillé et de hachures. Cette addition manuelle élève beaucoup le prix d’un portrait, mais elle en reléve aussi le mérite aux yeux du public. M. Maucomble exécute chaque année un grand nombre de portraits, qui semblent, au premier aspect, de brillantes miniatures.Le jury lui décerne une médaille de bronze.
- MM. MAYER frères, passage Verdeau, nº 13 bis ; á Paris.
La rapidité d’exécution, la réussite des épreuves, le brillant du coloriage sont réunis dans l’atelier de MM. Mayer frères qui, en outre, vendent des chambres noires habilement modifiées par eux et fabriquées pour leur compte, des substances mélangées d’après leur formule et des boîtes de couleur préparées exprès pour le coloriage de leur invention. Le portrait est leur spécialité, ils le réussissent et le colorient à merveille, aussi en produisent-ils chaque année un très grand nombre. Ils ont exposé aussi quelques vues d’un fini précieux, où le mouvement des eaux dans une rivière, leur calme dans un lac sont rendus merveilleusement. Un poste qu’on relève dans une ville hollandaise est saisi au moment où les deux officiers se donnent à l’oreille le mot d’ordre, et le sujet à lui seul sert à prouver la rapidité de l’exécution. MM. Mayer ne sont étrancers à aucune partie de leur art, et le jury leur décerne une médaille de bronze.
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§ 4. MENUISERIE APPLIQUÉE A L’HÉLIOGRAPHIE.
Médaille d’argent
- M. G. SCHIERTZ, rue de la Huchette, nº 29, á Paris
L'ébénisterie appliquée exclusivement aux appareils d'héliographie devait former une spécialité, M. Shiertz s'en et emparé avec un succès qui fut signalé en 1844 par le jury: il obtint alors une médaille de bronze. Depuis cinq ans cet habile ouvrier n'a pas cessé de suivre les progrès de cet art, de s'associer à tous ses perfectionnements, de les hâter même en saisissant dans les plaintes des opérateurs, comme dans leurs tentatives, les modifications qu'il était nécessaire d'apporter dans les instruments dont ils se servent, et dans le bagage qu'ils sont obligés de traîner avec eux. Chambre noire, châssis de toutes sortes, pieds et supports de toutes dimensions, boîte de voyage, etc, ont été exécutés pat M. Schiertz avec une intéligence rare et une conscience qui, depuis onze années, ne se sont pas démenties. Son atelier est lui-même un titre à l'attention du jury; car toutes les opérations s'exécutent mécaniquement par des moyens ingénieux de son invention qui assurent à sa fabrication toute la précision réclamé par la science.
La commission des beaux-arts, réunie è calle des instruments de précision, lui accorde une médaille d'argent.
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