quinta-feira, 5 de novembro de 2009

1850
27 de Maio
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
T. XXX
Nº. 21
Pag. 663, 664, 665

CHIMIE APPLIQUÉE. - Photographie sur papier. Moyen d’obtenir l’image à la chambre noire sur papier sec; par M. BLANQUART-ÉVRARD.

« C’est à rendre l’exécution de la photographie sur papier, simple, sûre et facile pour les personnes les moins expérimentées dans les manipulations chimiques, que doivent tendre les efforts des hommes qui veulent faire arriver cet art à sa plus utile application dans l’économie industrielle. La première condition pour entrer dans ce nouvel ordre de choses, c’est de dégager l’opération des soins qu’elle exige lors de l’exposition; nous ouvrons la voie en donnant ici:
« 1°. Le moyen d’opérer sur papier sec, au lien de papier mouillé, débarrassant l’opérateur des préparations difficiles qu’il avait à faire sur les lieux de l’exposition;
« 2º. Une préparation tellement simple de ce papier photogénique, que le commerce puisse le fabriquer et le livrer tout prêt à l’amateur qui ne veut pas prendre le soin de le préparer lui-même.
» Les papiers préparés par les moyeils décrits jusqu’ici ne pouvaient pas être amenés à l’état sec sans prendre ensuite, sous l’action de l’acide gallique, une coloration uniforme qui ensevelissait l’image photogénique en la faisant disparaître complétement. Le sérum a la propriété de parer à cet inconvénient; on procédera donc de la manière suivante à la préparation.
» On recueillera, en la faisant filtrer, la partie claire du lait qu’on aura fait tourner, on battra dans ce sérum un blanc d’œf par demi-litre, puis on fera bouillir afin d’entraîner toutes les matières solides, et on filtrera de nouveau, après quoi on fera dissoudre à froid 5 pour 100 en poids d’iodure de potassium. Le papier qu’on voudra préparer sera choisi très-épais et plongé entièrement dans cette substance pendant deux minutes, ensuite séché en le pendant, au moyen de deux épingles, par les deux coins à uncordon tendu horizontalement.
« Cette préparation se fait a la lumière du jour sans aucune précaution particulière; le papier est bon à l’instant même, comme six mois après, et très-certainement beaucoup plus tard encore. Lorsque l’on est pour s’en servir, on le soumet à une seconde préparation qui se fait alors à la lumière d’une bougie, et dans le temps le plus proche possible de l’exposition; il est encore cependant propre à donner de bons résultats plusieurs jours après, en évitant alors, autant que possible de de le laisser à une haute température.
« On procéde donc pour cette préparation comme nous l’avons décrit dans notre communication du mois de janvier 1847, en couvrant une glace d’acétonitrate d’argent composé de 1 partie de nitrate d’argent, 2 parties d’acide acétique cristallisable et 10 parties d’eau distillée. On dépose sur cette substance une des faces du papier qu’on laisse s’imbiber jusqu’à ce qu’il devienne parfaitement transparent, ce dont on s’assure en le soulevant et le regardant à travers la bougie, après quoi on sèche entre plusieurs feuilles de papier buvard bien blanc (le papier des imprimeurs est très-convenable), et on le laisse dans ce cahier jusqu’au moment où on le place dans le châssis, derrière une feuille de papier bien propre et sèche et entre deux glaces, comme dans l’opération mouillée précédemment décrite.
» L’exposition à laquelle on procède plus tard, ou le lendemain, varie, en raison de la lumière et de la puissance des objectifs, d’une à cinq minutes.
« De retour chez soi, on dépose la partie du papier, qui a été présentée a la lumière, sur une couche d’acide gallique saturée, en ayant soin de garantir l’envers de toute trace d’acide gallique qui viendrait le tacher. L’image se forme peu à peu et finit par acquerir des tons aussi puissants qu’on puisse les désirer : elle est alors lavée à grande eau, puis passée dans une solution composée de 1 partie de bromure de potassium et 20 Parties d’eau, afin de dissoudre les sels d’argent non réduits, puis lavée de nouveau pour enlever toute trace de ce bromure, dont l’action se continuant détruirait l’image, et enfin séchée entre plusieurs feuilles de papier buvard.
« Préparation du papier sec à l’albumine. - Le papier préparé par l’albumine. a des propriétés analogues à celles du sérum, mais à un degré inférieur; comme lui il se conserve bon indéfiniment aprés la préparation à l’iodure, mais, après avoir été soumis à l’acétonitrate d’argent, il ne va guère au delà du lendemain. Les épreuves que donne la préparation que nous allons décrire sont admirables; moins fines que celles sur verre, elles ont plus de charmes, parce que les oppositions sont moins tranchées et qu’on y trouve plus d’harmonie et de suavité. Nous pensons que c’est une véritable conquête pour ceux qui cherchent les effets de l’art dans les résultats de la photographie.
« On bat en neige des blancs d’œufs dans lesquels on a versé trente gouttes d’une dissolutiou saturée d’iodure de potassium et deux gouttes d’une dissolution saturée de bromure de potassium par chaque blanc d’œuf. On laisse reposer jusqu’à ce que la neige rende l’albumine à l’état liquide, on filtre alors à travers un papier de soie ou de la mousseline claire, en recueillant l’albumine dans un grand vase bien plat. On dépose sur la couche le papier qu’on veut préparer, et on l’y laisse quelques minutes. Lorsqu’il est empreint d’albumine, on le soulève par un des coins, et on laisse égoutter et sécher en le pendant par un ou deux angles à un cordon tendu.
« La préparation sur l’acétonitrate est, en tout point, conforme à celle décrite plus haut pour le papier préparé au sérum ; on aura soin de ne sécher entre deux papiers buvard que lorsque le papier aura acquis une transparence complète. La mise dans le châssis pour l’exposition se fait de la même manière, de même que la venue de l’image à l’acide gallique et le reste de l’opération ; mais l’exposition exige plus de temps, quatre à cinq minutes généralement.
« Préparation du papier positif à l’albumine. - Le papier positif préparé à l’albumine donne des épreuves quelque peu luisantes, mais d’un ton plus riche, et d’une finesse et d’une transparence beaucoup plus agréables; on le prépare de la manière suivante :
« On verse dans des glaires d’œufs 25 pour 100 (en poids) d’eau saturée de chlorure de sodium (sel de cuisine bien blanc). On traite les œufs en neige et on filtre comme dans la préparation précédente, seulement ici on ne laisse le papier sur l’albumine qu’une demi-minute. On le pend alors; pour le sécher, ce qui a lieu en six ou huit minutes; on le dépose ensuite sur un vase contenant 25 parties de nitrate d’argent et 100parties d’eau distillée. Le papier est laissé sur le bain au moins six minutes, ensuite séché à plat, comme nous l’avons décrit dans notre communication précitée du mois de janvier 1847. »
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