1843 28 de Agosto | Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences T. Nº. Pag. 480, 481, 482 | PHOTOGRAPHIE. - Des phénoménes qui déterminent la formation de l’image daguerrienne; par M. le docteur Belfield-Lefèvre.
« La couche iodurée qui doit recevoir l’image de la chambre noire est formée de deux couches superposées et distinctes: une couche superficielle essentiellement composée d’un carbure d’hydrogène ioduré, contenant, à l’état de combinaison ou de condensation, une quantité plus ou moins notable d’oxygène, et une couche profonde essentiellement formée d’iodure d’argent. » L’action de la lumière sur ces deux couches est successive et distincte: elle agit sur la première en l’oxydant et en la transformant ainsi en une résine iodurée pulvérulente; elle agit sur la seconde en la réduisant, à l’aide de la couche résineuse superposée, à l’état de sous-iodure insoluble. Ainsi, les deux hypothèses principales qui ont été avancées pour expliquer la formation de l’image daguerrienne seraient toutes deux également fondées: l’une, qui veut que la couche impressionnable soit trouée, déchirée, persillée par l’action de la lumière pour permettre à la vapeur du mercure d’atteindre à la surface de l’argent; l’autre, qui explique la formation de l’image par la formation locale de mélanges en proportions différentes d’iodure et de sous-iodure d’argent. « L‘œuvre de la lumière peut donc être divisée en deux périodes bien distinctes: pendant la première période, elle oxyde la couche organique; elle réduit le sel métallique pendant la seconde. Il est évident, dès lors, que l’image sera d’autant plus promptement formée que la couche organique sera de nature plus facilement oxydable, et que la substance dont on aura fait choix pour opérer, sous l’influence de la lumière, la réduction de l’iodure d’argent, aura pour l’iode des affinités plus puissantes. « Toutes choses égales d’ailleurs, l’image se formera d’autant plus rapidement que la couche organique se rapprochera plus complétement de la composition du carbure d’hydrogène, qu’elle sera étendue en pellicule plus mince à la surface de la plaque, et qu’elle sera plus complétement saturée d’oxygène absorbé. L’acide nitrique, dont M. Daguerre vient de signaler l’action, agit exclusivement comme élément oxydant; il en est de même de l’acide nitreux et vraisemblablement aussi du deutoxyde d’azote, car l’on sait, depuis les expériences de Priestley, que les huiles volatiles absorbent avec avidité le gaz oxyde nitrique avec l’oxygène duquel elles se combinent. Ainsi, si la couche organique est imparfaitement ou inégalement oxygénée, l’exposition de cette couche à l’action des vapeurs nitreuses aura un résultat marqué sur la formation de l’image; mais, dans le cas où cette couche serait déjà saturée d’oxygène, les vapeurs nitreuses n’auraient d’action qu’en détruisant entièrement la faculté de former image. « Lorsque l’on expose la couche iodurée à la vapeur du brome, celle-ci est absorbée: une première portion se combine avec le carbure d’hydrogène en déplaçant une quantité équivalente d’iode qui se dégage; une deuxième portion se combine avec l’iode libéré et forme un bromure iodeux. C’est à cette libération de l’iode qu’il faut attribuer le changement de couleur que détermine l’absorption du brome, et c’est la présence de cet iode libre qui explique pourquoi l’on peut exposer impunément la plaque iodurée à l’action de la lumière avant de la soumettre à l’influence du brome, le sous-iodure formé par l’action de la lumière étant de nouveau transformé en iodure par l’action du brome. Mais on sait aussi qu’il y a, pour cette exposition préalable à la lumière diffuse, une limite qu’on ne peut pas dépasser: c’est que l’action du brome, qui peut rétablir la composition de la couche profonde, ne peut pas réintégrer l’organisation de la couche superficielle. « La transformation, sous l’influence de la lumière, du carbure d’hydrogène bromuré et saturé d’oxygène en une résine pulvérulente, parait être extrêmêment rapide. Il est probable que l’oxygène absorbé se combine et qu’il y a formation simultanée et dégagement d’acide carbonique et d’acidhydrobromique. D’un autre côté, la réduction de l’iodure d’argent en sons-iodure sous l’influence combinée de la lumière et du bromure iodeux est pres-que instantanée, l’iode libéré faisant passer le bromure iodeux à l’état de bromure iodique. C’est à cette double action sur l’une et l’autre couche qu’il faut attribuer la puissance accélératrice du brome. « Ainsi, pour des surfaces égales, la quantité de brome que devra absorber une plaque iodurée dépendra essentiellement, et surtout, de la composition chimique, de l’épaisseur et du degré d’ioduration de la couche superficielle. C’est pour cela qu’il est possible de soumettre la couche sensible à l’action accélératrice du brome avant d’en avoir terminé l’ioduration, ce qui serait évidemment impossible si la quantité de brome absorbé devait dépendre, soit de l’épaisseur de la couche d’iodure d’argent, soit de la quantité d’iode libre qui y serait condensé. « Lorsque la couche iodurée est exposée à l’action d’un excès de brome, celui-ci, au lieu de se substituer à l’iode dans sa combinaison avec le carbure d’hydrogène, réagit sur ce composé pour donner naissance à quelqu’un de ces nombreux produits qui résultent de l’action des éléments oxydants ou des corps halogènes sur des huiles essentielles. Alors la transformation de la couche superficielle en une résine pulvérulente, sous l’influence de la lumière, ne peut plus s’effectuer: les vapeurs du mercure n’atteignent plus la couche profonde, et l’image n’apparaît plus qu’imparfaitement et comme couverte d’un voile. On conçoit dès lors pourquoi la formation du voile de brome n’est pas un indice certain du degré d’impressionnabilité de la couche sensible, ce phénomène étant dû à une réaction du brome sur la couche organique, et la composition de cette couche organiqué pouvant être essentiellement différente. Au reste, l’iode lui-mêine dans certaines circonstances, le chlore, le brome, le cyanogène , et les acides nitrique et nitreux peuvent tous donner naissance à ce phénomène désigné sous le nom de voile du brome. « Les réactions de la chambre à mercure nous paraissent être celles que MM. Choiselat et Rate1 ont si bien décrites. Toutefois nous ferons remarquer que, suivant nous, il ne se formerait pas d’iodure de mercure dans les noirs, l’iodure d’argent étant là protégé par la couche superficielle encore intacte. Nous ajouterons que l’image est d’autant plus longue à paraître que cette couche superficielle est plus épaisse, et que la formation de deutoiodure rouge de mercure est d’autant plus abondante que cette couche a été plus complétement saturée d’iode libre. « La sensibilité de la couche impressionnable, préparée en se conformant aux indications que nous venons de donner, est bien certainement cent fois plus grande que la sensibilité de la couche iodurée de M. Daguerre: c’est-à-dire que, dans les circonstances de lumière, d’appareil et d’objet où M. Daguerre comptait trois minutes d‘exposition, deux secondes peuvent aujourd’hui suffire. Pour préciser davantage encore, nous dirons qu’à Paris, avec la chambre noire de M. Daguerre , du 1er mai au 1er septembre, de dix heures à deux heures, par un ciel bleu et par le plein soleil, le temps d’exposition à la chambre noire devra toujours être compris entre trois et six secondes. En dehors de ces limites ce ne sont pas des anomalies dans l’action de la lumière, mais des défauts dans la sensibilité de la préparation qu’il faut accuser. « Enfin, quant à la proportionnalité de la réaction chimique à l’intensité de l’action lumineuse, elle est déjà suffisante, ainsi qué 1’Académie s’en pourra convaincre, pour que le modelé de la végétation verte puisse être rendu avant que les grandes lumières ne soient dépassées. » |
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domingo, 6 de dezembro de 2009
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
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