1839 20 de Agosto | JOURNAL DES DÉBATS politiques et littéraires 1ª. pag. e segts. | Feuilleton du Journal des Débats _______________
ACADÉMIE DES SCIENCES Exposition du daguerrotype
C´était, on le conçoit, jour de solennité à l’Institut ; l’Académie des Sciences et l’Académie des Beaux-Arts s’étaient réunies pour entendre l’exposition, faite para M. Arago des procédés de M. Daguerre, dont on s’entretient avec tant d’intérêt dans le monde depuis huit ou dix mois ; les résultats que l’on avait vus de cette importante découverte, inpiraient une vive curiosité d’en connaître le secret, et cee secret touchant à la fois aux intérêts des arts et à ceux de la science, un nombreux public, composé d’artistes, de savants et d’amateurs, se pressait aux portes de l’Institut, trois heures avant l’ouverture de a séance ; dans cet empressement auquel l’Académie n‘est point accoutumée, on pouvait craindre qu’il n’y eût quelque désordre ; mais les mesures avaient été si bien prises, que tout le monde, au moins tout ce qui a pu entrer dans la salle, a pu voir et examiner à son aise les produits du Daguerrotype, et entendre les développemens dans lesquels est entré M. Arago. Trois tabeaux exécutés par les procédés de M. Daguerre étaient exposés comme échantillons ; ces tableaux ont sans doutebété fort admirés ; mais ce n’était pas la l’objet important de la séance ; deux d’entre eux étaient connus, et personne ne doutait de la perfection des résultats obtenus par M. Daguerre lui-même ; on savait qu’entre ses mains son invention était arrivée au plus haut degré de perfection. Mais ce que l’on était avide d’entendre, c’était la révélation du secret si bien gardé jusqu’ici par les hommes auxqels il avait été confié, que pas un soupçon fondé n’avait transpiré a ce sujet dans le public, et de pus on éprouvait une curiosité quelque peu maligne de voir si l’invention répondait dans ses détails aux pompeux récits que l’on en avait faits, aux merveilles que l’on en racontait. Quelque fût l’admiration générale pour les délicieux petits tableaux imprimés par la lumière elle-même sous la direction de M. Daguerre, et la modicité du prix accordé par la natio à une découvete que l’Europe nous envie et qu’elle a fait tant d’éfforts pour nos ravir, on se demandai déjà si les faits seraient au niveau des promesses et de l’attente générale, et s’il n’y avait pas dans la révélatin du secret quelque déception imprévue par cette foule d’amateurs quise flatient déjà de produire à volonté des chefs-d’œuvre et de rivaliser avec les plus grands peintres, de les surpasser même doans la reproduction des œuvres de la nature, avec un simple appareil acheté chez Giroux ou chez Charles Chevalier. Il serait si commode de se dispenser du travail et des laborieuses ´tudes qui font l’artiste, et de pouvoir acheter un peu de génie à prix d’argent ! Dieu merci ! les prétentions des contribuables qui croient avoir assez bien payé de leurs deniers l’inention de M. Daguerre, pour avoir le droit de faire aussi bien que lui sans se donner aucune peine, ne seont pas satisfaites, et pourtnt nous n’avons rien à rebattre de l’admiration générale pour cette découverte ; nous pouvons même affirmer dés à présent et sans crainte d’être démentis, qu’elle surpasse en merveilleux, par ses combinaisons singuluères et ses conditions mystérieuses, tout ce que l’esprit le plus pénétrant avait pu imaginer jusqu’ici. Il a certainement fallu une étonnante sagacité, un instinct bien rare, un génie tout parsiculler de recherche et d’invention en même temps qu’une persévérance infatigable, pour arriver á rapprocher et à combiner tant de circonstances si éloignées les unes des autres. Nous sommes convaincus que tous les savants réunis de l’Europe, chimistes et physiciens les plus habilles, auxquels on eût donné un pareil problème à résoudre, n’y seraient pas parvenus en dix ans ; mais c’est qu’aussi il ne s’agit pas de sience en cette occasin, et tous les procédés scientifiques auraient plutôt écarté du but de ceux qui se seraient laissé guider par les seuls principes de la science, qu’ils ne les y auraient conduits. M. Arago entre en matière par un exposé historique des principaux points de la science relativement à l’action chimique de la lumière sur diverses substances ; il rappelle que dès l’année 1566 l’influence des rayons lumineux sur l’argent corné (chlorure d’argent), est indiquée dans l’ouvrge de Fabricius ; lefameux chimiste suédois Schéele a fait ensuite des expériences avec la spectre solaire sur cette même composition, et il a démontré que le rayon rouge colorait à peine la matière, tandis que le maximum d’effet était produit par le rayon violet. Depuis on a découvert un fait encore plus curieux : on s’est assuré qu’audelà des rayons colorés du spectre solaire il existait des rayons invisibles capables de produire les actions chimiques relativement plus intenses, de telle sorte que l’on est aujourd’hui conduit à admettre dans la lumière blanche un mélange de rayons lumineux et de rayons chimiques, doués au plus haut degré du pouvoir d’agir chimiquement sur les corps, quoique ces rayons soient par eux-mêmes invisibles. Ces principes étaient nécessaires à rappeler avant d’arriver á la description particulière des procédés de M. Niepce et de M. Daguerre. Maintenant il faut savoir ce que c’est la chambre noire dont l’invention est due à l’italien Joperta ; cet instrument n’est autre chose que la première moitié d’une lunette ordinaire ; dans une lunette telle que celle dont on se sert au spectacle, l’image extérieure est transmise amplifiée au moyen d’un verre opposé à l’ œil (verre objectif), et vient pour ainsi dire se peindre en un certain poit du corps de la lunette ; l’ œil le voit au travers du verre auquel il s’applique (verre oculaire), comme il ferait avec une loupe qui augmenterait encore ses dimensions ; dans ce cas l’image n’est pas matérielle ; mais si on supprime le verre oculaire et que l’on reçoive l’image sur un écran placé précisément au point où elle se forme, en donne un corps à cette image et on la voit peinte avec tous ses détails et toutes ses couleurs sur l’écran ; telle est la disposition de ce que l’on appele la chambre obscure, et cet au moyen d’une pareille disposition que l’on nous montre le curieux spectacle des objets extérieurs venant se peindre avec toutes leurs nuances sur un écran placé au milieu de la chambre noire où ils sont transmis par une lentille ; l’invention de MM. Niepce et Daguerre consiste à fixer ces images sur le tableau qui les reçoit. Cette invention, avant d’arriver au point où nous allons la voir, a subi bien des phases et bien des perfectionnements divers. Dans les premiers essais, on a dû naturellement songer à placer au foyer de la chambre noire, sur l’écran lui même, une couche de chlorure d’argent ; cette préparation, si sensile à l’action de la lumière, était influencée et colorée au brun proportionnellement à la quantité de rayons lumineux tombant sueses différens points. En effet, les parties fortement éclairées, passaient bientôt au brun foncé, tandis que les parties ombrées se conservaient intactes, les demi-teintes subissant une actio intermédiaire ; mais de cette manière on voit que les effets étaient précisement opposés à ce qu’ils sont dans la nature ; en effet, le chlorure d’argent ayant la propriété de brunir sous l’influence des rayons lumineux, les parties étaient d’autant plus sombres qu’elles étaient plus fortement frappées par la lumière, tandis que les points sostraits au soleil par l’ombre des objets, demeuraient plus ou moins blancs ; en un mot, les clairs se peignaient par des noirs, et les ombres par des clairs d’intensité proportionnée au degré de ces ombres. C’était là, comme on le conçoit, un grand défaut auquel il fallait nécessairement remédier, si l’on voulait produire des effets vraiment utiles et agréables. De nombreuses tentatives ont été faites pour appliquer ce procédé à la reproduction des gravures; en plaçant une gravure sur une feuille de papier enduite de ta préparation, et l'exposant au soleil, la lumière ne tardait pas à réagir à travers la gravure, et son influence était variable suivant qu'elle frappait sur les parties ombrées, sur les parties claires et sur les demi-teintes; c'était donc toujours le même inconvénient. Wegwood et Davy ont fait différentes applications de cette méthode, et le physicien Charles faisait dans ses cours des silhouettes par ce procédé. La premier perfectionnement auquel est parvenu M. Niepce, a été de rendre la nature telle qu'elle est sous le rapport des ombres et des clairs, et de remplacer les effets renversés dont nous venons de parler, par des effets en harmonie avec les phénomènes de la lumière ; c'était la un grand point, un fait fondamental dans l'application qu'il tentait de l’action chimique des rayons lumineux ; pour obtenir ce résultat il fallait évidemment employer un fond noir susceptible d’être décoloré par la lumière en raison de l’intensité avec laquelle elle vient frapper les différens points du tableau ; on devait procéder comme font les artistes dans le genre de gravure où ils produisent les clairs et les demi-teintes en enlevant plus ou moins de la couche noire préalablement étendue sur la planche. C'est à l’aide d'une préparation obtenue avec le bitume de Judée sec et dissout dans l'huile de lavande que M. Niepce a fait ses premiers essais et obtenu ses premiers succès ; il parvint en outre à soustraire sa préparation à l'action ultérieure de la lumière, de manière à pouvoir conserver les empreintes qu'il avait produites; jusque-là ces empreintes ne pouvaient pas même être vues, puisque du moment où on les exposait à la lumière pour les regarder tout s'effaçait en prenant une teinte uniforme.Enfin, un troisième point, le plus curieux, le plus inattendu, qui a dû singulièrement exercer la sagacité de M. Niepce et qui joue encore le plus grand rôle dans les effets du Daguerrotype, est le suivant :Lorsque la de cuivre plaquée d'argent sur laquelle était étendue la préparation du bitume, avait été exposée à l'action de la lumière, l'empreinte des images était à peine sensible quoiqu'elle existât réellement comme on va la voir, et il a fallu un nouvel effort d'invention pour la faire apparaître aux yeux.Pour faire bien comprendre le phénomène que nous allons décrire, nous le comparerons à ce qui se passe dans la fabrication du moiré métallique ; ces effets de moire tiennent, comme on sait, à la cristallisation de la couche d'étain que l'on étale à la surface du fer en l'étamant; cette cristallisation n'apparaît pas tant que l'on n'enlève pas, au moyen d'un acide, la première couche d'étain qui a cristallisé confusément en se refroidissant trop rapidement au contact de l'air. Eh bien ! l'image imprimée par les rayons lumineux sur la préparation de M. Niepce a besoin, pour se produire aux yeux, de subir l'action d'un nouvel agent, et cet agent était l'huille de pétrole dans les essais de l’auteur; l'huille de pétrole, à ce qu'il paraît, a la propriété d'attaquer et de dissoudre les points de la surface métallique qui ont été préservés par les ombres de l'action de la lumière, tandis qu'elle est sans influence sur les points frappés par las rayons du soleil ; on voit alors l'image sortir do la couche où elle était cachée, et il suffit de laver la plaque pour la soustraire à l'action ultérieure de la lumière.C'est ainsi que la merveilleuse invention qui va bientôt nous apparaître dans tout son éclat marchait peu à peu vers son but ; mais la préparation de M. Niepce ne donnait encore que des résultats fort imparfaits, et de plus elle était si peu sensible, qu'il fallait quelquefois exposer l'objet pendant trois jours au foyer de la chambre noire pour l'imprimer d'une manière suffisamment distincte.C'est à ce point que M. Daguerre a pris cette invention qui devait bientôt subir entre ses mains de si importantes modifications, qu'il devait pour ainsi dire se s'approprier et qui allait environner son nom d'une si grande renommée. Occupé lui-même d'essais du même genre, il préludait à sa belle découverte par des expériences de peu d'intérêt pour nos lecteurs et que nous omettrons pour arriver de suie au résultat définitif. Qu’il nous suffise de dire que ses essais sont devenus de plus en plus subtiles, et qu’entre ses mains habiles ils ont consisté à employer des matières non plus à l’état grossier et palpable, mais à l’état de vapeur, jusqu’à ce qu’enfin la matière devenant de plus en plus insaisissable, il est arrivé à un point où elle ne tombe plus pour ainsi dire sous nos sens, où elle échappe à l’appréciation de nos instruments les plus délicats ; c’est, en un mot, par l’action combinée de deux vapeurs dans des proportions d'une incalculable tenulté qu'il a réussi à produire les merveilleux résultats que nous connaissons.
Description du procédé actuel de M. Daguerre.
Une tablette de cuivre plaquée d'argent est d'abord soigneusement décapée à l'aide d'une solution d'acide nitrique qui enlève toutes les matières étrangères répandus à sa surface, et en particulier les dernières traces de cuivre que la feuille d'argent peut contenir, ainsi que l'a constaté M. Pelouze ; ce décapage demande des soins particuliers et minutieux, et le frottement que l'on exerce pour aider l’action de l'acide doit être pratiqué non pas toujours dans le même sens, mais dans une certaine direction M. Daguerre a observé que le cuivre plaqué d'argent produit de meilleurs résultats que l'argent pur, ce qui fait supposer, dit M. Arago, que l'action voltaïque n'est pas étrangère dans ce phénomène. Après cette première préparation, la lame métallique est exposée dans une boîte fermée à la vapeur de l'iode, avec des précautions toutes spéciales; ainsi une petite quantité d'iode est déposée au fond de la boîte et séparée de la feuille de métal par une gaze légère, afin de tamiser pour ainsi dire la vapeur et de la répandre uniformément ; cela ne suffit pas encore; des essais multipliés ont appris à M. Daguerre ce que toute la science du monde n'eût pas fait deviner ; il est nécessaire d'encadrer la tablette de plaqué dans une petite bordure métallique, sans quoi la vapeur d'iode se condence en plus grande quantité sur les ords que dans son centre, et tout le succès de l’opération dépend de la parfaite uniformité de la couche d’iodure d'argent qui se produit ; la feuille de cuivre plaquée doit rester exposée à la vapeur d'iode un temps suffisant, ni trop ni trop peu, et ce moment est indiqué par la couleur jaune que prend la plaque. M. Dumas ayant cherché à apprécier l'épaisseur de cette couche d’iode, et assuré qu'on ne pouvait pas l'estimer à plus d’un millionième de millimètre ! C'est la un infiniment petit que notre esprit n'est pas plus apte à se figurer qu'il ne conçoit l'immensité des cieux, l’éternité du temps ou l'infini de l'espace. La feuille de plaqué, ainsi disposée, est portée dans la chambre noire en la préservant soigneusement du moindre contact de la lumière; elle est en effet tellement sensible à cette action, qu'un dixième de seconde est plus que sufisant pour l'impressionner. Un mécanisme très simple permet de placer immédiatement la plaque au foyer de la chambre noire. Au fond de cette chambre, que M. Daguerre a réduite à de petites dimensions, est un verre dépoli qui peut avancer ou reculer jusqu’à ce que l'image extérieure vienne s'y peindre d'une manière parfaitement nette et distincte. La plaque métallique est alors substituée au verre dépoli et reçoit l’impression de l’image. En très peu de temps l'effet est pro- duit et la feuille de plaqué peut être retirée. Dans cet état, c’est à peine si l'image s'aperçoit à la surface; elle doit subir l'action d’une seconde vapeur pour apparaître et prendre véritablement naissance. C'est, chose singulière et inattendue, la vapeur da mercure qui va lui donner la vie. Et comme tout doit être mystérieux dans ce phénomène, la tablette métallique ne se prête convenablement à l’influense de l'atmosphère mercurielle que sous un certain angle. Elle est donc enfermée dans une troisième boite au fond de laquelle est placé une petite cuvette remplie de mercure. Si le tableau doit être vu dans la position verticale où se placent ordinairement les gravures, c'est sous un angle d’environ quarante-cinq degrés qu'il doit recevoir la vapeur du mercure ; si au contraire on voulait, par caprice, le considérer inclinée sous ce même angle, il devrait être disposée horizontalement. N'oublions pas de dire que l'émanation de mercure a besoin d'être excitée par une température de soixante degrés Reaumur. Après ces trois opérations après ces trois sortes d'incubation presque aussi miraculeuses que l'incubation de l'œuf d'où le poulet doit sortir vivant, le mystère est accompli ; il ce reste plus qu'à faire subir une espèce de baptême à ce nouvel être de création humaine, en le plongeant dans une eau d'hypo-sulfite de soude; cette dissolution attaque, dit-on, plus fortement les parties sur lesquelles la lumière n'a pu agir, et respecte au contraire les parties claires ; c'est l'inverse pour la vapeur mercurielle qui s'est exclusivement fixée sur les points frappés par les rayons lumineux en sorte que l'on pourrait peut-être penser que les clairs sont formés par un amalgame de mercure et d'argent, et les ombres par une sulfure da ce dernier métal aux dépens de la solution d'hypo-sulfite. Nous risquons beaucoup de nous tromper en donnant cette explication ; mais nous sommes fort à l'aise sous ce rapport ; car le champ est ouvert à toutes les suppositions après la déclaration formelle de M. Arago, faite en son nom et au nom des plus savants chimistes qui ont examiné la question ; cette déclaration n'est rien moins qu'un aveu complet d'impuissance de la part de la science combinée de la physique; de la chimie et de l'optique, de donner une théorie tant soit peu rationnelle et satisfaisante de ces phénomènes si délicats et si compliqués. L’image résultant de cette série d'opérations passablement diaboliques subit un dernier lavage à l'eau distillée pour acquérir cette stabilité qui permet de l'exposer à la lumière sans lui faire éprouver aucune altération. Après cette lumineuse et intéressante exposition, que nous cherchons à reproduire de notre mieux, M. Arago se demande quels perfectionnemens pourrait encore recevoir cette belle application de l'optique. On a parlé de fixer non seulement les images, mais de reproduire leurs couleurs naturelles. Ce résultat parait, sinon impossible, du moins bien difficile à réaliser, et M. Daguerre n’espère pas que l’on y parvienne à l’aide de ses préparations ; toutefois il est juste de dire, quelque merveilleux et incroyable que paraisse cet effet, que dans des essais faits au moyen du spectre solaire, on a vu la coloration bleue sortir du rayon bleu, la couleur orangée sortir du rayon orangé, et ainsi de suite. Sir John Herschel s'est assuré que le rayon rouge est seul sans action. Maintenant serait-il possible de faire des portraits avec cette méthode ? M. Arago ne craint pas d'avancer que cette question ne doive être résolue par l'affirmative, en dépit des deux difficultés en apparence insurmontables qui l'environnent. D'une part en effet l'immobilité est une condition indispensable du succès de cette opération, et de l'autre cette immobilité est impossible à obtenir sous l'influence de la vive lumière à laquelle on est obligé d'exposer la figure et qui détermine nécessairement le clignotement des yeux ; mais M. Daguerre s'est assuré que l'interposition d'un verre bleu n'arrête en rien l'action de la lumière sur sa préparation, et ce verre préserve suffisamment la vue de l'influence des rayons lumineux ; quant à la tête, il est facile de la fixer pendant une seconde au moyen d'un appareil qui l'embrasse et la soutient. Nous regrettons que la solution de cette question n'ait pas été donnée par le fait, toujours plus certain en pareil cas que le raisonnement. Un autre perfectionnement plus important, à notre avis, qu'il serait bien désirable d'obtenir, consisterait à rendre l'image inaltérable au frottement ; la matière des tableaux exécutés par le Daguerrotype est en effet si peu solide, elle est si légèrement déposée à la surface de la lame métallique, que le moindre frottement l'enlève comme celle d'un dessin à l'estompe ou d'un pastel; ces tableaux ne peuvent donc être conservés que soigneusement recouverts d'une glace ; de là, comme on le conçoit, résultent des inconvéniens notables pour l'usage da Daguerrotype en voyage ; mais nous pensons que ce perfectionnement est un de ceux auxquels de nouveaux essais permettront d’arriver, soit à l'aide d'un vernis, soit par quelque autre moyen. En faisant ses nombreuses expériences relatives à l'action exercée par la lumière sur les diverses substances. M. Daguerre s'est assuré que le soleil n'agit pas également bien à toutes les heures du jour, même en prenant les instans où sa hauteur est la même au-dessus de l'horizon ; ainsi son effet est plus satisfaisant à dix heures du matin qu'a deux heures de l'après-midi; on voit par là que le Daguerrotype devient an instrument d'une sensibilité exquise pour mesurer les intensités diverses de la lumière ; or, c'était là un point qui offrait jusqu'ici les plus grandes difficultés en physique. Il est assez facile de mesurer la différence d'intensité de deux lumières considérées simultanément; mais quand il s'agit de comparer une lumière du jour avec une lumière qui se produit pendant la nuit, celle du soleil et de la lune, par exemple, les résultats n'offrent aucune précision. La préparation de M. Daguerre est influencée même par la lumière de la lune, à laquelle tous les procédés tentés jusqu'ici restaient insensibles, même en la concentrant au moyen d'une forte lentille. Ne pourrait-on pas trouver dans la singulière modification que la lumière solaire semble éprouver à certaines heures du jour de la part des émanations qui se répandent dans l’atmosphère, l'explication d'un phénomène particulier aux tableaux et que les peintres ont de tout temps remarqué; on sait que l'aspect de certaines peintures n'est pas le même le matin ou dans l'après-midi, et c'est 1a une des tribulations des artistes ; M. Daguerre attribue cet effet aux modifications apportés dans le vernis par la lumière, qui varient avec la marche du soleil, et que l'ombre de la nuit annule et fait disparaître. Il serait impossible de prévoir toutes les applications qu'un nouvel instrument aussi sensible que le Daguerrotype peut recevoir dans les expériences de physique ; néanmoins on peut dès à présent indiquer quelques unes de ses applications les plus immédiates ; indépendamment de celles dont nous venons de parler pour la photométrie M Arago signale quelques uns des phénomènes les plus abstraits offerts par le spectre solaire ; on sait par exemple que les divers rayons colorés sont séparés par des lignes noires transversales indiquant une absence de ces rayons en certains points; eh bien ! y a-t-il de même des solutions de continuité dans, les rayons chimiques ? Il s’agira tout simplement pour résoudre cette question d’exposer une plaque de M. Daguerre à l’action d’un spectre ; on verra par cette expérience si l’acion de ces rayons est continue ou si elle est interrompue par des espaces libres. Enfin, pour terminer cette longue exposition à laquelle le nombreux auditoire de l'Académie a prêté une attention soutenue, nous dirons que M. Dumas, ayant soumis les tableaux de M. Daguerre à l'inspection microscopique, a observé dans toutes les parties claires des sphérules blancs d’un huit-centème environ de millimètre. La correspondance de l'Académie a présenté quelques faits curieux dont nous devons rendra compte : M. Pambour a substitué dernièrement sur un chemin de fer en Angleterre, des roues d’un grand diamètre aux roues ordinaires d’un petit rayon ; la vitesse que la locomotive a acquise par cette modification a été de vingt-deux lieues un tiers par heure !
M. ARAGO présente, de la part de M. Levasseur, une étoffe remarquable, fabriquée par une espèce de chenille, en Moravie ; cette étoffe, d’une finesse extrême, sert à ces insectes à envelopper des arbres entiers qui n’ont pas quelquefois moins de quarante-cinq pieds de haut. Il paraît résulter des observations de M. Quetelet, sur les étoiles filantes, que la nuit du 10 au 11 août offre, comme celle du 12 au 13 novembre, le retour périodique d’un grand nombre de ces météores lumineux. Dr Al. Donné |
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segunda-feira, 28 de junho de 2010
1839, 20 de Agosto - JOURNAL DES DÉBATS POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
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